Le Comte de Monte-Cristo – Alexandre Dumas

e-Book libre de droits, 1844, environ 1400 pages en poche

 

La première phrase : 
Le 24 février 1815, la vigie de Notre-Dame de la Garde signala le fameux trois-mâts fin comme un oiseau le Pharaon Hissez haut !, venant de Smyrne, Trieste et Naples.

 

L’histoire :

 

Marseille, 1815. Alors que Napoléon, exilé à l’île d’Elbe, se prépare à reprendre le pouvoir, le jeune marin Edmond Dantès, dix-neuf ans, fiancé à la catalane Mercédès, est victime d’un sinistre complot orchestré par son “ami” Danglars et son rival Fernand. Emprisonné au Château d’If sur décision du magistrat Villefort, il s’évade après quatorze longues années d’incarcération, et entreprend alors de se venger de ses bourreaux.

 
 
L’opinion de Miss Léo :
 

Avertissement préalable : j’aime lire des classiques, mais je déteste les chroniquer (je trouve cela sans intérêt). J’aurais néanmoins trouvé dommage de ne pas vous parler de ce célèbre roman de Dumas, fût-ce de façon succincte. Je vous avoue très franchement que je ne suis guère inspirée au moment d’écrire ce billet, qui sera donc court et peu développé (selon mes critères).

 

D’Alexandre Dumas, je n’avais lu que Les Trois Mousquetaires, dévoré goulûment quelques mois après avoir débuté l’escrime. Je ne comptais évidemment pas en rester là, la plupart des aficionados de l’auteur jugeant généralement Le Comte de Monte-Cristo ainsi que les suites des Mousquetaires supérieurs à ce premier opus. J’ai donc profité de mes dernières semaines de tranquillité avant l’irruption de Mini-Lionceau La Tornade pour engloutir les aventures d’Edmond Dantès, que je traînais dans ma liseuse depuis quelques années.

 

Je suis désormais en mesure de vous confirmer qu’il s’agit d’un excellent roman. Pour être totalement honnête, je lui ai tout de même trouvé quelques longueurs, notamment lors du séjour du Comte en Italie, quelques années après l’évasion de Dantès du Château d’If. On croise alors de nouveaux personnages, dont on peine d’abord à saisir le lien avec l’intrigue. Oh, on se doute bien qu’ils sont apparentés aux anciens “amis” de Dantès, et qu’ils auront un rôle à jouer dans la vengeance de ce dernier, mais cette partie n’en demeure pas moins un peu longuette. Autre reproche : Dumas use et abuse d’un procédé avec lequel j’ai énormément de mal, à savoir le “récit dans le récit” (lorsqu’un personnage relate avec moult détails des faits n’ayant semble-t-il rien à voir avec l’histoire). Pour tout vous dire, j’y étais déjà allergique lorsque je lisais la Comtesse de Ségur il y a trente ans, et j’ai pu constater que mon état d’esprit n’avait guère évolué depuis… Bien sûr, il n’y a pas une page inutile dans Le Comte de Monte-Cristo, et chaque détail trouvera ensuite sa justification, mais cela donne un texte parfois morcelé, ce qui peut entraîner quelques baisses d’intérêt.

 

Mon dernier bémol réside dans la personnalité de Monte-Cristo. Le Comte est un personnage assez antipathique, le jeune homme naïf et crédule des premiers chapitres se métamorphosant par la suite en riche manipulateur assoiffé de vengeance, il est vrai beaucoup moins attachant qu’un Athos (bon, d’accord, je ne suis pas objective). J’admets néanmoins que cette personnalité contrastée constitue également l’un des principaux intérêts du roman, qui aurait perdu beaucoup de sa substance, son personnage principal eût-il été plus lisse.

 

Ces réserves sont cependant balayées par la flamboyance de l’ensemble. Dumas signe un roman formidablement distrayant, à l’intrigue passionnante et admirablement construite. On assiste avec délectation à l’accomplissement de la machination implacable ourdie par Dantès, dont la patience n’a d’égale que la détermination. Celui-ci place méthodiquement ses pièces, en attendant de pouvoir porter l’estocade finale à ses ennemis. Machiavélique ! Le lecteur appréciera également la diversité des personnages rencontrés tout au long de cette vaste fresque, qui nous mène de Marseille à Paris en passant par la Grèce, l’Italie et les sombres cachots du Château d’If. Banquier, Abbé, Procureur du Roi, galérien, militaires, bandits de grand chemin, esclave nubien et princesse grecque en exil sont au coeur de cette histoire complexe et tourmentée, dont on doute qu’elle puisse se conclure de façon totalement positive. Il faudra en effet verser bien du sang et des larmes avant de parvenir à une forme d’apaisement très relative. Car Le Comte de Monte-Cristo, ce sont également des duels, des amours contrariées, des relations adultères, des complots, des trahisons politiques et des tragédies familiales dévastatrices, dont nul ne sortira indemne.

 

La plume de l’auteur est extrêmement fluide, et le roman se lit facilement d’une traite, sans aucune anicroche (les quelques longueurs évoquées plus haut pouvant facilement être contournées en lisant quelques pages en diagonale). Je continue toutefois à lui préférer Les Trois Mousquetaires, pour lequel je garde une tendresse particulière. J’espère d’ailleurs arriver à lire Vingt ans après dans un futur proche.

 

Un roman brillant, que l’on ne présente plus. A lire !

 
 

J’en profite pour cracher mon venin, et dire du mal de la TRES mauvaise (et ridicule) adaptation télévisée réalisée par Josée Dayan dans les années 90, d’autant plus grotesque que Depardieu n’avait absolument pas (mais alors pas du tout) le physique de l’emploi !

 

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Nouveau pavé de janvier pour Bianca.