L’iconoclaste, 2020, 256 pages
Livre lu dans le cadre du Prix Elle 2020.
La première phrase :
Il y a deux tartes à la crème concernant Balzac : il buvait trop de café, et sa mère était une mégère hystérique.
L’histoire :
20 mai 1799 : naissance du petit Honoré Balzac à Tours.
2017 : Titiou Lecoq visite la maison de Balzac à Passy.
Ou comment un événement en apparence anodin déclenche l’envie d’écrire une biographie…
L’opinion de Miss Léo :
Je ne suis pas très copine avec Balzac.
J’aime pourtant les classiques, mais je n’ai jamais vraiment accroché avec le style d’Honoré, dont les romans me laissent de marbre. Qui plus est, je ne suis guère attirée par la vie des écrivains en règle générale (leurs livres me suffisent amplement). Partant de ces deux postulats, il fallait tout le talent d’une Titiou Lecoq pour parvenir à m’intéresser au personnage… tâche ô combien ardue dont la blogueuse aux multiples casquettes s’acquitte ici avec maestria !
La journaliste signe une biographie moderne et décalée, qui adopte un point de vue résolument original pour nous proposer une lecture contemporaine des faits marquants de la vie du grand romancier. En établissant des correspondances entre le XIXème siècle et notre époque, en remettant en cause certains partis-pris des précédents biographes de Balzac (dont Stefan Zweig), en abordant le rapport de l’écrivain à l’argent, en questionnant ses relations avec les femmes, Titiou Lecoq casse le mythe de l’artiste raffiné au comportement désintéressé. Honoré et moi est tout sauf une hagiographie, et brosse avec tendresse et empathie le portrait d’un homme imparfait, très humain, pas toujours malin, préoccupé par des questions bassement matérielles, pour qui l’écriture n’avait rien d’une mission divine (bien que sa Comédie humaine se soit révélée novatrice dans bien des domaines).
J’ai adoré le ton familier du livre, que j’ai trouvé bien écrit, souvent drôle, et surtout très plaisant à lire. Mention spéciale aux titres de chapitres à rallonge, à la mode victorienne ! Titiou Lecoq, qui s’est par ailleurs attelée à un véritable travail d’enquête, parvient à transmettre la sympathie et l’admiration qu’elle éprouve pour son sujet d’étude. Balzac a raté pas mal de choses dans sa vie, mais toujours avec enthousiasme. Criblé de dettes, il accumule pourtant les dépenses inutiles, et se montre remarquablement peu clairvoyant dans sa gestion des affaires quotidiennes. La romancière n’hésite pas à pointer du doigt sa mauvaise foi, ni à mettre en valeur l’influence de certaines femmes de son entourage, tout en replaçant les faits dans leur contexte historique, avec un recul bienvenu.
Ma seule réserve tient au côté un poil répétitif du récit, qui tourne un peu en rond par moments. Autre regret : cette biographie aborde finalement assez peu l’œuvre littéraire de Balzac, et Titiou Lecoq ne m’a pas franchement donné envie de tenter d’autres romans de l’auteur. De ce point de vue là, c’est un échec… ce qui ne remet évidemment pas en cause la qualité de l’ouvrage dans sa globalité !
Je vois que tu as aimé autant que moi ! Le document qui m’a apporté le plus de plaisir de lecture depuis le début du Prix Elle.
Oui, il est pour moi largement en tête dans sa catégorie.
Je n’en ai lu qu’un de cette auteure, que j’avais beaucoup aimé. mais comme le sujet Balzac ne me tente pas, je n’ai pas lu celui-ci.
C’est un peu dommage une biographie d’auteur qui ne donne pas envie de se plonger dans ses livres… Ça fait livre complètement à part.
Contrairement à toi j’aime beaucoup Balzac, mais je n’ai jamais lu de biographie de lui (à part dans les dossiers de ses romans).