Le consentement – Vanessa Springora


Grasset, 2020, 207 pages

Livre lu dans le cadre du Prix Elle 2020.

La première phrase :

Les contes pour enfants sont source de sagesse.


La quatrième de couverture :

Séduite à l’âge de quatorze ans par un célèbre écrivain quinquagénaire, Vanessa Springora dépeint, trois décennies plus tard, l’emprise que cet homme a exercée sur elle et la trace durable de cette relation tout au long de sa vie de femme. Au-delà de son histoire intime, elle questionne dans ce récit magnifique les dérives d’une époque et la complaisance d’un milieu littéraire aveuglé par le talent et la notoriété.


L’opinion de Miss Léo :


Je n’apprécie guère les « romans-témoignages », pourtant très à la mode depuis une dizaine d’années. Soyons honnêtes : je n’aurais jamais lu Le consentement s’il n’avait pas été en lice pour le Prix Elle, dans la catégorie “Documents”. Certaines voudraient lui décerner le prix : je suis pour ma part nettement plus dubitative.

Le Consentement est souvent qualifié de « roman important ». Pour Vanessa Springora : sûrement. Pour les lecteurs et la société : je ne serais pas aussi affirmative. La découverte de ce témoignage ne m’a en effet rien apporté de plus que ce que j’avais déjà pu en lire dans les médias. Le récit de Vanessa Springora est sobre et sincère, et je comprends parfaitement sa démarche, mais je reste sceptique quant à son intérêt et sa portée réels… L’histoire de cette jeune adolescente est certes touchante, édifiante à bien des égards, mais le livre en lui-même n’a rien d’enthousiasmant, et ne fera à mon sens guère avancer le schmilblick. Le consentement ne doit sa publication qu’à la notoriété de l’auteur et de son prédateur, et n’aura probablement aucun impact sur le quotidien de milliers d’anonymes abusés.

J’ai néanmoins apprécié l’honnêteté et la pudeur avec lesquelles Springora raconte son histoire, pourtant glauque et écoeurante au possible. L’odieux Matzneff en prend pour son grade, ce qui est totalement mérité. Les faits relatés par l’auteur sont à vomir, tout comme les réactions qui ont accueilli la sortie du livre. On s’offusque en haut lieu des scandaleuses « révélations » de Vanessa Springora… mais tout le monde savait, et personne n’a rien fait, qu’il s’agisse d’éditeurs ou de journalistes prêts à retourner leur veste pour se conformer à l’idéologie dominante.

Chaque mot est soigneusement choisi, mais le récit n’a rien d’exceptionnel sur le plan littéraire, contrairement à ce que j’ai pu lire ici ou là (le style, quoique supérieur à celui de bien des témoignages du même genre, demeure de mon point de vue extrêmement simple et peu marquant). J’ai également regretté que le livre tourne parfois au règlement de comptes, notamment lorsque Vanessa Springora dénonce le rôle joué par ses parents « complices ».

De façon générale, j’ai davantage aimé la dernière partie, dans laquelle l’auteur prend du recul et de la hauteur par rapport à sa propre histoire, et entame une réflexion sur la notion de consentement. Son propos m’a semblé limpide, et profondément intelligent. Contrairement à beaucoup de mes co-jurées, je ne pense cependant pas qu’il faille « absolument » le lire ; il y a bien d’autres manières de s’informer, et j’aurais préféré lire des articles de presse fouillés plutôt qu’un livre-témoignage sur le sujet. Comme souvent, l’emballement médiatique fausse la perception que l’on peut avoir d’une œuvre.



2 thoughts on “Le consentement – Vanessa Springora

  1. Ce n’est pas mon genre non plus, les témoignages ou les autofictionneries. Mais celui-ci, je vais le lire, ne serait-ce que pour me faire ma propre idée.

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