Titre original : Secrecy
Traduction (anglais) : Sophie Aslanidès
Denoël & D’Ailleurs, Editions Denoël, 2013, 391 pages
La première phrase :
Il arriva un jour de novembre ; un vent froid balayait les champs gorgés d’eau.
L’histoire :
Florence, 1691. Zummo est sculpteur, spécialisé dans la création de statues de cire plus vraies que nature. D’origine sicilienne, il fuit son île natale et parcourt l’Italie en vivant de son art, avant d’atterrir en Toscane, pour y honorer une commande du grand-duc. Violence, machinations, superstitions : la vie à Florence n’est pas de tout repos, et l’existence de Zummo s’en trouvera à jamais bouleversée.
L’opinion de Miss Léo :
J’ai choisi ce livre dans la sélection d’automne des éditions Denoël, appâtée par une quatrième de couverture intrigante, ainsi que par l’excellent accueil réservé à Secrecy (son titre original) dans la presse britannique. Il s’agit du neuvième roman de l’écrivain Rupert Thomson, dont j’ai apprécié la plume fluide et sobre, qui plus est servie par une excellente traduction. L’auteur fait preuve d’une indéniable habileté narrative, qui contribue à relancer l’intérêt du lecteur jusqu’aux toutes dernières pages, malgré l’absence de découpage en chapitres (dont je craignais qu’elle ne soit un frein à ma lecture). Le récit n’est pas toujours linéaire, l’intrigue principale étant souvent entrecoupée de réminiscences du passé, mais aussi de divagations traduisant le cours des pensées de Zummo. Les souvenirs et les rêves se mêlent ainsi à la réalité présente, et il en résulte une ambiance particulière, au caractère quasi-onirique.Noces de Cire est peuplé de personnages attachants et hauts en couleur, complices ou antagonistes du héros, dont la personnalité demeure toutefois assez mystérieuse. Certains dissimulent de lourds secrets, qui seront révélés dans la dernière partie. D’autres oeuvrent dans l’ombre, et complotent sans relâche pour accomplir leurs sinistres desseins. La plupart d’entre eux n’apparaissent qu’en filigrane, disparaissant sans prévenir pour ressurgir quelques dizaines de pages plus tard, à l’occasion d’une nouvelle rencontre avec le sculpteur sicilien.
L’auteur nous invite à partager le quotidien de Zummo, dont le nom, la profession, le style artistique et les origines siciliennes sont inspirés de ceux du sculpteur Gaetano Julio Zumbo, dont je n’avais à dire vrai jamais entendu parler avant le mois dernier. Zummo nous entraîne à sa suite le long des ruelles étroites et des vastes couloirs palatins de la Florence des Médicis, et il est bien difficile de ne pas être séduit par la visite de cette vaste cité insalubre et violente, où nul n’est jamais totalement en sécurité. J’ai beaucoup aimé l’ambiance du roman, lequel se déroule dans un univers très sombre, peuplé de figures marquantes et souvent atypiques. Médecins et conseillers du grand-duc y côtoient aubergistes et barbiers chirurgiens, lesquels peinent encore à faire reconnaître leurs compétences. Le contexte historique est bien restitué, même s’il s’agit de toute évidence (et sans ambiguité) d’une oeuvre d’imagination, où apparaissent toutefois quelques personnages bien réels, comme le grand-duc de Toscane et son “épouse” Marguerite-Louise d’Orléans, cousine de Louis XIV. Rupert Thomson brosse quelques touchants portraits, comme celui de cet acrobate en disgrâce, ou encore celui de la petite Fiore, gamine espiègle et débrouillarde. C’est également à Florence, plus précisément à travers la vitrine d’une boutique d’apothicaire, que Zummo rencontre pour la première fois la belle Faustina, qui se révélera être l’un des pivots de l’intrigue. Parviendront-ils à vivre sereinement leur amour, ou bien celui-ci finira-t-il brisé par l’obscurantisme d’une société rongée par le poids des croyances et des superstitions, qui condamne les relations charnelles consommées en dehors des liens du mariage, et punit sauvagement les contrevenants ?
