L’écorchée – Donato Carrisi

Titre original : L’Ipotesi del Male
Traduction (italien) : Anaïs Bokobza
Calmann-Levy, 2013, 432 pages

 

La première phrase :
La salle n°13 de la morgue était le cercle des dormeurs.

 

L’histoire :
Encore profondément ébranlée par sa rencontre avec le redoutable Chuchoteur sept ans auparavant, Mila Vasquez occupe désormais un poste peu gratifiant aux Limbes, le service des personnes disparues de la police fédérale. Devenue enquêtrice de l’ombre, elle est toutefois ramenée en pleine lumière par ses anciens collègues, qui sollicitent son aide suite à un terrible quadruple meurtre, lequel semble avoir été commis par Roger Valin, pourtant disparu depuis dix-sept ans…

 

L’opinion de Miss Léo :

 

L’Ecorchée est la suite du Chuchoteur, que j’avais trouvé pas mal sans plus. Le premier roman de Donato Carrisi m’avait semblé plombé par de nombreuses invraisemblances, ainsi que par une surcharge de rebondissements artificiels et trop appuyés pour être honnêtes. Je suis pourtant bon public en matière de thrillers, mais le fait est que j’ai de plus en plus de mal à apprécier les intrigues racoleuses et tape-à-l’oeil, généralement survendues à coup de slogans chocs par des éditeurs flairant la bonne affaire.

 

Ce nouvel opus est totalement dans la lignée du précédent, et ne m’a pas du tout convaincue (si vous voulez me lancer des cailloux, allez-y, c’est maintenant). L’auteur italien signe un thriller mou et plat, sans réel suspense, au style fade et sans personnalité. L’intrigue, décousue et parfois totalement grotesque (à l’image d’un premier chapitre déconcertant d’invraisemblance et de facilité), ne compense en aucun cas la faiblesse des personnages, très insuffisamment développés à mes yeux. Mila manque cruellement de profondeur, et sa personnalité se résume à une superposition factice de stéréotypes (l’enquêtrice brillante mais torturée, qui préfère s’auto-mutiler plutôt que d’affronter ses démons intérieurs, et ne parvient pas à gérer sa vie de famille déliquescente). Contrairement à ce que j’ai pu lire ici ou là, elle n’est pas du tout émouvante, et sa façon de mener l’enquête se révèle pour le moins surprenante (je suis restée pantoise devant son manque total de professionnalisme). Rien à signaler du côté des autres personnages, tous creux et sans intérêt. J’attendais beaucoup du flic paria au grand coeur Simon Berish (bonjour le cliché !), malheureusement tout aussi décevant que sa collègue…

 

Que dire de l’histoire, bouillie informe aux multiples rebondissements capillotractés ?! On se désintéresse totalement de l’enquête, malgré quelques trouvailles originales (je pense par exemple à cette victime atteinte de syllogomanie, qui entasse inlassablement les objets les plus hétéroclites). L’Ecorchée est un roman distrayant, mais pas emballant pour un sou, et une désagréable impression de “déjà-lu” s’impose très rapidement. Donato Carrisi est de mon point de vue un auteur très surévalué, qui semble toutefois avoir trouvé un filon rentable, puisque ses ouvrages rencontrent un énorme succès public (ce que je trouve pour ma part totalement incompréhensible). Le romancier use de grosses ficelles narratives, et l’aspect policier du récit semble bien peu crédible, les flics se distinguant ici par leur amateurisme et leur incompétence. Cette suite superficielle se résume à un assemblage hétéroclite de scènes “empruntées” à d’autres auteurs de polars, ponctué de références floues à l’intrigue du Chuchoteur (qu’il vaut mieux avoir relu avant d’attaquer ce deuxième opus). Le roman se termine sur un ultime rebondissement censé faire frémir le lecteur, dans lequel je n’ai pour ma part vu qu’une énième et ridicule pirouette.

 

Vous l’aurez compris, je ne recommande pas ce titre. Je l’ai dévoré en deux/trois heures à peine, et j’en ressors avec la très désagréable impression d’avoir perdu mon temps. J’avais davantage apprécié Le Chuchoteur, malgré ses défauts !

 

Un thriller médiocre : vite lu, vite oublié !

 

14 thoughts on “L’écorchée – Donato Carrisi

  1. Le Chuchoteur ne m'a jamais rien dit de toute façon 🙂 Puis le coup d'entasser tout et n'importe quoi n'est plus très inédit, on le voit dans plein de séries américaines.

    1. Oui, moi aussi, c'était un genre que j'affectionnais, mais je trouve que les auteurs tournent en rond et peinent à se renouveler. Beaucoup de grosses ficelles, et finalement peu d'originalité…

  2. J'ai plusieurs fois emprunté "Le chuchoteur" à la bibli, pour finalement jamais le lire. Je ne regrette pas du coup, d'autant qu'avec le temps, je deviens difficile avec les polars 🙂

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