Titre original : La Llave del Abismo
Traduction (espagnol) : Marianne Millon
Actes Sud, 2007/2009, 380 pages
La première phrase :
Par une vilaine matinée d’automne, un jeune homme appelé Klaus Siegel sortit de chez lui dans une petite rue de l’Ouest de Dortmund et se dirigea à pied vers la gare.
L’histoire :
Le jour se lève sur une Allemagne pluvieuse et futuriste. Le jeune Daniel Kean, vingt-neuf ans, s’apprête à prendre son service à bord du Grand Train de 7h45 à destination de Hambourg. Une journée comme les autres ? Pas sûr. Dans le véhicule de verre et d’acier vont se jouer les premières scènes d’un drame métaphysique, qui pourrait bien mener l’espèce humaine à la destruction de Dieu en personne.
L’opinion de Miss Léo :
(J’écris ce billet alors que j’ai déjà rendu le livre à la bibliothèque. Il est donc possible que certaines références manquent de précision, d’autant plus que j’ai terminé le roman il y a plus d’un mois.)
Encore un Somoza ! Je crois qu’il ne s’agit ni plus ni moins que de l’écrivain le plus chroniqué sur le blog (sans compter mon futur (?) billet sur L’appât, à l’état de brouillon depuis maintenant plus d’un an). Je ne m’en lasse pas ! Je me réjouis d’ailleurs de la publication prochaine d’un nouveau roman de l’auteur, sachant qu’il ne m’en reste plus qu’un seul à lire (La dame n°13, pour les connaisseurs). Tout fout le camp…
Quelques considérations futiles pour commencer: j’adore la couverture, dérangeante et intrigante comme je les apprécie ; j’aime aussi le titre, que je trouve très attirant, mais aussi délicieusement vertigineux. Comme toujours chez Somoza, l’envoûtement est immédiat, et le lecteur se retrouve instantanément immergé dans un univers décalé, dont les spécificités étranges sont dévoilées par petites touches. La clé de l’abîme se déroule dans un futur lointain : les Hommes ont changé, la société aussi. Nous faisons la connaissance de Daniel, entraîné malgré lui dans une folle course-poursuite impliquant plusieurs groupes armés aux motivations pour le moins obscures. La dimension mystique de l’intrigue apparaît très rapidement, au travers de multiples références à Dieu et aux textes sacrés (qui ne sont de toute évidence pas les mêmes que ceux que nous connaissons aujourd’hui).
Autant le dire tout de suite : il ne s’agit pas de mon Somoza préféré. Cela ne signifie cependant pas que ce roman soit moins bon que les autres. Non, je crois plutôt que celui-ci était tout simplement moins en phase avec mes goûts personnels, l’histoire se déroulant dans un univers futuriste assez hermétique, auquel j’ai parfois eu du mal à adhérer. Il m’aura ainsi fallu du temps pour parvenir à m’intéresser à des personnages et des lieux que je me représentais difficilement, et je reconnais avoir trouvé quelque peu longuets certains passages, lorgnant ouvertement du côté du roman d’aventures à la Stevenson (pas ma tasse de thé). Japon, Nouvelle-Zélande, îles mystérieuses, étranges contrées souterraines et sous-marines… On voyage beaucoup, sans bien saisir le pourquoi du comment.
Ma lecture fut donc un peu plus laborieuse qu’à l’accoutumée, au point que j’en vins à me demander s’il ne s’agirait pas en fin de compte de ma première déception somozienne. C’est alors que je fus envahie par une brillante intuition salvatrice (n’ayons pas peur des mots), qui m’amena à reconsidérer d’un oeil neuf l’ensemble de l’ouvrage, contribuant ainsi à raviver mon intérêt pour une intrigue dont je commençais à me lasser après une petite cent-cinquantaine de pages (c’est d’ailleurs avec un plaisir non dissimulé que je vis ma théorie confirmée dans les derniers chapitres).
Encore un Somoza ! Je crois qu’il ne s’agit ni plus ni moins que de l’écrivain le plus chroniqué sur le blog (sans compter mon futur (?) billet sur L’appât, à l’état de brouillon depuis maintenant plus d’un an). Je ne m’en lasse pas ! Je me réjouis d’ailleurs de la publication prochaine d’un nouveau roman de l’auteur, sachant qu’il ne m’en reste plus qu’un seul à lire (La dame n°13, pour les connaisseurs). Tout fout le camp…
Quelques considérations futiles pour commencer: j’adore la couverture, dérangeante et intrigante comme je les apprécie ; j’aime aussi le titre, que je trouve très attirant, mais aussi délicieusement vertigineux. Comme toujours chez Somoza, l’envoûtement est immédiat, et le lecteur se retrouve instantanément immergé dans un univers décalé, dont les spécificités étranges sont dévoilées par petites touches. La clé de l’abîme se déroule dans un futur lointain : les Hommes ont changé, la société aussi. Nous faisons la connaissance de Daniel, entraîné malgré lui dans une folle course-poursuite impliquant plusieurs groupes armés aux motivations pour le moins obscures. La dimension mystique de l’intrigue apparaît très rapidement, au travers de multiples références à Dieu et aux textes sacrés (qui ne sont de toute évidence pas les mêmes que ceux que nous connaissons aujourd’hui).
