Sous-titre : Récit véridique d’un meurtre multiple et de ses conséquences
Titre original : In cold blood
Traduction (américain) : Raymond Girard
Editions France Loisirs, 1965, 506 pages
La première phrase :
Le village de Holcomb est situé sur les hautes plaines à blé de l’ouest du Kansas, une région solitaire que les autres habitants du Kansas appellent “là-bas”.
L’histoire :
Novembre 1959. Quatre membres de la famille Clutter sont sauvagement assassinés dans leur ferme de Holcomb, Kansas, par deux anciens détenus récemment libérés sur parole, Perry Smith et Dick Hickock, lesquels finiront pendus. Truman Capote reconstitue l’affaire dans ses moindres détails.
L’opinion de Miss Léo :
Je tournais depuis bien longtemps autour de ce texte, considéré (à juste titre) comme le chef d’oeuvre de Truman Capote. Et paf, voilà que je le trouve à la bibliothèque au début du mois de juillet ! Et bim, dans mon tote-bag !A l’origine de ce “roman”, un fait divers, à savoir le meurtre d’une famille de fermiers du Midwest. De quoi piquer la curiosité de Truman Capote, qui entreprend de mener sa propre enquête. In cold blood est le fruit d’un travail d’investigation de longue haleine, consistant pour l’essentiel à rencontrer et interroger les principaux témoins du drame. L’écrivain américain s’est impliqué corps et âme dans ses recherches, et n’en est d’ailleurs pas sorti psychologiquement indemne, la publication de l’ouvrage marquant pour lui le commencement d’une inexorable déchéance.
Cinq longues années de travail acharné, pour un résultat en tout point remarquable ! J’ai adoré ce livre, malgré une traduction exécrable (je regrette de ne pas l’avoir lu en version originale). Truman Capote dissèque l’affaire, sans porter aucun jugement moral sur les actes des uns et des autres, retraçant de façon neutre et factuelle le parcours des victimes, des enquêteurs et des meurtriers. Le récit se compose de quatre parties de longueur équivalente, et se lit comme un roman, ce qui contribue à rendre l’expérience particulièrement troublante. A la présentation des personnages et de la petite ville de Holcomb succède le déroulement de l’enquête policière, qui conduira à la traque puis à l’arrestation des assassins, ainsi qu’à la reconstitution des événements. La dernière partie (ma préférée) se déroule dans le couloir de la mort.
Si l’écrivain prend le temps de nous familiariser avec les divers membres du “clan” Clutter, qui incarnent en quelque sorte un idéal de perfection typiquement américain, il semble toutefois davantage intéressé par la personnalité moins lisse de Dick et Perry, dont nous suivons l’errance et découvrons peu à peu le passé. Comment ces deux paumés, escrocs à la petite semaine, en sont-ils arrivés à commettre l’impensable ? Truman Capote (et avec lui le lecteur) s’est de toute évidence attaché à Perry Smith, pour lequel il est est bien difficile de ressentir autre chose que de la pitié ou de l’empathie. Après une enfance difficile, marquée par l’éclatement d’une famille rongée par l’alcool et la violence, ce dernier peine à se reconstruire, se berçant constamment d’illusions et de rêves irréalistes. Il semble par conséquent facilement manipulable. Et pourtant… Entre Dick et Perry, le plus violent n’est pas forcément celui qu’on croit ! Tous deux seront finalement reconnus coupables d’un quadruple homicide, et Truman Capote assistera à leur exécution, point d’orgue de la tragédie. On comprend pourquoi l’écriture de ce roman eut pour effet de plonger l’auteur dans une profonde dépression… J’ai pour ma part ressenti un léger malaise en allant chercher des photos des protagonistes du drame sur internet (je ne les reproduis pas ici, mais elles sont facilement accessibles).
La construction du récit est admirable, et tient le lecteur en haleine (pas de suspense à proprement parler, mais un vrai désir d’en apprendre davantage). De sang-froid présente par ailleurs un intérêt sociologique certain, et l’on peut y voir une photographie instantanée du Midwest américain à l’aube des années 60, l’auteur s’attachant à décortiquer la vie d’une multitude de personnages. L’aspect psychologique du crime est également très développé. Les raisons de s’enthousiasmer pour ce “roman-vérité” sont donc particulièrement nombreuses, et je ne regrette absolument pas d’avoir cédé au chant des sirènes (oui, Titine, c’est bien de toi que je veux parler). Truman Capote a ouvert la voie à d’autres auteurs spécialisés dans la restitution d’affaires de meurtre et d’enquêtes criminelles (les Robert Graysmith et autres Ann Rule), qui ne lui arrivent cependant pas à la cheville.
