Quatre romans islandais (deuxième partie)

Chose promise, chose due : me revoici avec deux nouveaux romans islandais, suite à mon billet d’hier. Nous parlerons aujourd’hui de littérature noire.

 

Mörk, de Ragnar Jonasson

 

Titre original : Nattblinda
Traduction (depuis la version anglaise) : Philippe Reilly
Editions de La Martinière, 2015/2017, 326 pages

 

Livre reçu en service-presse.

 

La première phrase :

Dérangeant.
 

L’opinion de Miss Léo :

Et un polar nordique de plus à mon compteur ! Celui-ci est un peu mollasson, et pas tout à fait au niveau d’un Arnaldur Indridason, mais on y retrouve tout de même cette ambiance islandaise que j’aime tant. Bienvenue à Siglufjördur, petite bourgade du nord du pays, sise en bordure du fjörd éponyme, où le soleil disparaît pendant plusieurs mois en hiver. Essayez un peu de regarder à quoi ressemble la ville en Street View sur Google Maps : dépaysement garanti !! C’est dans ce cadre tranquille pépère que se déroule l’intrigue, laquelle s’ouvre sur le meurtre d’un policier en service, événement aussi improbable que de voir la gauche française affronter unie les prochaines élections législatives (comme quoi, tout arrive).Comme souvent chez nos amis islandais, l’action est quasi-inexistante, mais le feu couve sous la glace (bonjour le cliché…), et la violence s’insinue là où on ne l’attend pas. Ari Thor, le policier local (déjà à l’oeuvre dans Snjor, que je n’ai pas lu, mais qui vient de sortir en poche chez Points), est seul pour mener l’enquête, et tente de débusquer les secrets de famille de ses voisins pour élucider le crime. Une fois n’est pas coutume, il s’agit ici d’un jeune flic fraîchement arrivé de Reykjavik, qui se démarque en cela de ses collègues quinquagénaires semi-alcooliques et malmenés par la vie ^^ (bonjour ErlendurWallanderHarry Hole and co !). Le personnage est plutôt sympathique. Le roman présente quant à lui quelques longueurs, mais l’ensemble tient la route, et le dénouement est intéressant, sur fond de violences conjugales et autres ignominies. J’ai aimé la sobriété de la narration, qui permet d’installer un climat sombre et poisseux, sans pour autant tomber dans le racolage.

Un petit bémol pour finir… On découvre en parallèle de l’enquête des extraits du journal d’un patient en hôpital psychiatrique, dont on ne sait pas quel est le lien avec l’intrigue principale. J’ai trouvé ces allers-retours un peu maladroits, ceux-ci n’apportant selon moi pas grand chose au roman.Mörk demeure néanmoins un roman policier de bonne facture, sans être non plus totalement inoubliable ou révolutionnaire.
 
Un roman bien mené, mais un peu mou. A lire quand il sortira en poche !

 

Je sais qui tu es, de Yrsa Sigurðardottir

 

 
Titre original : Eg Man Thig
Traduction (islandais) : Marie de Prémonville
Points Policier, Editions Anne Carrière, 2010/2012, 429 pages
 
La première phrase :

Les vagues faisaient tanguer l’embarcation dans un incessant va-et-vient.
 
L’opinion de Miss Léo :
 

Je conclus cette “spéciale Islande” avec un thriller horrifique de bonne tenue, qui se lit d’une traite, pour peu que l’on soit un minimum amateur du genre. L’intrigue nous emmène cette fois à Hesteyri, village désert et isolé au coeur d’un Parc Naturel à l’extrémité nord des fjörds de l’ouest, où trois citadins restaurent une bâtisse abandonnée pour la transformer en maison d’hôtes. Le cadre séduit instantanément, et la romancière exploite parfaitement ce décor somptueux, atypique et glacial, dans lequel va se dérouler une bien sombre histoire… La tonalité angoissante et un brin irrationnelle du récit n’est pas sans rappeler certains romans de Stephen King, toutes proportions gardées. L’inquiétude grandit sur Hesteyri : confrontés à d’étranges phénomènes, les trois personnages (un homme et deux femmes) voient leurs relation se dégrader en même temps que leur santé mentale.

On suit en parallèle l’enquête plus classique menée par un policier et un psychiatre d’Isafjördur, confrontés au saccage d’une école maternelle, ainsi qu’à d’autres événements déroutants. Cette partie “urbaine” aborde des thèmes fréquemment rencontrés dans la littérature policière islandaise : de vieilles affaires qui ressurgissent ; des actes d’une grande violence, derrière une sérénité de façade ; des enfants maltraités ; des disparitions inexpliquées…

L’alternance entre les deux fils narratifs contribue à installer une atmosphère lourde et pesante, tout en ménageant des instants de répit pour le lecteur (la partie consacrée à l’enquête est moins oppressante, bien que les dessous de cette histoire aux multiples facettes ne soient guère reluisants). Efficace et addictif, tendu à l’extrême, Je sais qui tu es fait habilement monter le suspense, et réserve son lot de surprises. J’ai néanmoins été déçue par le dénouement. Les aspects surnaturels de l’intrigue ne m’ont pas totalement convaincue, et j’attendais mieux que cette banale histoire de fantômes.
 

Un bon divertissement, qui mêle intrigue policière et thriller fantastiques aux accents surnaturels.


That’s all, folks ! Miss Léo vous remercie d’avoir embarqué avec elle pour ce voyage nordique (et si vous ne connaissez pas l’Islande, n’hésitez pas à y aller, c’est un pays magnifique).

 

4 thoughts on “Quatre romans islandais (deuxième partie)

  1. J'en ai pas mal dans ma PAL des thrillers islandais, mais je suis dans une phase chochotte alors j'attends un peu (violent, lent et parfois surnaturel, ça fait un peu beaucoup pour moi), donc honnêtement ton billet ne va pas me pousser à y aller tout de suite (j'aime ta référence à l'improbabilité d'une gauche unie, j'ai ri mais j'ai ri). Allez force et honneur Léo

  2. Bonsoir Miss Leo, à la différence avec toi, je n’ai pas trouvé que “Mörk” était mou. j’ai aimé le rythme et le fait que l’histoire prend son temps. Vu le côté isolé de la ville où se passe l’histoire, on est dans un huis-clos. Snjor, le roman précédent était dans le même ton. Je conseille. Bonne soirée.

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