La variante chilienne – Pierre Raufast

Alma Editeur, 2015, 262 pages

 

La première phrase :
Tout commença par une grande frayeur.

 

L’histoire :
(résumé de l’éditeur)
Il était une fois un homme qui rangeait ses souvenirs dans des bocaux.
Chaque caillou qu’il y dépose correspond à un évènement de sa vie. Deux vacanciers, réfugiés pour l’été au fond d’une vallée, le rencontrent par hasard. Rapidement des liens d’amitiés se tissent au fur et à mesure que Florin puise ses petits cailloux dans les bocaux. À Margaux, l’adolescente éprise de poésie et à Pascal le professeur revenu de tout, il raconte. L’histoire du village noyé de pluie pendant des années, celle du potier qui voulait retrouver la voix de Clovis dans un vase, celle de la piscine transformée en potager ou encore des pieds nickelés qui se servaient d’un cimetière pour trafiquer.

 

L’opinion de Miss Léo :

 

Que les choses soient claires.Je fuis comme la peste la frénésie qui entoure chaque année cette risible comédie médiatique qu’est la Rentrée Littéraire. Je me contrefiche des nouvelles sorties, d’abord parce que je ne lis pratiquement que des poches, mais aussi parce que les titres les plus susceptibles de m’intéresser sont en règle générale des ouvrages d’auteurs anglo-saxons, déjà disponibles depuis plusieurs mois dans leur langue d’origine. Pas de quoi s’exciter…
 
N’étant pas à une contradiction près, j’ai tout de même décidé de faire quelques exceptions, ce qui explique pourquoi ma première chronique sur le blog, pour mon retour après trois mois d’absence, portera sur un roman fraîchement paru, à savoir la nouvelle pépite de Pierre Raufast, dont j’avais grandement apprécié La fractale des raviolis. Autant dire que j’attendais avec impatience ce nouvel opus !
 
Verdict : je suis sous le charme. La variante chilienne ne démérite pas, et s’inscrit dans la droite lignée de son prédécesseur, l’effet de surprise en moins. On y retrouve le talent de conteur de Pierre Raufast, qui nous régale une nouvelle fois par sons sens aigu de la narration, au service d’une oeuvre résolument placée sous le signe de l’imagination (celle là même qui fait si souvent défaut aux écrivains français). Le romancier compose une savoureuse mosaïque d’histoires tendres et farfelues, portées par une galerie de personnages inattendus et atypiques. Tour à tour histoire d’amour, d’amitié, fable fantastique, roman noir ou conte philosophique, La variante chilienne réussit l’improbable synthèse de multiples genres littéraires, dans un style fluide et épuré dénué de toute prétention.

 

L’idée des cailloux-souvenirs entassés dans des bocaux me plaît beaucoup ! J’ai également apprécié la convivialité qui se dégage de ce récit ô combien malicieux, dont la trame narrative est articulée autour de la rencontre de ces trois âmes esseulées et néanmoins complices que sont Florin, Pascal et Margaux. Le texte est ponctué de nombreux clins d’oeil à La fractale, et Pierre Raufast ne se départit jamais d’un certain humour noir teinté de poésie, qui se manifeste aux travers de bien jolies trouvailles (à découvrir en lisant le roman). J’aime cette légèreté morbide, qui constitue en quelque sorte la marque de fabrique d’une voix décidément bien singulière dans le paysage littéraire français.

 

Pour résumer : je suis fan, et j’attends avec impatience le prochain Raufast !
 
 
Un deuxième roman jubilatoire, d’une inventivité rafraichissante.
 
 

Livre gracieusement envoyé par l’éditeur, que je remercie. Quelle ne fut pas ma surprise en découvrant le nom de mon blog dans les remerciements figurant à la fin de l’ouvrage ! Pierre Raufast n’a sans doute pas fini de nous surprendre… 😉
 

 

9 thoughts on “La variante chilienne – Pierre Raufast

  1. J'avais déjà très envie de lire "La fractale des raviolis" et il en est de même de celui-ci que tu défends avec beaucoup d'enthousiasme. Et je trouve ça très sympa qu'il ait remercié les blogs qu'ils l'avaient soutenu.

  2. L'auteur est en effet très sympa, j'ai eu aussi la même jolie surprise (il faut dire que nous sommes toutes jeunes et aimons qu'on nous raconte des histoires…)

  3. …mais pourquoi fais tu cette tête là , on dirait que tu tiens une grenade dégoupillée ! Classe le petit mot de la fin 😉

  4. Je trouve cette variante plus aboutie que la fractale, c'est moins foufou, plus structuré au niveau de la narration. Bref, c'est meilleur et j'ai adoré 😉

  5. Bonjour Miss Leo, en effet, l'imagination de l'écrivain est fertile. J'ai préféré ce roman ci au premier dans lequel je me suis perdue. Bon dimanche.

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