Titre original : Girl
Traduction (irlandais) : Aude de Saint-Loup et Pierre-Emmanuel Dauzat
Sabine Wespieser, 2019, 250 pages
Livre lu dans le cadre du Prix Elle 2020.
La première phrase :
J’étais une fille autrefois, c’est fini.
Extrait de la quatrième de couverture :
S’inspirant de l’histoire des lycéennes enlevées par Boko Haram en 2014, l’auteure irlandaise se glisse dans la peau d’une adolescente nigériane. Depuis l’irruption d’hommes en armes dans l’enceinte de l’école, on vit avec elle, comme en apnée, le rapt, la traversée de la jungle en camion, l’arrivée dans le camp, les mauvais traitements, et son mariage forcé à un djihadiste – avec pour corollaires le désarroi, la faim, la solitude et la terreur. Le plus difficile commence pourtant quand la protagoniste de ce monologue halluciné parvient à s’évader, avec l’enfant qu’elle a eue en captivité.
L’opinion de Miss Léo :
Je n’avais jamais lu Edna O’Brien, mais je me réjouissais à l’idée de découvrir sa plume. Le moins que l’on puisse dire, c’est que celle-ci ne m’a pas déçue ! Ce qui frappe en premier lieu, c’est l’aisance avec laquelle la romancière irlandaise, pourtant presque nonagénaire, se glisse dans la peau d’une jeune adolescente nigériane. Moderne et superbement écrit, Girl est avant tout un bouleversant portrait de femme, une histoire de résilience comme j’ai rarement eu l’occasion d’en lire. Il y est bien sûr question de terrorisme, puisque le roman suit les traces de l’une des lycéennes enlevées par le groupe djihadiste Boko Haram, mais le récit va bien au delà de la simple description des atrocités commises par les bourreaux sur des proies vulnérables.
Après une première partie saisissante de réalisme, qui évoque la captivité des jeunes filles (durant laquelle celles-ci subiront moult viols, brimades et autres maltraitances), Edna O’Brien adopte un ton plus poétique pour nous décrire l’errance de Maryam, qui tente de se reconstruire après avoir échappé à l’Enfer. Au-delà de sa propre fragilité psychologique, la jeune femme, désormais maman d’une petite fille, se retrouve confrontée à l’incompréhension et à la suspicion parfois hostile de sa propre communauté. Le roman est centré sur les émotions de l’héroïne, dont on suit le monologue intérieur. Bien que la nature soit omniprésente, les lieux et l’aspect physique personnages sont très peu évoqués ; cette absence de passages plus descriptifs aurait pu me peser, mais la forme est ici en parfaite adéquation avec le fond, dans la mesure où elle nous permet de plonger au plus près des tourments de Maryam.
Pour résumer : Edna O’Brien signe avec Girl un roman intense et brutal, dont on ne ressort pas indemne. Pudique et sensible, bouillonnant de vie et d’espoir, écrit avec la distance qui convient, ce (beau) récit introspectif et engagé est par ailleurs remarquablement bien documenté, ce qui ne gâte rien (la romancière a passé du temps à enquêter en Afrique, et cela se sent). Je le recommande vivement !
Celui-ci, je veux absolument le lire (et ça adonne bien, je l’ai). Il est dans la sélection du prix des libraires du Québec en plus.
Il divise ses lecteurs, j’espère que tu seras dans le clan des convaincus !
L’histoire est forte, marquante mais j’ai eu un peu de mal avec le style. Je ne saurais dire exactement pourquoi, c’est la raison pour laquelle je n’ai pas fait de billet.
Je comprends. J’ai totalement adhéré à l’écriture, mais je savais en le lisant qu’il ne plairait pas à tout le monde.
J’ai eu énormément de mal à le terminer, tellement de violence …