Le dernier exploit de Poxl West – Daniel Torday

Titre original : The Last Flight of Poxl West
Traduction (américain) : Pierre Brévignon
Les Escales, 2016, 325 pages

 

La première phrase :
En janvier 1986, peu avant la mi-temps du Super Bowl, mon oncle Poxl nous rendit visite.

 

L’histoire :
(extrait remanié du résumé figurant sur le site de l’éditeur)
Après avoir échappé aux nazis en Tchécoslovaquie au début de la Seconde Guerre mondiale, le jeune Poxl West fuit aux Pays-Bas, où il tombe éperdument amoureux de la belle Françoise. Pourtant, un beau jour, il tourne les talons et gagne la Grande-Bretagne. Réfugié à Londres, il n’a qu’un seul but : devenir pilote. Après avoir sauvé de nombreuses vies pendant le Blitz et croisé la route de la jeune Glynnis, il intègre enfin la Royal Air Force. Bientôt, il participe à de périlleux bombardements aériens sur l’Allemagne.
Aujourd’hui retraité aux États-Unis, il fascine son neveu, Eli Goldstein, en lui racontant sa vie émaillée de rebondissements et péripéties. Il en rassemble les meilleurs épisodes dans son autobiographie Skylock, qui devient un best-seller dès sa parution. Eli ne cesse de lire et de relire les épisodes de la vie trépidante de cet oncle qui incarne pour lui la quintessence de la virilité. Jusqu’au jour où…

 

L’opinion de Miss Léo :

 

Autant le dire tout de suite, je n’ai pas été emballée par ce roman, que j’ai trouvé très plat, et dont je ne conserverai malheureusement pas un souvenir impérissable…

 

Les jolis Lancaster de la couverture (graphiquement très réussie) m’avaient pourtant tout de suite tapé dans l’oeil (on ne se refait pas). Nul n’égalera jamais Christopher Priest pour ce qui est des scènes d’aviation, mais je n’ai pas été trop déçue de ce point de vue là, les quelques (rares) séquences se déroulant à bord du bombardier figurant à n’en pas douter parmi les meilleures du livre. Je n’ai en revanche guère été éblouie par les descriptions de Londres sous le Blitz : j’ai déjà lu beaucoup mieux ailleurs !

 

La construction du récit alterne les époques et les points de vue. Le lecteur découvre ainsi des extraits de Skylock, l’autobiographie à succès de Poxl West, entrecoupés des souvenirs d’enfance d’Elijah. Je n’ai pas été séduite par les personnages secondaires, la plupart d’entre eux manquant cruellement de profondeur. Françoise, le soi-disant grand amour du narrateur, se révèle parfaitement transparente et inexistante, et on se désintéresse dès lors totalement de sa relation avec Poxl. Le récit de ce dernier est quant à lui d’une platitude et d’une médiocrité confondantes, qui nuisent grandement à la portée de l’ouvrage. Je n’ai pas cru un seul instant que Skylock soit de nature à déchaîner l’enthousiasme des foules, où à déclencher un quelconque emballement médiatique. Il s’agit à mes yeux de l’une des principales faiblesses du roman de Daniel Torday, dont l’essentiel de la (mince) intrigue repose pourtant sur l’accueil réservé aux Mémoires du « héros ». Je n’ai pas adhéré à la forme, et n’ai par conséquent pas été touchée par le “coup de théâtre” survenant aux environs de la page 250, que révèle d’ailleurs une quatrième de couverture honteusement exhaustive.

 

Poxl West est un personnage très humain, somme toute assez banal. Il cède à la tentation d’enjoliver ses souvenirs pour les rendre plus attrayants… et alors ??? Il n’y a vraiment pas de quoi s’offusquer ! Le personnage d’Elijah Goldstein et sa relation avec son « oncle » étaient à mes yeux bien plus intéressants, mais m’ont paru totalement sous-exploités. Résultat : la mécanique tourne à vide, et le lecteur reste sur sa faim. Les nombreuses références à Shakespeare et au Shylock du Marchand de Venise n’auront pas suffi à me convaincre…

 

Un roman terne, qui se prend un peu trop au sérieux pour être totalement convaincant. L’ensemble manque cruellement de dynamisme et d’épaisseur.

 

P.S. Que dire des extraits de critiques mis en exergue sur le bandeau et la quatrième de couverture, qui osent une comparaison pour le moins ridicule hasardeuse entre Le dernier exploit de Poxl West et Les apparences de Gillian Flynn (WTF ???), quand Daniel Torday n’est pas tout simplement comparé à… Philip Roth (en toute modestie) ???? Mesdames et messieurs les éditeurs, je comprends qu’il vous soit nécessaire d’appâter le chaland pour vendre vos ouvrages, mais de grâce, arrêtez de nous bassiner avec des références mensongères ! Une jolie couverture et un titre intrigant suffisent amplement.

 

4 thoughts on “Le dernier exploit de Poxl West – Daniel Torday

  1. Dommage… C'est tout à fait le genre de roman qui pourrait me plaire. J'aime beaucoup quand il y a un contexte historique de ce genre. Mais ton avis est vraiment trop négatif. A ta place, je crois que je me serais rapidement agacée en le lisant.

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