Sans âme (Le protectorat de l’ombrelle T1) – Gail Carriger

Lecture commune
avec

 

Titre original : Soulless
Le Livre de Poche, 2009, 425 pages

 
Les premières phrases :

Mademoiselle Alexia Tarabotti n’appréciait pas sa soirée. Un bal privé n’est jamais que moyennement distrayant pour une vieille fille et mademoiselle Tarabotti n’était pas du genre à en tirer beaucoup de plaisir.

 
L’histoire :

(j’ai exceptionnellement décidé de plagier la quatrième de couverture, par pure fainéantise)
Miss Alexia Tarabotti doit composer avec quelques contraintes sociales. Primo, elle n’a pas d’âme. Deuxio*, elle est toujours célibataire. Tertio, elle vient de se faire grossièrement attaquer par un vampire qui ne lui avait même pas été présenté ! Que faire ? Rien de bien, apparemment, car Alexia tue accidentellement le vampire. Lord Maccon – beau et compliqué, écossais et loup-garou – est envoyé par la reine Victoria pour démêler l’affaire. Des vampires indésirables s’en mêlent, d’autres disparaissent, et tout le monde pense qu’Alexia est responsable. Mais que se trame -t-il réellement dans la bonne société londonienne ?
* Vous noterez le français plus qu’approximatif de l’auteur de ce résumé…

 

L’opinion de Miss Léo :

 

Sans âme m’a été offert par Filipa lors du swap victorien. J’avais très très très envie de le lire, intriguée par les critiques dithyrambiques publiées par de nombreuses blogueuses, toutes tombées sous le charme de la délicieuse Alexia Tarabotti et du ténébreux Lord Maccon. Je remercie donc Filipa de me l’avoir envoyé.

 

Mon avis sera malheureusement nettement moins enthousiaste. Je suis très embêtée, car je suis loin d’avoir ressenti un engouement similaire pour ce roman, malgré un préjugé plus que favorable. Petite consolation : je l’ai lu en même temps que copine Shelbylee (ma jumelle cosmique de blog), dans le cadre d’une lecture commune improvisée. Il semblerait que son avis soit aussi mitigé que le mien. J’attends avec impatience de découvrir son billet !

 

Commençons par les points positifs (il y en a).

 

Gail Carriger a le bon goût de situer son intrigue dans le Londres victorien, dans une société ayant depuis longtemps intégré les surnaturels (les vampires et les loups-garous, NDLA). Les personnages évoluent dans un univers fantastique cohérent et réaliste, qui intègre les progrès technologiques de l’époque (dirigeables, utilisation de l’électricité, automates). Il paraît que l’on appelle cela du steampunk… Je n’avais encore jamais entendu ce terme il y a de cela deux mois. Si vous êtes comme moi dans l’ignorance la plus totale, voici ce qu’en dit Wikipedia (pas le temps de chercher une source plus fiable).

 

Alexia Tarabotti est une héroïne séduisante, au caractère bien trempé, qui s’attire très vite la sympathie du lecteur. On suit avec plaisir les aventures de cette vieille fille de 26 ans, intelligente et cultivée, à la peau mate et à la poitrine voluptueuse, décidément bien loin des canons de beauté de l’époque, qu’incarnent à merveille ses deux demi-soeurs (de pâles créatures blondes rompues à l’art de la séduction, avec lesquelles Alexia ne s’entend guère). Impossible à marier, la jeune femme possède néanmoins d’autres atouts, qui lui permettront de s’assurer une place de choix dans cette société terriblement misogyne : elle est née sans âme, et peut par un simple contact annihiler les pouvoirs des vampires et autres loups-garous. Chouette ! Elle va pouvoir se taper Lord Maccon sans se faire mordre !

 

Lord Conall Maccon, mâle Alpha du château de Woolsey, est un séduisant loup-garou débraillé, mal luné (hahaha) et susceptible, dont les têtes-à-têtes avec Alexia se transforment inévitablement en de longues joutes verbales (assez savoureuses il est vrai). Tiens, tiens… Deux personnages principaux antagonistes mais sexys, qui passent leur vie à se chamailler… Finiront-ils par céder à leur attraction mutuelle ?? Suspense !!! Non, je déconne.Le professeur Randolph Lyall, Bêta du comte de Woolsey, se montre bien plus posé et rationnel que son Alpha, dont il semble deviner les moindres pensées. J’aime bien ce personnage, qui ne joue pourtant qu’un rôle très secondaire dans l’intrigue.
 

