Lusitania – Erik Larson

Titre original : Dead Wake – The last crossing of the Lusitania
Traduction (américain) : Edith Ochs
Le Cherche-Midi, 2016, 640 pages
Livre reçu en service-presse.

 
La première phrase :

Le soir du 6 mai 1915, alors que son navire approchait de la côte irlandaise, le capitaine William Thomas Turner quitta la passerelle de navigation pour se rendre au salon des première classe où avaient lieu un concert et un concours de talents, attractions traditionnelles des traversées de la Cunard Line.

 

L’opinion de Miss Léo :
 

Les lecteurs les plus fidèles de mon blog se rappellent peut-être avec quel enthousiasme j’avais accueilli Le diable dans la ville blanche et Dans le jardin de la bête, dont j’avais apprécié le côté foisonnant, ainsi que le soin tout particulier apporté par l’auteur aux détails en tout genre.
Autant dire que j’ai sauté de joie lorsque j’ai appris que les éditions du Cherche-Midi publiaient un nouveau Erik Larson consacré au torpillage du Lusitania, un sujet sur mesure pour moi qui suis depuis toujours fascinée par les paquebots, les gros bateaux qui coulent (cf le sort tragique du Titanic et de ses sisterships), la stratégie militaire et les sous-marins (je ne suis clairement pas une petite fille comme les autres).

 
Fidèle à son habitude, le journaliste américain nous présente avec exactitude, quoique de façon légèrement romancée, un célèbre événement historique, qu’il prend soin de replacer dans son contexte socio-politico-économique. Nous sommes ici en 1915, et le conflit mondial s’enlise en Europe, tandis que les Etats-Unis tardent à renoncer à leur neutralité. C’est alors qu’entre en scène le RMS Lusitania, fleuron de la marine commerciale britannique exploité par la Cunard. Celui-ci s’apprête à quitter New York pour rentrer en Angleterre, en dépit de la menace croissante incarnée par les U-Boote allemands croisant dans les eaux côtières du Royaume-Uni.

 

Touché coulé !
Norman Wilkinson (The Illustrated London News)

 

Le récit, extrêmement bien documenté, suit alternativement différents protagonistes du drame : passagers de première, deuxième ou troisième classe, riche collectionneur ou simple bonne d’enfants, membres d’équipage du Lusitania et du Grand Méchant sous-marin U-20, politiciens, agents de la Room 40 (les services secrets de la marine britannique) et autres stratèges… Erik Larson dresse un portrait détaillé et retrace le parcours de chaque personnage, ce qui lui permet d’insuffler de la vie dans son récit, tout en en restituant avec rigueur et précision les aspects les plus techniques (le lecteur apprend une foultitude de choses concernant le mode de plongée et l’agencement intérieur des U-Boote, la trajectoire et les performances du Lusitania, le fonctionnement des torpilles etc…). J’ai particulièrement aimé les chapitres consacrés à la flotte sous-marine allemande, qui évoquent les conditions difficiles dans lesquelles évoluaient les marins lorsque leur bâtiment était en plongée, et font  également mention de la “personnalité” de chaque U-Boot, reflétant le caractère plus ou moins téméraire et/ou cruel de leur commandant de bord.

 

“65 mètres de long sur 6 mètres de large, pour un peu plus de 8 mètres de hauteur”
Le U-20 et ses soeurs (Source : Wikipedia)

 

On retrouve par ailleurs l’hypocrisie des instances politiques et militaires britanniques, le Premier Lord de l’Amirauté (Winston Churchill himself) souhaitant précisément que pareille catastrophe se produise, dans l’espoir de hâter l’entrée en guerre des Etats-Unis.

 

La reconstitution historique est méticuleuse (le lecteur ne doute pas un instant de la véracité des faits relatés, et apprend pas mal de choses), mais l’auteur ne néglige pas pour autant l’aspect humain de la tragédie. Les personnages présentent toutefois un intérêt variable, ce qui se traduit malheureusement par quelques longueurs. Les interventions de Woodrow Wilson m’ont quelque peu ennuyée, et je ne me suis guère attachée aux passagers du Lusitania, lesquels m’ont semblé bien ternes par comparaison avec le redoutable Walther Schwieger, commandant et seul maître à bord du U-20. L’écriture sans panache et très factuelle rend parfois le récit légèrement fastidieux, celui-ci ayant néanmoins le mérite de s’attacher à présenter de façon exhaustive et sous différents angles un événement marquant de l’histoire du XXème siècle, tout en le rendant accessible au plus grand nombre.
 
Une lecture très instructive, au style un peu terne. Intéressant, mais ce n’est pas mon préféré de l’auteur.
 

3 thoughts on “Lusitania – Erik Larson

  1. Séduite par la couverture, j'avais feuilleté ce livre. Contrairement à toi, je ne suis pas une grande fan de gros bateaux ! Compte tenu de la pagination généreuse de cet ouvrage et de ta conclusion mitigée, je ne suis pas sûre d'aller voir plus loin…

  2. Dommage que ce soit terne, en plus c'est long … bref, même si le sujet a en effet l'air très intéressant, je vais, comme toi, lire The Girls plutôt 😉

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