Dessin : Jean-Michel Beuriot
Scénario : Philippe Richelle
Couleurs : Scarlett Smulkowski
Casterman, 2001 à 2013 (en cours de publication), de 54 à 84 pages par tome
Tome 1 : Le dernier printemps
Tome 2 : Un été à Paris
Tome 3 : Maria
Tome 4 : Katarina
Tome 5 : Résistance (pas lu)
Tome 6 : L’armée indigne (pas lu)
L’histoire :
Berlin, 1932. Martin Mahner, encore lycéen, assiste consterné et impuissant à la montée en puissance du fascisme en Allemagne. D’un naturel timide, surtout avec les filles, il s’éprend de Katarina Braun, sa voisine, fille d’un médecin juif. Tous deux vont connaître les années sombres du nazisme, qu’ils fuiront en s’expatriant à Paris, où ils ne trouveront cependant pas le havre de paix tant espéré. La guerre éclate… Mobilisé, Martin se voit contraint de regagner l’Allemagne, tandis que Katarina, restée en France, s’efforce tant bien que mal de dissimuler ses origines juives. La série suit également le destin de Maria, ancienne compagne de Martin, laquelle choisit de s’engager dans la Résistance allemande, alors que règne un insupportable climat de délation et d’intimidation.
L’opinion de Miss Léo :
J’ai découvert Amours fragiles complètement par hasard au mois de septembre, alors que j’explorais frénétiquement et méticuleusement les bacs à BD de ma bibliothèque chérie. J’ai une nouvelle fois eu la main heureuse, puisque je suis instantanément tombée sous le charme du premier tome, lequel inaugure de bien belle façon une série intelligente et fort bien illustrée. C’est donc avec grand plaisir que j’ai emprunté la semaine dernière le quatrième volume de la saga, qui confirme tout le bien que je pensais déjà du travail de Beuriot et Richelle (c’est pourquoi je me décide enfin à écrire mon billet).
J’ai d’abord été séduite par les dessins, que je trouve remarquables de finesse et de précision. Ceux-ci servent à merveille un scénario complexe et riche en rebondissements, aussi rigoureux dans la forme que dans le fond. Les nombreux protagonistes de cette histoire d’amours contrariées sur fond de Deuxième Guerre Mondiale et d’antisémitisme ne se résument fort heureusement pas à de banals et manichéens archétypes (l’allemand anti-nazi, la pauvre juive persécutée, le vilain collaborateur) ; les auteurs donnent vie à une galerie de personnages crédibles et consistants, aux spécificités attachantes et intéressantes, suscitant des sentiments très divers chez le lecteur. Les dialogues sonnent juste, et la lecture en est très agréable, ce qui ne diminue évidemment en rien l’intérêt de cette formidable épopée.
Le contexte historique est quant à lui admirablement restitué. A travers le destin de Martin et de ses proches défilent sous nos yeux dix années décisives dans l’Histoire du XXème siècle et de l’humanité, de Berlin à Paris, en passant par Cologne et le sud de la France (alors situé en Zone Libre). On suit en filigrane les aventures d’une poignée de personnages principaux, mais la narration effectue à plusieurs reprises des sauts dans le temps et dans l’espace, la diversité des lieux traversés et la multiplicité des points de vue permettant d’aborder différents aspects de la vie quotidienne des populations française et allemande durant cette période troublée. Chaque album adopte ainsi un angle différent. Le premier tome se consacre exclusivement à l’arrivée au pouvoir des nazis, et aux conséquences immédiates pour le peuple allemand. Violence arbitraire des SS, prolifération de la haine et de l’agressivité, division entre partisans et opposants au régime… Martin incarne cette poignée d’allemands hostiles au nazisme, écoeurés par les dérives totalitaires d’un pays qu’ils ne reconnaissent plus. Il sera toutefois rattrapé par ses origines, et contraint de s’engager dans la Wehrmacht. Le deuxième tome se déroule à Paris, et évoque le sort réservé aux allemands expatriés en France après la déclaration de guerre. Le troisième tome s’intéresse quant à lui à la Résistance allemande, à travers le personnage de Maria, qui fut un temps la petite amie de Martin à Paris; il s’agit selon moi de l’album le plus émouvant, et je suis infiniment reconnaissante aux auteurs d’avoir choisi de s’attarder sur ce point précis. Pour finir, le quatrième tome évoque les dérives du régime de Vichy, en particulier la mise en place des lois anti-juives, et l’aryanisation progressive des grandes et petites entreprises françaises. Il est temps pour chacun de choisir son camp !
Les quatre premiers tomes mis bout à bout constituent un ensemble dense et poignant, dont il me tarde de pouvoir découvrir la suite. Il me reste à lire les deux derniers volumes parus à ce jour, mais je ne crois pas qu’ils les aient à la bibliothèque (j’en suis même sûre concernant le tome 6, qui est sorti il y a à peine une semaine). Sacrebleu !
Une excellente série historique, à lire si vous aimez les scénarios bien construits, les dessins sobres et réalistes et les personnages attachants. Coup de coeur !
C'est une bande dessinée pour moi, j'espère la trouver à la bibliothèque !
Je l'espère aussi ! Je suis vraiment contente de cette trouvaille.
Tu m'as convaincue ! Je note pour mon prochain passage en biblio (sûrement cette aprem ou demain)
Alors, tu les as trouvés ?
Je la note et je vais aller tout de suite voir si je peux la trouver en bibliothèque !
As-tu pu les emprunter ? De mon côté, je suis bien embêtée, car ma bibli ne possède pas les tomes 5 et 6…
Tu te doutes bien qu'avec une histoire pareille, tu ne peux que me convaincre !
^ ^ (Sourire innocent) ^ ^
Lu et approuvé par Miss Léo : je le note (même si c'est une série). Pendant une pause, ce petit tag t'attend :http://jemelivre.blogspot.fr/2013/12/sisterhood-of-world-bloggers-award-avec.html
Chère Philisine,
J'ai vu ton tag, mais je n'ai pas eu le temps d'y répondre. De toute façon, je crois que j'avais déjà répondu à plusieurs des questions posées dans d'autres tags !
Je te remercie, et te souhaite de bonnes vacances et de joyeuses fêtes.
Une BD que je ne connaissais pas et qui me semble excellente. Merci pour la découverte !