J’aime beaucoup cette couverture !

 

Oui, mais…
 

N’étant familière ni avec le steampunk ni avec la bit-lit (qui ne m’attirent pas plus que ça), je me disais que ce serait l’occasion ou jamais de découvrir ces deux genres sur un mode parodique (avec un bon livre qui plus est). Je suis restée sur ma faim, Soulless n’étant en réalité qu’une romance assez banale entre un loup-garou et une vieille fille en manque de sexe. Le reste n’est qu’un prétexte, et l’époque victorienne est finalement assez peu exploitée.

 

Alors bien sûr, ça se lit vite, et ce n’est pas trop fatigant pour les neurones. Une lecture fluide et plutôt plaisante, au cours de laquelle je me suis pourtant un peu ennuyée. L’intrigue, mince comme du papier Joseph (utilisé en chimie pour essuyer les électrodes de pH, NDLA), peine à décoller, et n’a rien de palpitant. J’ai eu beaucoup de mal à rentrer dans l’histoire, que j’ai trouvée poussive et sans grand intérêt. Je veux bien admettre que l’on ne lit pas ce genre de livre pour l’intrigue, mais je trouve particulièrement dommage que l’auteur n’ait pas davantage cherché à développer le scénario.

 

Pour résumer : les scientifiques veulent exterminer les surnaturels. Normal, ils sont très méchants et très cruels ! Heureusement, Alexia et Lord Maccon restaureront la paix et l’équilibre de la Force dans la Galaxie. Euh… Pardon… Je dois confondre… Je disais donc : Alexia et Lord Maccon sauveront le gentil vampire tombé aux griffes des méchants scientifiques !
J’ai trouvé les échanges entre Lord Maccon et Alexia trop répétitifs et artificiels. Ils se comportent toujours de la même façon, et ne sont pas très crédibles. Certaines scènes sont même carrément tirées par les cheveux ! Peut-être ne suis-je pas suffisamment familière des us et coutumes des loups-garous… Et pourtant ! On sent bien que l’intrigue n’est qu’un prétexte pour caser des scènes de sexe entre les deux héros, qui se sautent dessus à la moindre occasion. C’est probablement du second degré, mais la mayonnaise ne prend pas.

 

Alexia Tarabotti est certes un beau personnage, mais le filon de la jeune femme victorienne rebelle a déjà été largement exploité par ailleurs (cf Amelia Peabody et son ombrelle), tout comme les relations conflictuelles entre les deux héros (Amelia et Emerson, Hester Latterly et William Monk). Rien de nouveau sous le soleil : Alexia et Conall ne sont en réalité que des stéréotypes.

 
J’émets également quelques réserves concernant l’un des personnages secondaires, Lord Akeldama, un vampire dandy ami d’Alexia. Plus ridicule, tu meurs ! Tous les clichés y passent (c’est un peu La Cage aux Folles chez les vampires). J’ai déjà lu plus subtil…

 

L’entourage d’Alexia n’échappe pas non plus aux clichés : ses deux demi-soeurs semblent tout droit sorties de Cendrillon, et son “amie”, Miss Ivy Hisselpenny est incroyablement agaçante de niaiserie caricaturale. Je n’aime pas les romans dans lesquels les personnages secondaires ne sont là que pour servir de faire-valoir à l’héroïne.

 

On frise le grotesque avec l’intervention de la Reine, qui vient carrément frapper à la porte d’Alexia, comme ça sans prévenir ! Mais bien sûr.

 

Gail Carriger

 

Je suis méchante, mais mon billet est à l’image de ma déception. J’attendais beaucoup de ce livre, qui n’a malheureusement pas tenu toutes ses promesses. J’aurais préféré un vrai pastiche steampunk, plutôt que cette pâle romance non assumée. La prose de l’auteur n’est cependant pas désagréable, et certaines scènes sont même assez amusantes (ce qui explique pourquoi j’ai tout de même lu Sans âme jusqu’au bout). Carriger semble avoir voulu imiter le style de certains auteurs victoriens, ce qui introduit malheureusement quelques lourdeurs (du moins dans la traduction).

 

J’espère que personne ne se sentira agressé par ma critique !  Tout le monde a aimé, donc je me dis que je suis sans doute passée à côté de quelque chose. Peut-être n’étais-je tout simplement pas dans le bon état d’esprit. Je pense tout de même lire la suite (someday) : cela ne me demandera pas trop d’efforts, et je reste malgré tout attirée par cet univers victorien peuplé de vampires et de créatures assoiffées de sang. Je suis curieuse de voir comment évolueront les relations entre Alexia et Lord Maccon !Avis mitigé : une lecture facile et reposante, mais décevante par certains aspects.
 
