Julie’s Way – Pierre Chazal

Alma Editeur, 2016, 304 pages
Livre reçu en service-presse.

 

La première phrase :
On s’était tirés du nid comme font les hirondelles quand vient l’heure de mettre les bouts.

 

L’histoire :
(résumé de l’éditeur)
À Londres, Nicolas découvre la vie d’expat, entre nuits incertaines et sabir linguistique, se prend d’amitié pour une vieille dame so british, s’entoure de copains interlopes. Reste le plus important pour ce jeune homme lunaire animé d’une seule et unique obsession : retrouver sa Julie, la sœur de son meilleur ami Yann, partie en Angleterre sans laisser d’adresse…

 

L’opinion de Miss Léo :

 
J’ai découvert les éditions Alma avec les deux (superbes) premiers romans de Pierre RaufastLa fractale des raviolis et La variante chilienne (dont je vous recommande vivement la lecture). J’ai lu dans la foulée l’excellent Tartes aux pommes et fin du monde de Guillaume Siaudeau (paru en poche chez Pocket), que je n’ai pas eu le temps de chroniquer… Vint ensuite la rencontre avec Pierre Raufast, organisée par la librairie de ma banlieue, rencontre qui fut en tout point conforme à mes attentes (j’ai découvert quelqu’un de simple et chaleureux, dont je me ferai un plaisir de lire le troisième roman lorsqu’il paraîtra). Tout ça pour dire que j’éprouve une sympathie grandissante envers cette jeune maison d’édition, qui publie deux nouveaux titres français à l’occasion de cette rentrée littéraire hivernale. En voici déjà un, en attendant le second dans quinze jours…Pierre Chazal n’en est pas à son coup essai, puisqu’il a déjà publié deux romans chez le même éditeur. Ce troisième opus nous invite à suivre le voyage initiatique de Nicolas, jeune trentenaire expatrié à Londres, dont l’apparente désinvolture masque mal les doutes et les faiblesses. Nicolas est un personnage qui se cherche, et qui va tenter de trouver outre-Manche les réponses à ses interrogations métaphysiques. Le récit est drôle et enlevé, ponctué de nombreux traits d’esprit, mais une certaine mélancolie perce néanmoins derrière la fantaisie du narrateur, amené à côtoyer une jolie galerie d’âmes esseulées. J’aime beaucoup le personnage de Susan Pimbleton, sosie de Madame Mim et logeuse au grand coeur, amatrice de littérature française, qui noue une relation inattendue mais pleine de tendresse avec le jeune héros.
 
Ce que j’apprécie particulièrement dans la ligne éditoriale d’Alma, c’est cette capacité à choisir des textes imaginatifs, en favorisant de jeunes auteurs dont la principale motivation semble être de raconter une (ou des) histoire(s) à leurs lecteurs. Oeuvre de fiction originale, Julie’s Way ne déroge pas à la règle, et adopte un ton volontairement léger pour nous conter les (més)aventures sentimentales et les rencontres de Nicolas. On voyage dans Londres, mais aussi en Angleterre et en Ecosse, ce qui est évidemment réjouissant quand on connaît et apprécie les lieux traversés (à titre personnel, la mention de Londres sur la quatrième de couverture m’a instantanément donné envie de lire ce roman).
 
Tout n’est certes pas parfait dans ce récit, qui ne parvient pas à éviter quelques maladresses. Les dialogues semblent parfois un peu forcés, et j’aime moins la deuxième partie, consacrée à l’obsession assez malsaine de Nicolas pour Julie. Mal dans sa peau, en fuite depuis plusieurs années, la jeune femme n’en demeure pas moins touchante à sa manière, et apporte une indéniable gravité au roman. Il est d’ailleurs intéressant de constater à quel point la légèreté potache du récit contraste avec le tragique de certaines des situations relatées. On ne sait pas toujours sur quel pied danser !
 
Pierre Chazal signe quoi qu’il en soit une séduisante comédie de moeurs, chronique douce amère et délicate évoquant avec pudeur les destins croisés de personnages en quête de bonheur et d’accomplissement. L’écriture agréable et fluide (malgré quelques coquilles) contribue à faire de ce roman une sympathique découverte, quoique pas complètement aboutie de mon point de vue.
 
Je suis intriguée par les deux premiers ouvrages de l’auteur, Marcus et Les buveurs de Lune, que j’essayerai peut-être de me procurer à l’occasion.
 
Un roman étrange et plein de tendresse. A découvrir.
 
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