Autant le dire tout de suite : il ne s’agit pas de mon Somoza préféré. Cela ne signifie cependant pas que ce roman soit moins bon que les autres. Non, je crois plutôt que celui-ci était tout simplement moins en phase avec mes goûts personnels, l’histoire se déroulant dans un univers futuriste assez hermétique, auquel j’ai parfois eu du mal à adhérer. Il m’aura ainsi fallu du temps pour parvenir à m’intéresser à des personnages et des lieux que je me représentais difficilement, et je reconnais avoir trouvé quelque peu longuets certains passages, lorgnant ouvertement du côté du roman d’aventures à la Stevenson (pas ma tasse de thé). Japon, Nouvelle-Zélande, îles mystérieuses, étranges contrées souterraines et sous-marines… On voyage beaucoup, sans bien saisir le pourquoi du comment.
Ma lecture fut donc un peu plus laborieuse qu’à l’accoutumée, au point que j’en vins à me demander s’il ne s’agirait pas en fin de compte de ma première déception somozienne. C’est alors que je fus envahie par une brillante intuition salvatrice (n’ayons pas peur des mots), qui m’amena à reconsidérer d’un oeil neuf l’ensemble de l’ouvrage, contribuant ainsi à raviver mon intérêt pour une intrigue dont je commençais à me lasser après une petite cent-cinquantaine de pages (c’est d’ailleurs avec un plaisir non dissimulé que je vis ma théorie confirmée dans les derniers chapitres).
Voyez-vous, Somoza reste (et restera toujours) Somoza. C’est pourquoi La clé de l’abîme débute comme un thriller futuriste bizarroïde, pour se métamorphoser progressivement en brillant jeu de pistes littéraire, parsemé d’indices accessibles au lecteur attentif et averti. Les pérégrinations de David se doublent d’une passionnante quête métaphysique, qui débouchera sur la plus surprenante et la plus rationnelle des explications. Oui, je l’avais vue venir. Non, cela n’entacha en rien la satisfaction que je ressentis en découvrant l’ultime pied de nez de l’écrivain espagnol, dont l’imagination et l’érudition parviennent à sublimer ce roman d’apparence foutraque et austère, lequel prend comme souvent la forme d’une réjouissante mise en abyme (le titre me paraît à cet égard tout à fait pertinent). Le “festival” commence dès la citation placée en exergue, soi-disant extraite d’un texte “pré-biblique”, qui est en réalité une citation d’un roman de… Somoza lui-même ! J’ai bugué dessus pendant quelques (très) longues secondes (je savais que je l’avais déjà lue quelque part, mais il m’a fallu un certain temps pour retrouver où, à savoir dans Daphné disparue). Voici typiquement le genre de détail qui me fait frétiller d’excitation ; autant dire que j’étais déjà conquise, avant même d’avoir entamé la lecture du premier chapitre (même si la suite se révéla plus difficile que prévu) !
Pour résumer : ce titre n’est pas forcément le plus adapté pour découvrir l’auteur, mais n’en demeure pas moins fascinant et profondément jubilatoire. Somoza brouille les pistes, dans un récit romanesque à mi-chemin entre SF post-apocalyptique et puzzle littéraire, qui multiplie les clins d’oeil à destination d’un lecteur complice. Je me suis régalée, en dépit de toutes les réserves que j’ai pu nourrir en cours de route vis à vis de ce roman parfois bancal, qui peine à trouver son rythme de croisière, et dont la principale faiblesse demeure selon moi le manque d’approfondissement des personnages (aucune figure marquante n’émerge de cette longue course-poursuite).
Petite recommandation : mieux vaut avoir quelques notions concernant l’oeuvre de H.P. Lovecraft avant d’aborder La clé de l’abîme. Je n’ai pas (encore) lu ses nouvelles, mais je vis avec un fan de l’auteur (oui, je sais, j’ai beaucoup de chance) ; j’ai donc déjà eu l’occasion de me documenter sur son univers, ce qui m’a apporté quelques clés pour décrypter le roman de Somoza. Je ne peux pas en dire plus, mais sachez que les références à la Couleur m’ont mise sur la voie (en plus d’attiser ma curiosité) ! Je pense m’attaquer très prochainement à quelques récits lovecraftiens, afin de ne pas baigner trop longtemps dans mon inculture.
Un roman stimulant et totalement addictif (pas le meilleur Somoza, mais je lui pardonne volontiers ses petites faiblesses).
Mes parents m’ont offert La Dame n°13 à Noël.
Je pense attendre un peu avant de le lire, afin de faire durer le plaisir !
Je pense attendre un peu avant de le lire, afin de faire durer le plaisir !
Il y a peu de temps, j'ai donné une formation sur la littérature espagnole et j'avais suggéré à mes stagiaires de lire avant un roman de Somoza (entre autres), n'importe lequel. Ce qu'il y a de bien avec cet auteur, c'est qu'il peut alimenter de nombreuses, fructueuses et divergentes conversations !
Aie Aie, toujours pas lu Somoza, il va falloir que je me lance… Je pense cependant suivre tes conseils et commencer par un autre titre. Tu as une recommandation?
Somoza un jour, Somoza toujours ! Miam ! "La dame n°13" est un des meilleures pour moi, je l'ai beaucoup aimé ! Tu vas te régaler ! Pour ma part, il me reste "L'appât" en attendant sa très prochaine publication.
Je ne connais pas du tout mais il me semble que l'univers de cet auteur ne me conviendrait pas.
Somoza a su me passionner avec de nombreux titres, même si j'ai été déçu par les plus récents (notamment par celui-ci). J'ai d'ailleurs "Daphné Disparue" dédicacé 🙂 Mon préféré reste sans conteste "La Dame n°13", alors bonne lecture !!!
La dame n°13 est sans conteste mon préféré de Somoza !!! Régale-toi bien 🙂