Rupert Thomson signe un récit original et débordant d’imagination, qui aborde de nombreux aspects intéressants, mais ne les développe pas suffisamment à mon goût. La création de sculptures de cire n’occupe ainsi qu’une place marginale dans l’intrigue, et j’ai regretté que l’auteur ne consacre pas davantage de scènes au passionnant processus créatif associé au travail de Zummo, lequel trouve son inspiration dans la mort et la décomposition des corps. Fascinant ! L’histoire en elle-même est assez terne, et je n’ai pas été franchement enthousiasmée ni impressionnée par le dénouement. Je suis restée légèrement sur ma faim, mais l’essentiel n’est pas là, et Noces de Cire me paraît surtout intéressant pour son contexte historique, ainsi que pour le style très imagé de l’auteur (qui excelle dans les descriptions), plutôt que pour l’intrigue en elle-même. L’écrivain brosse par petites touches impressionnistes le portrait d’une ville à un instant donné de son histoire : il prend le temps d’installer une ambiance, et écrit au rythme des pensées de son narrateur, sans chercher à enchaîner les péripéties à un rythme frénétique. J’ai passé un excellent moment, et je reste sur une très bonne impression, quelques semaines après ma lecture.
Une lecture très agréable, en immersion dans la Florence des Médicis.
L’auteur nous invite à partager le quotidien de Zummo, dont le nom, la profession, le style artistique et les origines siciliennes sont inspirés de ceux du sculpteur Gaetano Julio Zumbo, dont je n’avais à dire vrai jamais entendu parler avant le mois dernier. Zummo nous entraîne à sa suite le long des ruelles étroites et des vastes couloirs palatins de la Florence des Médicis, et il est bien difficile de ne pas être séduit par la visite de cette vaste cité insalubre et violente, où nul n’est jamais totalement en sécurité. J’ai beaucoup aimé l’ambiance du roman, lequel se déroule dans un univers très sombre, peuplé de figures marquantes et souvent atypiques. Médecins et conseillers du grand-duc y côtoient aubergistes et barbiers chirurgiens, lesquels peinent encore à faire reconnaître leurs compétences. Le contexte historique est bien restitué, même s’il s’agit de toute évidence (et sans ambiguité) d’une oeuvre d’imagination, où apparaissent toutefois quelques personnages bien réels, comme le grand-duc de Toscane et son “épouse” Marguerite-Louise d’Orléans, cousine de Louis XIV. Rupert Thomson brosse quelques touchants portraits, comme celui de cet acrobate en disgrâce, ou encore celui de la petite Fiore, gamine espiègle et débrouillarde. C’est également à Florence, plus précisément à travers la vitrine d’une boutique d’apothicaire, que Zummo rencontre pour la première fois la belle Faustina, qui se révélera être l’un des pivots de l’intrigue. Parviendront-ils à vivre sereinement leur amour, ou bien celui-ci finira-t-il brisé par l’obscurantisme d’une société rongée par le poids des croyances et des superstitions, qui condamne les relations charnelles consommées en dehors des liens du mariage, et punit sauvagement les contrevenants ?
Rupert Thomson signe un récit original et débordant d’imagination, qui aborde de nombreux aspects intéressants, mais ne les développe pas suffisamment à mon goût. La création de sculptures de cire n’occupe ainsi qu’une place marginale dans l’intrigue, et j’ai regretté que l’auteur ne consacre pas davantage de scènes au passionnant processus créatif associé au travail de Zummo, lequel trouve son inspiration dans la mort et la décomposition des corps. Fascinant ! L’histoire en elle-même est assez terne, et je n’ai pas été franchement enthousiasmée ni impressionnée par le dénouement. Je suis restée légèrement sur ma faim, mais l’essentiel n’est pas là, et Noces de Cire me paraît surtout intéressant pour son contexte historique, ainsi que pour le style très imagé de l’auteur (qui excelle dans les descriptions), plutôt que pour l’intrigue en elle-même. L’écrivain brosse par petites touches impressionnistes le portrait d’une ville à un instant donné de son histoire : il prend le temps d’installer une ambiance, et écrit au rythme des pensées de son narrateur, sans chercher à enchaîner les péripéties à un rythme frénétique. J’ai passé un excellent moment, et je reste sur une très bonne impression, quelques semaines après ma lecture.
Une lecture très agréable, en immersion dans la Florence des Médicis.
Merci aux éditions Denoël.
Je ne l'ai pas encore commencé mais ton avis m'intrigue, il se pourrait bien que je l'ouvre d'ici peu …
Je suis plus convaincue par ta perruque que par ton billet mitigé !!! La couverture est effectivement très belle et alléchante.
Pour le contexte historique, l'ambiance, tu m'as donné envie de le lire. C'est noté! Merci.
Je suis assez d'accord avec toi : le roman tient surtout par l'ambiance historique et l'auteur a eu raison à mon sens de ne pas chercher à multiplier les péripéties. Ca donne une tonalité originale au roman. Et comme toi, j'ai trouvé dommage de ne pas en apprendre davantage sur la création des tableaux de cire de Zummo.
Ta perruque me plait beaucoup!