Robert Laffont, 2017, 252 pages
La première phrase :
Assise dans un fauteuil tapissé de velours rouge, Judit pinçait entre ses doigts des morceaux de viande qu’elle distribuait à ses chiens, trois molosses qui ne connaissaient qu’elle.
L’histoire :
Hongrie, XVIème siècle. La jeune Judit, fille de l’ispán du comitat de Paks, ne peut que déplorer la passivité et le manque d’initiative de son père bien-aimé face à la menace incarnée par les Ottomans. Prétendante assumée à la succession de son géniteur, elle décide alors de mettre ses talents de joueuse d’échecs accomplie au service de son ambition.
L’opinion de Miss Léo :
Me revoici avec un roman ouvert totalement par hasard, choisi au feeling parmi les nouveautés de chez Robert Laffont. Je vais lire très peu de romans de la Rentrée Littéraire (pour moi un non-événement, même s’il m’arrive de lire des titres nouvellement parus lorsque j’en ai l’occasion). Je suis donc particulièrement contente d’avoir jeté mon dévolu sur cet ouvrage, dont je n’attendais rien, et qui fut pourtant une véritable révélation.Jean-Michel Delacomptée signe un savoureux roman historique aux allures de friandise, dont les ingrédients avaient il est vrai tout pour me séduire : une héroïne forte et ambiguë ; un cadre dépaysant ; un pays en proie à une invasion imminente ; une intrigue ludique faisant la part belle aux échecs et à la stratégie… La mayonnaise a pris, et je me suis effectivement régalée tout au long de ma lecture (je l’ai lu en entier entre minuit et deux heures du matin, alors que ma prime intention était de m’interrompre à la moitié).
Première remarque : quel plaisir de lire un roman écrit au passé simple ! J’ai parfois l’impression que les auteurs français ne savent plus écrire autrement qu’au présent, une manie qui a le don de m’agacer (il faut vraiment que l’histoire soit bonne et le style très inspiré pour que cela fonctionne). Certains jugeront peut-être le récit au passé trop classique, mais je trouve pour ma part cela très reposant. Encore faut-il que la plume de l’auteur soit à la hauteur, ce qui est le cas ici.
Première remarque : quel plaisir de lire un roman écrit au passé simple ! J’ai parfois l’impression que les auteurs français ne savent plus écrire autrement qu’au présent, une manie qui a le don de m’agacer (il faut vraiment que l’histoire soit bonne et le style très inspiré pour que cela fonctionne). Certains jugeront peut-être le récit au passé trop classique, mais je trouve pour ma part cela très reposant. Encore faut-il que la plume de l’auteur soit à la hauteur, ce qui est le cas ici.
J’ai aimé le petit côté merveilleux qui se dégage de cette histoire, pourtant ancrée dans un contexte spatio-temporel bien défini. Le sacrifice des dames oscille constamment entre la fable et le récit historique documenté, et le réalisme assez cru de certaines descriptions tranche avec la fantaisie dont nous régale parfois l’auteur. Si j’ai bien compris, ce dernier est spécialisé dans les portraits littéraires romanesques de personnages historiques (il a notamment écrit sur François II, Racine, Bossuet ou encore Ambroise Paré). Il nous transporte ici en Hongrie durant la Renaissance, sous le règne du jeune Louis II. Le lecteur fait la connaissance de Judit, sympathique adolescente rebelle aux idées bien arrêtées. Le personnage n’est cependant pas si lisse qu’il y paraît au premier abord, et sa quête de pouvoir emprunte des voies surprenantes, qui font tout le sel de ce roman.Le récit est efficacement mené, les personnages bien croqués, et le contexte politique de l’époque savamment distillé par petites touches. Le roman trouve son apothéose dans la description très pince-sans-rire d’une délectable (et atypique) partie d’échecs, brillamment restituée par Jean-Michel Delacomptée dans une longue et minutieuse séquence qui vous laissera peut-être de marbre, mais dont j’ai pour ma part adoré le côté absurde et volontairement excessif (j’ai souri à plusieurs reprises).
Pour résumer : Le sacrifice des dames est un très bon roman, dense et distrayant (ce qui est évidemment une qualité à mes yeux). Il ne plaira peut-être pas à tout le monde, mais j’ai totalement adhéré au style et aux partis-pris narratifs de l’auteur, qui a su maintenir mon intérêt jusqu’à la fin.
Pour résumer : Le sacrifice des dames est un très bon roman, dense et distrayant (ce qui est évidemment une qualité à mes yeux). Il ne plaira peut-être pas à tout le monde, mais j’ai totalement adhéré au style et aux partis-pris narratifs de l’auteur, qui a su maintenir mon intérêt jusqu’à la fin.
Une belle surprise. J’ai beaucoup aimé !
Une très belle découverte. Merci.
très envie, dis donc!
Pour moi peu importe présent ou passé simple (mais j'aime le passé simple, les longues phrases, etc;) Je déteste quand on confond imparfait et passé simple, l'un et l'autre ont des usages précis, hélas bien oubliés parfois.