L’oiseleur – Max Bentow

Titre original : Der Federmann
Traduction (allemand) : Céline Hostiou
Editions Denoël, Collection Sueurs Froides, 2011/2014, 323 pages

 

La première phrase :
La peau perlée de sueur, elles dansaient, félines et échevelées, dodelinant de la tête, dessinant dans l’air des signes de la main.

 

L’histoire :

 

Berlin, de nos jours. L’inspecteur Nils Trojan, divorcé et en proie à de violentes crises d’angoisse, se lance sur les traces de l’Oiseleur, un tueur en série qui signe ses méfaits en laissant un oiseau mort dans les entrailles de ses victimes éventrées, dont il emporte avec lui les blondes chevelures.

 

L’opinion de Miss Léo :

 

Je fus il y a une quinzaine d’années une grande dévoreuse de romans policiers. Jeune et enthousiaste, j’engloutissais avec avidité les séries des grands maîtres du genre, en compagnie de mes enquêteurs préférés : policier amnésique cynique, couple de détectives mal assortis, flics nordiques ou nord-américains au bout du rouleau, brillant moine bénédictin, vénérable juge chinois, médecins légistes et profileurs sur les traces des plus redoutables serial-killers, sans oublier quelques privés au grand coeur, made by Hammett or Chandler. J’en suis presque devenue obsessionnelle… Jusqu’au jour où je me suis lassée. Est-ce la déception ressentie en découvrant les derniers tomes de mes séries fétiches, ou tout simplement l’envie d’explorer d’autres horizons littéraires qui me fit peu à peu renoncer à mes premières amours ? Toujours est-il que j’ai peu à peu délaissé l’univers des polars, n’y revenant que très ponctuellement, un peu plus souvent depuis l’ouverture du blog. Il aura fallu des auteurs aussi divers et talentueux que Peter May, Arnaldur Indridason, Philip Kerr, Keigo Higashino, Dennis Lehane ou Pierre Lemaître pour me remettre le pied à l’étrier, et me redonner goût aux histoires de meurtres (là où d’autres auteurs m’ont au contraire fortement déplu, comme les très surestimés et honteusement racoleurs Thilliez ou Carrisi, dont je ne peux pas m’empêcher de dire du mal à l’occasion).

 

Tout ça pour dire que j’ai sauté sur l’occasion de découvrir cette nouvelle série policière lorsque les éditions Denoël m’ont proposé de recevoir le premier tome en service presse. Je ne suis pas fan du titre, qui m’évoque davantage Papageno que le redoutable tueur du roman, ni de la couverture, n’étant pas particulièrement attirée par les plumes (j’y suis allergique !), et encore moins par les serres d’oiseau (que je trouve assez répugnantes). La couverture allemande est d’ailleurs bien plus jolie (voir ci-dessous). J’ai en revanche été séduite par le fait que l’intrigue se déroule à Berlin, ainsi que par l’idée de découvrir un nouveau personnage de détective récurrent.

 

 

Le roman de Max Bentow est d’une lecture agréable, et procure un plaisir immédiat (ce qui n’est déjà pas si mal). Les chapitres sont courts, les pages se tournent rapidement, et le suspense plutôt bien mené incite à lire l’ouvrage d’une traite. L’auteur évite la plupart du temps les effets spectaculaires, ce que j’apprécie, et ne se complait pas dans la description des cadavres des victimes (féminines), pourtant malmenées par un meurtrier obsédé par les oiseaux et les longues chevelures blondes.
 
L’oiseleur est indéniablement un roman plaisant, mais soyons honnêtes, ce n’est pas non plus le livre du siècle, et je n’en garderai pas un souvenir impérissable.
Mon premier bémol concerne la traduction, absolument calamiteuse de mon point de vue. Le roman accumule les lourdeurs stylistiques, et fourmille de tournures de phrases étranges, que l’on devine calquées sur l’allemand, langue sobre et rigoureuse. Je n’ai pas pris de notes, et je le regrette, car j’ai été gênée par ces nombreuses maladresses… Je serais curieuse de lire le texte original !

 

J’ai également été déçue par l’intrigue, souvent tirée par les cheveux, malgré un début prometteur. Les coïncidences ont le don de m’agacer en littérature, encore plus dans les polars, et j’ai parfois trouvé l’enchaînement des événements trop rapide, trop “facile” pour être totalement convaincant. Je n’aime pas les romans dans lesquels le meurtrier se révèle être une connaissance de l’enquêteur. Cela me paraît totalement irréaliste, et je trouve le procédé malhonnête vis à vis du lecteur. J’aurais pu passer outre si la personnalité du tueur et ses motivations avaient été correctement développées, ce qui n’est malheureusement pas le cas ici. La révélation tardive de son identité m’a laissée perplexe, et j’ai été frustrée par le dénouement, dont j’attendais pourtant beaucoup. Le roman se conclut sur un enchaînement de péripéties grotesques, qui tranchent avec la sobriété du reste de l’ouvrage.

 

L’oiseleur est malgré tout un roman prenant, dont les personnages ne sont toutefois pas assez fouillés à mon goût. Ce constat s’applique au tueur, mais aussi à l’inspecteur Nils Trojan, terne et finalement peu attachant, bien que fort sympathique au demeurant. Ses relations avec sa psy ne sont guère palpitantes, et n’ont d’autre intérêt que de faire progresser l’intrigue. Je reste par conséquent sur une impression très mitigée…

 

Quatre épisodes ont déjà été publiés en Allemagne. Je lirai probablement le deuxième tome, pour voir si la série gagne en densité et en profondeur (les tomes d’introduction ne sont pas toujours les meilleurs, et il me paraît légitime d’accorder le bénéfice du doute à Max Bentow, dont L’oiseleur n’était après tout que le premier roman).

 
Un roman policier inégal, qui se lit facilement, mais ne tient pas toutes ses promesses.
 

Livre chroniqué dans le cadre d’un partenariat avec les éditions Denoël. 
 

6 thoughts on “L’oiseleur – Max Bentow

  1. J'adore ton paragraphe sur tes relations passionnelles et maintenant distantes au polar. J'adore? Bon bon bon, l'oiseleur ne me tente pas du tout dois-je dire (car j'ai peur des oiseaux déjà et tu as trop de bémols pour moi). En revanche c'est vrai que les premier opus ne sont pas les meilleurs, je pense au 1er tome d'HP qui est quand même très en dessous des autres. Donc tu as raison de lui laisser une deuxième chance.
    Des bises

  2. Je passe mon tour puisque ton avis reste quand même très mitigé. Trop de livres à lire pour me lancer dans cette série policière !

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