Il n’est quoi qu’il en soit pas surprenant que cet ouvrage ait fait l’objet d’une adaptation cinématographique. Je ne sais pas si le film de Richard Brooks mérite le détour. Si quelqu’un l’a vu…
Un chef d’oeuvre, à lire absolument ! Coup de coeur.
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Cinq longues années de travail acharné, pour un résultat en tout point remarquable ! J’ai adoré ce livre, malgré une traduction exécrable (je regrette de ne pas l’avoir lu en version originale). Truman Capote dissèque l’affaire, sans porter aucun jugement moral sur les actes des uns et des autres, retraçant de façon neutre et factuelle le parcours des victimes, des enquêteurs et des meurtriers. Le récit se compose de quatre parties de longueur équivalente, et se lit comme un roman, ce qui contribue à rendre l’expérience particulièrement troublante. A la présentation des personnages et de la petite ville de Holcomb succède le déroulement de l’enquête policière, qui conduira à la traque puis à l’arrestation des assassins, ainsi qu’à la reconstitution des événements. La dernière partie (ma préférée) se déroule dans le couloir de la mort.
Si l’écrivain prend le temps de nous familiariser avec les divers membres du “clan” Clutter, qui incarnent en quelque sorte un idéal de perfection typiquement américain, il semble toutefois davantage intéressé par la personnalité moins lisse de Dick et Perry, dont nous suivons l’errance et découvrons peu à peu le passé. Comment ces deux paumés, escrocs à la petite semaine, en sont-ils arrivés à commettre l’impensable ? Truman Capote (et avec lui le lecteur) s’est de toute évidence attaché à Perry Smith, pour lequel il est est bien difficile de ressentir autre chose que de la pitié ou de l’empathie. Après une enfance difficile, marquée par l’éclatement d’une famille rongée par l’alcool et la violence, ce dernier peine à se reconstruire, se berçant constamment d’illusions et de rêves irréalistes. Il semble par conséquent facilement manipulable. Et pourtant… Entre Dick et Perry, le plus violent n’est pas forcément celui qu’on croit ! Tous deux seront finalement reconnus coupables d’un quadruple homicide, et Truman Capote assistera à leur exécution, point d’orgue de la tragédie. On comprend pourquoi l’écriture de ce roman eut pour effet de plonger l’auteur dans une profonde dépression… J’ai pour ma part ressenti un léger malaise en allant chercher des photos des protagonistes du drame sur internet (je ne les reproduis pas ici, mais elles sont facilement accessibles).
La construction du récit est admirable, et tient le lecteur en haleine (pas de suspense à proprement parler, mais un vrai désir d’en apprendre davantage). De sang-froid présente par ailleurs un intérêt sociologique certain, et l’on peut y voir une photographie instantanée du Midwest américain à l’aube des années 60, l’auteur s’attachant à décortiquer la vie d’une multitude de personnages. L’aspect psychologique du crime est également très développé. Les raisons de s’enthousiasmer pour ce “roman-vérité” sont donc particulièrement nombreuses, et je ne regrette absolument pas d’avoir cédé au chant des sirènes (oui, Titine, c’est bien de toi que je veux parler). Truman Capote a ouvert la voie à d’autres auteurs spécialisés dans la restitution d’affaires de meurtre et d’enquêtes criminelles (les Robert Graysmith et autres Ann Rule), qui ne lui arrivent cependant pas à la cheville.
Il n’est quoi qu’il en soit pas surprenant que cet ouvrage ait fait l’objet d’une adaptation cinématographique. Je ne sais pas si le film de Richard Brooks mérite le détour. Si quelqu’un l’a vu…
Un chef d’oeuvre, à lire absolument ! Coup de coeur.
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Première participation au Mois américain de ma copine Titine.
Il est dans mes piles de livres depuis quelques mois. Ton ressenti me donne envie de le lire au plus vite.
Et bien je ne sais pas si je le lirais pour ce mois américain mais je le note .
J'avais bien aimé le film mais j'ai ce livre dans ma PAL depuis une éternité…
Je suis ravie d'apprendre que je suis ta sirène littéraire !!! Au moins, tu as pu constater que je ne t'avais pas menti en te disant qu'il s'agissait d'un chef-d'oeuvre. Et l'histoire de l'enquête autour du roman est passionnante et déchirante. Capote se reconnaissait en Perry et s'était attaché à lui mais pour finir son roman il fallait que le meurtrier soit pendu. Une véritable blessure dont Capote ne se remettra jamais. Je garde un bon souvenir du film tiré du roman. Si tu ne l'as pas vu, je te conseille le film biographique avec Philip Seymour Hoffman qui est consacré à l'écriture de "In cold blood", c'est un véritable bijou.
C'est le genre de billet qui me donne directement envie de relire ce livre !