P.O.L., 2018, 352 pages
La première phrase :
L’opinion de Miss Léo :
Rien à jeter dans ce roman, qui frôle la perfection !
Petite liste non exhaustive de ce qui m’a plu.
1°) LE SUJET : j’ignorais tout du Doggerland, ce territoire oublié de la Mer du Nord, entièrement submergé par les eaux à la fin du Mésolithique, qui constitue désormais un objet de fascination pour les géologues et les archéologues européens.
2°) LES THEMES ABORDÉS : géologie, tectonique des plaques, climatologie, forage offshore, industrie pétrolière… Elisabeth Filhol signe une fiction hors-norme, qui témoigne de son intérêt pour les sciences et la technologie (il s’agit pourtant bel et bien d’une fiction).
3°) LA CONSTRUCTION : Margaret et Marc se sont connus sur les bancs de la faculté de géologie de St Andrews, avant d’emprunter des itinéraires différents, et de se retrouver quelques dizaines d’années plus tard à l’occasion d’un congrès au Danemark. On suit en fil rouge l’histoire de leur rencontre et de leurs retrouvailles, entrecoupée de longues (et passionnantes) digressions consacrées aux diverses thématiques présentées plus haut. L’humain se mêle à la technologie, l’intime au savoir académique, et l’auteur établit de nombreux parallèles entre la violence de certains phénomènes naturels (ouragans, séismes et autres tsunami) et les soubresauts psychologiques intérieurs de personnages en proie au doute ou à la dépression (dont le côté cyclique rappelle par ailleurs celui des cours du baril de pétrole).
4°) LES PISTES DE REFLEXION : Elisabeth Filhol aborde de nombreux problèmes de fond, sans que cela ne devienne jamais pesant. La romancière questionne notre mode de vie, et notre place dans l’histoire de la Terre (c’est là que le roman devient franchement flippant). Ne pourrions-nous pas disparaître subitement, à l’image des chasseurs-cueilleurs du Doggerland ? Les enjeux sont ici clairement posés. La culture affronte le capitalisme (préserver et comprendre le passé pour mieux préparer l’avenir, ou gagner un maximum d’argent, ici maintenant tout de suite ?), et la démarche constructive des universitaires, soucieux des générations futures, s’oppose à la vision à court terme des grands groupes pétroliers (le paradoxe étant que les recherches scientifiques sur le Doggerland utilisent les données recueillies par les ingénieurs lors des forages).
5°) LE STYLE : précise et élégante, l’écriture envoûtante d’Elisabeth Filhol rappelle un peu celle de Maylis de Kerangal. La romancière décrit avec autant d’aisance la ville d’Aberdeen, les catastrophes naturelles, les installations technologiques sophistiquées ou les sentiments de personnages en pleine introspection. Un pur bonheur !
6°) L’EPILOGUE : j’ai adoré !
Pour résumer : c’est beau, c’est original, c’est intelligent.
Lisez-le !
Il frôle la perfection, à ce point là ?
J’ai adoré ! Mais tout le monde ne sera peut-être pas de mon avis (je pense que c’est typiquement le genre de roman avec lequel ça passe ou ça casse).
J’avais adoré Centrale, de la même auteure. Tu es donc extrêmement tentante avec ce titre ! Merci pour ton coup de coeur. 😉
Ça tombe bien, j’avais justement envie de lire Centrale. Merci pour ton commentaire !
P.S. Peux-tu me dire si tu as reçu un mail de notification pour te prévenir de ma réponse à ton commentaire ? Je rencontre quelques problèmes techniques, que j’essaye de résoudre.
Je ne connais que de nom cet auteur mais tu m’as donné envie de découvrir son roman !
Il m’a vraiment beaucoup plu ! Cela dit, je pense que c’est le genre de romans auquel il est possible de ne pas accrocher.
Tu es très convaincante!
Merci de ta visite. Et tant mieux si tu te laisses tenter par Doggerland ! 😉