Titre original : Martians, Go Home
Traduction (américain) : Alain Dorémieux
Folio SF, Denoël, 1954, 216 pages
(résumé de la quatrième de couverture)
Ma culture SF est encore très parcellaire et lacunaire, mais je m’efforce d’en combler progressivement les manques, en m’intéressant notamment aux classiques du genre. C’est grâce à la pétillante et très éclectique Lemon June (l’une des seules booktubeuses dont j’apprécie les vidéos) que j’ai découvert Fredric Brown, dont je n’avais jamais entendu parler jusqu’à ce jour, bien que celui-ci jouisse d’une certaine renommée dans son domaine.J’ai donc demandé ce roman au Père Noël, qui me l’a gentiment déposé au pied du sapin. Il n’aura pas traîné longtemps dans ma PAL, puisque je l’ai lu le lendemain, entre deux poussées de fièvre de Mini-Lionceau, terrassé (mais pas vaincu) par un obscur virus, dont nous avons fort heureusement fini par triompher.
Martiens, go home ! est un classique du siècle dernier, dont l’intrigue se déroule en 1964, soit dix ans après sa publication. Autant le dire tout de suite : il s’agit d’une parodie de roman de SF, dans laquelle l’auteur tourne volontiers en dérision l’Amérique de ses contemporains. Au programme : invasion martienne et petits hommes verts, le tout mâtiné d’une bonne dose d’humour noir. On est clairement plus proche d’un Douglas Adams que d’un H.G. Wells !
Les envahisseurs sont d’affreux jojos turbulents, vulgaires et mal élevés, qui ne pensent qu’à semer la discorde et la panique sur Terre, rappelant à ce titre les Martiens de Mars Attacks ! façon Tim Burton (l’esprit “pulp” du roman de Fredric Brown est sans doute assez proche de celui des cartes d’origine, publiées aux Etats-Unis dans les années 60), ou encore les Gremlins du film éponyme. Nul besoin de recourir à la violence pour détruire toute forme de civilisation sur notre planète : il suffit pour cela de faire tourner les Terriens en bourrique, ce qui se révèle étonnamment facile pour ces petits êtres immatériels, bavards et agaçants au possible !
Les personnages évoluent dans un univers gentiment absurde et complètement secoué, qui m’a par moment rappelé les intrigues déjantées d’un J.M. Erre (ce dernier a d’ailleurs dû s’inspirer de Fredric Brown pour Le grand n’importe quoi, que j’ai lu en début d’année sans écrire de billet). Les dialogues savoureux m’ont beaucoup amusée, et je ne résiste pas au plaisir de vous citer un extrait du premier échange entre Luke Devereaux et son visiteur !
– Parlez-moi de Mars. Comment est-ce ? demanda-t-il.
– Ca n’est pas tes oignons, Toto.
Luke compta jusqu’à dix en essayant de garder son calme.
– Ecoutez, fit-il enfin, j’ai été un peu renfrogné au début, mais c’était l’effet de la surprise. Maintenant, je vous fais mes excuses. Est-ce qu’on ne pourrait pas se comporter comme des amis ?
– Je n’en vois pas la nécessité. Tu es d’une race inférieure.
– Disons au moins : pour rendre cette conversation plus agréable pour nous deux.
– Pas pour moi, Toto. J’adore éprouver de l’aversion pour les gens et me disputer avec eux. Si tu te mets à me passer la main dans le dos, je chercherai quelqu’un d’autre.
J’adore ! Il faut dire que je suis très friande de ce genre d’humour burlesque, surtout lorsque la parodie se révèle pertinente et suffisamment complexe pour susciter l’intérêt du lecteur. Fredric Brown envisage notamment l’impact de l’invasion sur la psyché humaine, et décrit les conséquences que l’attitude détestable des Martiens pourrait avoir dans différents domaines (l’industrie du spectacle et du divertissement, la Guerre Froide, les relations intimes, la survie des tribus de chasseurs en Afrique, etc…). Cette “analyse” subtile et bien sentie s’accompagne d’une réflexion sur le processus de création, articulée autour du personnage de l’écrivain en mal d’inspiration, perdu dans son propre délire. Tout cela est assez finement observé, et finalement pas aussi daté qu’on aurait pu le craindre. Le roman est suffisamment court pour ne pas s’essouffler en cours de route, et a (de mon point de vue) plutôt bien vieilli.
Pour résumer : j’ai passé un excellent moment, et je ne regrette pas ma lecture !
Un roman de SF parodique très divertissant.
A découvrir.
J'ai lu ça (et d'autres de l'auteur) il y a très très longtemps, un bon souvenir, mais j'ai du me débarrasser des bouquins en cours de route.La bibli peut être?
(en tout cas tu as raison d'en parler!!!)
J'en emprunterai sûrement d'autres à la bibli (j'ai vu qu'ils en avaient plusieurs).
Effectivement, ton billet est très court ;p Ma première pensée a été pour la couverture que j'aime beaucoup, mais ce que tu as écrit me donne envie de découvrir ce livre qui semble avoir tout pour me plaire.
Oh, ça va, hein ! Je fais ce que je peux. 😛
Le livre est drôle et sans prétention. En plus, ça se lit vite.
Je lis de plus en plus de SF, je pense que ça me plairait ! C'est noté
Oui, laisse-toi tenter ! C'est drôle et sans prétention.