Train d’enfer pour ange rouge – Franck Thilliez

Editions Pocket, 2003, 436 pages

 
Les premières phrases :

Martin Leclerc, mon divisionnaire, me demandait de rentrer d’urgence au 36. Un corps sans vie avait été découvert, mutilé d’une façon atroce…

 

L’histoire :
Paris, à la merveilleuse époque des débuts de l’ADSL.
Le commissaire Franck Sharko, encore hanté par la disparition mystérieuse de sa femme Suzanne six mois auparavant, enquête sur le décès d’une jeune femme apparemment sans histoires, dont le corps atrocement mutilé vient d’être découvert à son domicile. La scène de crime révèle un meurtre d’une incroyable sauvagerie, la victime ayant semble-t-il péri après une longue et douloureuse agonie. La découverte d’un deuxième cadavre, portant lui-même les traces des pires sévices, vient confirmer les craintes de Sharko. Et si le meurtrier était en réalité un redoutable tueur en série démoniaque, dans la plus pure tradition américaine ?? Epaulé par l’inspecteur Sibersky et la “profileuse” Elizabeth Williams, notre super-flic perturbé va tout mettre en oeuvre pour stopper ce déferlement de violence, et se lance corps et âme dans une traque dont il ne sortira pas indemne

 

L’opinion de Miss Léo :

 

Monsieur Franck Thilliez, ingénieur et informaticien de formation, est un auteur français “bankable”, connu pour ses intrigues haletantes et savamment construites, faisant la part belle aux innovations scientifiques et aux nouvelles technologies. C’est donc positivement intriguée que je décidai de me plonger dans l’oeuvre prometteuse de ce jeune romancier, avec d’autant plus d’enthousiasme que je suis depuis toujours amatrice de thrillers et de littérature policière. On ne peut malheureusement pas dire que j’aie été particulièrement charmée par les écrits de monsieur Thilliez…

 

Franck Thilliez

 
Echaudée mais pas complètement désespérée après une première tentative peu fructueuse (L’anneau de Moebius, que j’avais déjà trouvé très décevant), je souhaitais néanmoins laisser une deuxième chance à l’auteur. Mon choix se porta alors sur son premier roman, Train d’enfer pour ange rouge. J’ai sélectionné ce titre parce que le mot “train” me permettait d’inscrire une nouvelle participation au challenge de notre amie la Comète, ce qui est à n’en pas douter un critère particulièrement pertinent. Hélas ! Force est de constater que ce deuxième opus ne fut pas non plus à la hauteur de mes attentes. Je l’ai trouvé assez mauvais, tant dans sa construction que dans son style.

 

L’oeuvre de Franck Thilliez se caractérise avant tout par une accumulation de descriptions très détaillées de corps torturés, malmenés, que l’auteur donne à voir au lecteur dans toute leur horreur. Le procédé est assez racoleur. Je ne suis pas particulièrement sensible à la violence de façon générale. Je ne suis pas du genre à tourner de l’oeil à la première goutte de sang, et les scènes d’autopsie ne me posent aucun problème (il faudrait peut-être que je songe à consulter un psy). J’ai pourtant ressenti un certain agacement devant le côté gratuit et malsain de ces (nombreuses) scènes de pur voyeurisme. Oui, le tueur est un monstre, qui se singularise par l’extrême violence de ses crimes, à la limite de l’insoutenable. Doit-on pour autant se repaître de l’image d’une jeune femme clouée à une table par les seins ? Cela me parait plus que discutable, et je ne suis pas persuadée que cela apporte grand chose à l’intrigue.

 

Je n’ai pas été davantage convaincue par la description des milieux SM, vers lesquels semble devoir s’orienter l’enquête. J’y vois surtout un prétexte pour montrer d’autres scènes de violence et d’humiliation. Cela ne me passionne guère, et je reconnais avoir été gagnée par l’ennui aux deux tiers du livre. Cette torpeur est peut-être due au manque d’épaisseur des personnages secondaires, qui sont décidément bien ternes. La criminologue n’est pas très crédible, et se retrouve vite complètement dépassée par les évènements. Pourquoi  s’obstine-t-elle à vouloir trouver une interprétation religieuse aux meurtres, quand l’explication rationnelle (évidente) se trouve juste sous son nez ?? Le sommet du ridicule est atteint avec le personnage de Doudou Camélia, vieille voisine voyante, aux propos de laquelle les enquêteurs accordent une importance totalement démesurée.

 

“- L’homme sans visage ! Il est venu su’ Te’e pou’ p’opager le Mal !
– Et à quoi ressemble-t-il, ce malin, Doudou ?”