D’autres avis plus positifs chez Mrs Figg, Céline, Méli et Filipa (pardon les filles !).

 

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Et hop, cinquième participation au Challenge Victorien d’Aymeline !
 

29 thoughts on “Sans âme (Le protectorat de l’ombrelle T1) – Gail Carriger

  1. Merci pour ta chronique. Mitigée, mais utile quand même. Je n'ai lu que des avis positifs (c'est pour ça que je l'ai acheté aussi)… bon bin me reste plus qu'à me faire mon avis maintenant!
    J'imagine que tu ne liras pas la suite.
    Ah oui, et comme toi, j'aime bien la couv' de l'édition pas de poche. Je la trouve mieux que celle de la version poche.
    La couverture m'a donné aussi envie de le lire (enfin même si j'ai acheté la version poche…)

    1. Je cède facilement à l'attrait d'une belle couverture ! J'espère que tu seras plus enthousiaste que moi. J'essayerai quand même de lire la suite (pas tout de suite, mais un jour).

  2. Tu en attendais peut-être trop. Ce qui est peut-être aussi mon cas. Mais grâce à ton avis, je vais en attendre moins et éviterai peut-être la déception 😉

    1. Merci ! Ce n'est effectivement pas une perte de mon point de vue, mais tellement de gens l'ont aimé qu'il vaut peut-être mieux se faire sa propre opinion. Je n'ai pas le monopole du bon goût. 😉

  3. Ah ben moi j'avais beaucoup aimé ! Néanmoins, les mauvais points que tu soulèves dans ta critique sont justifiés, et donc je ne me sens pas vexée du tout ^^
    Je crois que pour certains livres, il y a alchimie ou non, tout simplement !

    1. Tu as bien raison ! Je n'ai de toute façon pas à me justifier de mon (manque d')intérêt pour tel ou tel livre. Les goûts et les couleurs… Il n'empêche que je suis toujours embêtée de ne pas adhérer lorsque je sens de l'enthousiasme chez des gens proches ou des blogueuses que j'apprécie. Ce qui est ridicule, car il est parfaitement normal que nous n'ayons pas tous les mêmes goûts ni les mêmes envies ! 🙂

  4. Comme toi, j'avais très envie de découvrir ce livre suite aux nombreux commentaires positifs que j'ai pu lire. Mais j'ai commencé à le lire il y a 2 ou 3 jours, et je ne suis pas tellement emballée non plus… J'ai l'impression de retrouver dans ton avis mes propres impressions.
    Depuis que j'ai découvert l'univers steampunk lors d'un festival l'an passé, j'adore ! Mais il n'est pas vraiment exploité dans ce livre (du moins de ce que j'en ai pour l'instant lu) : il y a quelques références (notamment les lunettes bizarroïdes du professeur Lyall au tout début de l'intrigue, ou les dirigeables), mais sans plus. (le steampunk intègre les avancés technologiques de l'époque victorienne mais les pousse encore plus loin – parfois les ordinateurs existent… : c'est une uchronie en fait).
    Peut-être mon avis changera-t-il plus tard, mais c'est pas gagné…

  5. Ne t'excuse pas, Miss Léo : heureusement que l'on n'aime pas toutes les mêmes livres, ça serait d'un ennui mortel !!! Moi, j'avais beaucoup aimé et d'ailleurs j'attends que la suite sorte en poche (avec une moche couverture lol !) pour reprendre ma lecture de la série (d'autant plus que j'ai lu chez certaines bloggeuses que l'intrigue s'approfondit dans les tomes suivants).

    1. Oui, tu as raison, il en faut pour tout le monde et pour tous les goûts (d'autant plus qu'on peut très bien ne pas avoir les mêmes envies suivant le jour, l'heure, l'état nerveux etc). Je lirai probablement le deuxième tome un jour, pour voir comment l'intrigue évolue (il est vrai que le premier volume était essentiellement consacré à présenter les personnages et l'univers de la série).

