L’éveil du Léviathan (The Expanse #1) – James S.A. Corey

Titre original : Leviathan wakes
Traduction (américain) : Thierry Arson
Actes Sud, Collection Exofictions, 2014, 625 pages

 
La première phrase :

Le Scopuli avait été pris d’assaut huit jours plus tôt, et Julie Mao était finalement prête à se laisser abattre.

 

L’histoire :
Le système solaire au XXIIIème siècle. Le terrien Jim Holden est second sur le Canterbury, un transport de glace qui effectue la navette entre les anneaux de Saturne et les stations installées dans la Ceinture d’astéroïdes. Il est choisi pour prêter main forte au Scopuli, un appareil abandonné dont le Canterbury a capté un appel de détresse. Holden et ses acolytes Amos, Alex et Naomi embarquent alors pour une mission aux conséquences inattendues, qui se révélera des plus périlleuses. Pendant ce temps sur Cérès, l’inspecteur Joe Miller enquête sur la disparition de Julie Mao, laquelle se trouvait justement à bord du Scopuli.

 

L’opinion de Miss Léo :

 

Difficile de parler de ce roman sans révéler d’éléments-clés de l’intrigue… Je serai donc brève (mouahahahah !) et muette comme une tombe (en fait, c’est surtout parce que je me sens envahie par une flemme monstrueuse au moment d’entamer la rédaction de ce billet).J’avais envie de lire le premier tome de cette saga depuis sa sortie française, dans la toute jeune collection Exofictions des éditions Actes Sud. Je l’ai commencé une première fois en numérique, puis provisoirement abandonné après une cinquantaine de pages (je ne comprenais rien à ce que je lisais, et avais du mal à m’intéresser aux personnages), avant de me décider à effectuer une nouvelle tentative sur un exemplaire papier emprunté à la bibliothèque. Bien m’en a pris, puisque je l’ai dévoré en moins d’une semaine, malgré un emploi du temps chargé et une concentration fluctuante due à la présence envahissante de mon bébé hurleur !
 

Les deux auteurs dissimulés derrière le pseudonyme de James S.A. Corey signent un ambitieux space-opera martial, mâtiné de thriller horrifique et de roman noir. L’intrigue, dense et bien menée, se déroule dans notre Système Solaire, dont la plupart des planètes accueillent désormais des colonies humaines qui en exploitent les ressources, tout comme les plus gros astres de la Ceinture d’astéroïdes. Cette “proximité” (tout est relatif…) nous rend d’emblée la série sympathique, et apporte une pointe non négligeable d’originalité, là où beaucoup de romans de science-fiction se déroulent in a Galaxy far far away, avec voyages interstellaires supraluminiques et tout le toutim (en même temps, je n’en ai pas lu cinquante non plus, donc je ne suis peut-être pas la mieux placée pour en parler). Le contexte politico-économique est assez soigné, l’aspect scientifique itou, ce qui contribue à apporter de la crédibilité au roman.

 

Et l’histoire, me direz-vous ? Le récit suit alternativement Jim Holden et Joe Miller, dont les trajectoires finissent par converger. Les personnages se déplacent constamment d’un point à un autre, échappent de peu (et plusieurs fois) à la destruction de leur vaisseau, assistent impuissants à la mort de leurs amis/collègues et tentent de déjouer une vaste conspiration, dont l’accomplissement pourrait bien conduirre à la destruction d’une part non négligeable de l’humanité. Ajoutez à cela une pointe de mystère (la disparition de Julie Mao) et d’horreur (des hommes et des femmes transformés en zombies dégueulasses sous l’action d’un mystérieux agent pathogène), et vous obtiendrez un cocktail savamment dosé, riche en péripéties et en rebondissements divers. Il m’a fallu du temps pour rentrer dans l’histoire, mais on se prend vite au jeu, et il devient dès lors très difficile de lâcher le roman !
 
Quelques bémols sont néanmoins venus ternir ma lecture.

 

J’ai trouvé que le récit présentait quelques petites longueurs, notamment lors des scènes d’actions. Il faut dire que j’ai souvent du mal avec l’action pure dans les romans. Je décroche vite, et je finis par ne plus comprendre ce que je lis… Heureusement, les auteurs n’en abusent pas, et reviennent vite à des séquences plus calmes et plus explicatives, pour mon plus grand bonheur.

 

L’univers est certes séduisant, mais l’intrigue n’est pas non plus d’une originalité folle. L’ensemble demeure toutefois suffisamment solide, intelligent et cohérent pour que cela ne soit pas un problème. On ne peut hélas pas en dire autant des personnages, qui constituent à mes yeux le principal défaut du roman. Ceux-ci sont très stéréotypés, et manquent cruellement de profondeur. Je les ai trouvés sympathiques, mais finalement peu attachants, voire carrément ennuyeux pour certains, la plus intéressante à mes yeux étant… Julie Mao, la jeune pilote disparue !! Rien de bien enthousiasmant en revanche du côté des deux “héros” : Holden m’agace prodigieusement, et Miller n’a rien de charismatique. Je ne parle même pas des dialogues, qui sonnent carrément faux (je l’ai lu en français, le style est peut-être moins plat en version originale). A ce propos, j’ai relevé quelques coquilles et erreurs de traduction, ce qui me semble malheureusement de plus en plus fréquent chez Actes Sud, en particulier dans la collection Actes Noirs. Mais que font les correcteurs (si tant est qu’ils existent) ???

 

J’ajouterai pour finir que le roman manque d’enjeux métaphysiques, et m’a par conséquent moins plu qu’un chef d’oeuvre comme La guerre éternelle de Joe Haldeman, lequel suscite moult interrogations philosophiques (en plus d’être passionnant, bien écrit et porté par de solides personnages). The Expanse est donc un brin décevant, mais je ne vais pas non plus bouder mon plaisir, sachant que ce fut tout de même un excellent moment de lecture. J’ai beaucoup apprécié ce premier épisode, au point d’emprunter La guerre de Caliban, deuxième volume de la série lors de ma dernière visite à la bibliothèque. Cinq tomes sont déjà parus en anglais, et je me réjouis de pouvoir découvrir la suite sans plus attendre !
 

 
Si j’ai aimé L’éveil du Léviathan, je suis en revanche très mitigée concernant l’adaptation produite par SyFy. J’ai regardé trois épisodes, et je suis nettement moins convaincue par la série que par le roman. La mise en scène est soignée, les effets spéciaux ont de toute évidence bénéficié de moyens importants, mais je trouve les images laides, l’univers très froid, et je ne suis pas non plus fan des acteurs, qui ne me semblent pas coller aux personnages. Bref, je ne parviens pas à m’y intéresser, et j’aurais sûrement arrêté dès la fin du premier épisode si je n’avais pas lu le roman auparavant…
 

Un pavé distrayant, et un univers de SF séduisant. Je l’ai dévoré, malgré mes réserves !
 
 

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Nouvelle participation au Mois américain de ma copine Titine.

 
 
 
 
 
 
 
 
 

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