Une colonne de feu – Ken Follett

Titre original : A Column of Fire
Traduction : Cécile Arnaud, Jean-Daniel Brèque, Odile Demange, Nathalie Gouyé-Guilbert, Dominique Haas
Robert Laffont, 2017, 928 pages

 

La première phrase :

Nous l’avons pendu sur le parvis de la cathédrale de Kingsbridge.

 

L’opinion de Miss Léo :

Miracle : j’ai enfin trouvé le temps de me plonger dans le dernier pavé historique de Ken Follett ! Souvenez-vous : j’avais été très agacée (et quelque peu échaudée) par la trilogie du Siècle, qui accumulait les invraisemblances scénaristiques, et se distinguait par son extrême pauvreté stylistique, ses dialogues plus que médiocres et sa ribambelle de personnages monolithiques et manichéens.

Ken Follett est pourtant un auteur qui m’inspire de la sympathie (c’est pourquoi je continue malgré tout à me laisser tenter). Une colonne de feu marque les retrouvailles du lecteur avec la ville de Kingsbridge, où vivent désormais le jeune Ned Willard et sa famille. Le roman, dont l’intrigue se déroule dans divers pays européens (Angleterre et France, mais aussi Espagne, Suisse, Écosse et Pays-Bas), couvre une période s’étendant de 1558 à 1610, marquée par les affrontements entre Catholiques et Protestants.

Si le récit se donne parfois des airs de roman d’aventures et d’espionnage, ce sont surtout les intrigues politiques et les guerres de Religion qui constituent le coeur de ce troisième opus de la trilogie entamée il y a vingt-cinq ans avec Les piliers de la terre. Les Tudor et les Valois n’auront plus de secret pour vous, et vous considérerez Elisabeth, Marie Stuart et Catherine de Médicis comme de vieilles amies. Vous maudirez les Guise, et prendrez fait et cause pour les Protestants massacrés le jour de la Saint Barthélémy.

Comme toujours avec Ken Follett, le fond historique est extrêmement bien documenté, et intégré de façon extrêmement vivante au roman, lequel se révèle très plaisant à lire pour cette raison. On se prend au jeu, et les neuf cent pages passent comme une lettre à la poste (pour une fois, l’auteur nous épargne les multiples scènes de dépucelage un peu niaises qui étaient jusque là sa marque de fabrique : ouf !).

Après, ce n’est pas non plus le roman du siècle (en toute objectivité). La cohabitation des personnages historiques et de fiction fonctionne assez mal, et l’ensemble demeure très manichéen. Certains personnages sont attachants (à l’image de la libraire Sylvie Palot), mais Ned Willard est insupportable de perfection, et le (très) méchant Pierre Aumande se révèle trop caricatural pour être convaincant. On n’apprend finalement pas grand chose de neuf sur la période, malgré l’accumulation de faits historiques, et la volonté d’exhaustivité nuit à la qualité du récit (on a parfois l’impression de lire une compilation de pages Wikipedia sur la Renaissance). Le roman est peut-être trop ambitieux, et aurait sûrement gagné à se recentrer sur quelques personnages (ce qui aurait évité quelques longueurs, redites et autres grosses ficelles narratives).

On trouve globalement moins de facilités dans Une colonne de feu que dans la trilogie du Siècle, mais la mayonnaise ne prend pas totalement, et l’intrigue romanesque concoctée par l’auteur gallois se révèle légèrement décevante. C’est vite lu, vite oublié, et Ken Follett n’arrive pas à la cheville d’un Stefan Zweig, dont la biographie de Marie Stuart était autrement plus exaltante ! Les piliers de la terre demeure (et de très loin) le meilleur et le plus intéressant des romans historiques de l’auteur. La question qui se pose maintenant est la suivante : retournerons-nous à Kingsbridge pour un ultime opus, et à quelle époque ? Pendant les guerres napoléoniennes ? Pendant la Révolution industrielle ? Le suspense reste entier !

 
Une fresque historique prenante et bien documentée.
Pas inoubliable, mais un bon moment de lecture tout de même.


 

2 thoughts on “Une colonne de feu – Ken Follett

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