  6. Tu t'en est pris à Lord Akeldama tu es mon héroïne ! Moi, je n'ai pas osé, je me suis dit que le pauvre vampire avait déjà assez souffert comme çà 😉 J'ai bien aimé Ivy qui a quand même été la seule à me faire sourire avec ses chapeaux et sa réflexion un peu coquine sur "on aimerait visiter la campagne" quand elle croise un paysan ou quelqu'un comme ca, car c'était au moins tout discret. J'avais zappé que c'était supposé être la quintessence de l'humour anglais, sinon je l'aurais mis dans mon billet parce que je n'ai quasiment jamais ri. Trop tard. Damn it ! Pour le contexte, je m'imaginais tout le temps qu'on était pendant la 2de Guerre mondiale, avec les nazis (eugénisme, pureté de la race, scientifiques méchants). Au moins en un seul billet avec toi, j'apprends quelque chose (ce qu'est le papier Joseph…)

    1. C'est vrai qu'Ivy a quelques bonnes répliques (que j'ai dû zapper par la suite tant le personnage m'énervait). Bien vu aussi pour la deuxième Guerre Mondiale ! Il n'y avait effectivement pas grand chose de victorien dans l'intrigue, qui aurait tout aussi bien pu se dérouler au XXème siècle.
      Pour la référence au papier Joseph, il faut savoir que je ne peux pas résister au plaisir d'étaler ma science dès que cela est possible. C'est de la déformation professionnelle !

  7. Troublée par l'émotion, j'ai fait une grosse faute au début de mon post. Je déteste qu'on ne puisse pas corriger ses commentaires !!!!

    1. Ouh, la honte ! 😉
      Moi aussi, ça m'agace. J'ai fait une énorme faute chez Titine tout à l'heure, et j'enrageais de ne pouvoir la corriger !

  8. Dommage ! Moi j'ai aimé aussi… j'étais dans une bonne disposition. La suite ? L'Alpha est moins présent.

  9. Et pourquoi t'excuser ? Comme l'a très bien Eiluned, avec "certains livres, il y a alchimie ou non". J'ai détesté "Quand j'étais Jane Eyre" alors que d'autres ont adoré (je n'ai lu vraiment aucun avis négatif sur le roman, c'est dire !)(alors que sur Sans âme, je sais qu'il en existe) C'est une question de ressenti personnel, tout simplement (et heureusement ! Le monde littéraire serait bien triste si tout le monde aimait la même chose, il n'y aurait plus de discussions, ni rien !)

    Bon, par contre, je voulais te conseiller "Les revenants de Whitechapel" mais vu que tu n'as point apprécié l'attitude de la Reine Victoria dans "Sans âme", je pense que je vais éviter ^^ (imagine donc cet affront: elle est encore vivante en novembre 1901 !)

    1. Voir ma réponse à Eiluned ! 🙂
      Je vais tout de même me renseigner sur "Les revenants de Whitechapel". Je suis prête à pardonner plein de choses à cette chère Vicky, à condition que le livre soit convaincant par ailleurs.

  10. Moi je l'avais trouvé sympathique, amusant et bien écrit, et je n'en attendais pas plus donc pas de déception ! Je pense que c'est une lecture à prendre au second degré. J'ai d'ailleurs lu avec le même plaisir le deuxième tome, que j'ai préféré au premier.

    1. Justement, j'espérais découvrir un texte parodique amusant et plein de second degré, mais j'ai trouvé que cela ne fonctionnait pas du tout, ou alors très ponctuellement au cours de certaines scènes. Je tenterai tout de même le deuxième tome pour voir.

  11. Ton billet reflète l'avis que je me faisais après lecture des différents billets. Cela me permettra de ne pas perdre de temps en lisant cette trilogie !!!

  12. En même temps si tout le monde aimait ce livre, ce serait un brin suspect. Je ne l'ai pas encore lu, mais je retiens une chose de ton avis c'est qu'il ne faut pas le lire pour le côté victorien de l'histoire.

    1. J'avais bien aimé sans être aussi enthousiaste que beaucoup de lecteurs. Je suis entrée dans l'histoire très vite et au début je me suis régalée avec l'humour sympathique et le personnage un peu décalé (qui n'a pas grand-chose à voir avec la couverture du Livre de poche d'ailleurs). Par contre j'ai été très frustrée par les scènes partant en sucette entre Alexia et son Lord, les scènes de bisous sauvages à répetition. Du coup j'hésite à lire la suite car je ne suis pas fan des romances pures et dures. Un billet lu il y a quelques jours m'a plutôt donné envie de retenter, j'espère juste que le 2e tome ne sera pas comme la fin du 1er, trop eau de rose pour moi… et pour toi aussi 🙂

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