 

Sans commentaire…

 

L’aspect technologique se limite ici à l’utilisation d’Internet à des fins criminelles, rendue plus efficace par la prolifération et la démocratisation du haut-débit : forums, cryptage de données, diffusion de vidéos à caractère pornographique sado-masochiste, snuff-movies… Ce qui était encore nouveau à l’époque de l’écriture du livre parait aujourd’hui daté, dépassé, voire obsolète.

 

Cerise sur le gâteau : j’ai trouvé le coupable (sans aucune fierté) aux environs de la page 50 ! C’était gros comme le nez au milieu de la figure. Que l’on me permette de m’esclaffer bruyamment la prochaine fois que quelqu’un me parlera de “suspense insoutenable” à propos de ce livre ! J’ai continué ma lecture en me disant que je m’étais probablement trompée, que la solution ne pouvait être aussi évidente. Las ! Après une centaine de pages de fausses pistes maladroitement orchestrées, voilà-t-y pas que mon hypothèse initiale se révéla exacte. Tout ça pour ça. Quelle déception !

 

A cela s’ajoute un léger manque de rythme, quelques longueurs, mais aussi quelques fautes de grammaire et d’accord qui m’ont fait bondir de mon siège. Le style reste plutôt agréable dans l’ensemble, mais j’ai trouvé que certains dialogues manquaient de réalisme et de naturel. Certes, il ne s’agissait là que d’un premier roman, mais je ne me souviens pas d’avoir été particulièrement emballée par le style narratif de L’anneau de Moebius, pourtant paru en 2008.

 

Non, vraiment, je ne comprends pas l’engouement pour cet auteur, dont les romans sont à mes yeux bien fades et très surévalués. On est très très loin d’un Ellory, dont j’ai justement lu Les anonymes avant de commencer le Thilliez (je vous en reparlerai d’ici quelques jours). Me reste à découvrir Vertige, qui nous a été offert à Noël. Peut-être serai-je agréablement surprise (on y croit)…

 

Amateurs de bons polars, s’abstenir ! A lire en vacances à la rigueur…
 
Ma critique n’est pas très gentille, mais vous trouverez des avis plus positifs chez Syl. et Calypso. Franck Thilliez ne fait apparemment pas l’unanimité sur la blogosphère, et j’ai lu un certain nombre de billets négatifs sur ses autres romans. A vous de juger !
 
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Nouvelle participation au challenge En train de Lire, organisé par Une Comète (indépendamment du titre, on croise dans ce roman un passionné de modélisme ferroviaire, qui transmet au commissaire Sharko une jolie petite locomotive à vapeur, sobrement baptisée “Poupette” par ce dernier).

 


 
Nouvelle couleur pour le challenge Petit Bac d’Enna.

 

11 thoughts on “Train d’enfer pour ange rouge – Franck Thilliez

  1. J'aime bien Franck Thilliez et pour avoir lu plusieurs de ses œuvres, je préfère de loin La mémoire fantôme et Fractures. Voilà (et bises of course).

    1. Bon, j'essayerai peut-être un de ces deux là pour me faire une idée définitive. L'anneau de Moebius ne m'avait pas complètement déplu, mais je n'avais pas été totalement conquise non plus. Merci de ton avis éclairé !

  2. Merci Miss Léo ! Dis-donc, il a plutôt l'air gentil le monsieur sur la photo… Mais ce que tu dis du bouquin ne me tente pas franchement 🙂

    1. D'autres ont pourtant aimé… Je ne sais pas pourquoi je n'arrive pas à accrocher avec cet auteur (qui a effectivement l'air tout gentil sur la photo).

  3. Pour ma part, je n'ai pas essayé non plus. Certains l'apprécient beaucoup et donnent envie, mais il y a tout de même trop de billets négatifs bien détaillés dans lesquels il me semble que je me retrouverais…

    1. Il y a quelque chose qui me gêne chez cet auteur, qui possède indéniablement des qualités, mais à l'oeuvre duquel je n'arrive pas à adhérer.
      A demain pour mon grand retour sur la scène des 12 d'Ys !

  4. Je n'ai jamais lu cet auteur. J'ai toujours un peu hésité. Mais ce que tu dis de ce livre a tout pour m'agacer. Pas certaine que je le lirai!

    1. Certains adorent… J'ai effectivement ressenti de l'agacement, mais je suis parfois un peu difficile. 😉 Merci de ta visite et de ton commentaire.

  5. Oh dis, c'est la première fois que je croise quelqu'un d'autre que moi qui n'est pas fan de cet auteur (L'anneau de Moebuis m'avait aussi beaucoup déçue).

  6. Bonjour, Mon père m'a prété ce le livre mais je ne vais peut être pas le lire.. j'ai découvert Thilliez avec Fractures que j'ai bien aimé !

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