© Romaric Cazaux
Petit événement sur le blog, puisque je participe pour la première fois à l’atelier d’écriture hebdomadaire organisé par Leiloona Bricabook.
Le principe ? Une photo, quelques mots.
Leiloona publie chaque mardi une photo, qui servira de base aux textes des participants, publiés le lundi suivant. Ni genre, ni ton imposé. Seul le plaisir d’écrire. Encore et toujours.
Voici mon tout premier texte, inspiré de la photo présentée ci-dessus. Soyez indulgents : je n’ai jamais écrit quoi que ce soit auparavant, et j’ai conscience des nombreuses maladresses de ce premier jet, que je n’ai pas eu le temps de retoucher comme je l’aurais voulu. Pétrifié, ou la mythologie revue et corrigée par Miss Léo…
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Pétrifié
Saleté de Gorgone !
Ma glorieuse entreprise était pourtant soigneusement planifiée.
Feindre le désespoir, pour conduire Hermès à m’accompagner de son plein gré (hé hé hé) chez ces odieuses mégères aux cheveux gris. Les vieilles carnes ! Subtiliser leur oeil terne et globuleux fut un jeu d’enfant (et un, et deux, vas-y que je t’embrouille, par ici les infos).
User de mes charmes pour m’attirer les bonnes grâces de cette petite salope d’Athéna (nulle déesse n’a jamais résisté à mon regard humide de cocker suppliant). Joli petit cul, cette Athéna ! J’en aurais bien fait mon quatre heures… Toujours est-il qu’elle m’a remis son bouclier poli sans se faire prier.
M’introduire subrepticement dans la grotte où pioncent les trois morues. Attendre le moment opportun pour bondir de ma cachette, miroir au poing, et trancher la gorge du monstre décadent.
Lui cracher au visage, agripper sa répugnante chevelure reptilienne, exhiber fièrement sa tête sanguinolente et saluer la foule de Seriphos en délire.
Glorieuse destinée !
Hélas…
Je fus victime d’une odieuse machination, qui contribua à faire échouer mon plan si savamment conçu. Du pur sabotage ! Jugez plutôt…
La prétendue Gorgone était un leurre, une pitoyable créature affublée d’une coiffe disgracieuse (comme disait l’autre : “Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur nos têtes ?”), placée là dans l’unique but de me duper.
Je m’avance… Je la décapite… Quand soudain retentit un rire glaçant, suivi d’un effroyable et strident hurlement, à faire pâlir le plus téméraire des demi-Dieux hellènes.Méduse !
La fourbasse me prend à revers. Qui l’eût cru ? Qui aurait pu imaginer qu’une si immonde créature puisse se montrer capable d’une telle rouerie ? C’est par cette ruse indigne que la misérable Gorgone sonne le glas de mes espérances héroïques.
Vite, tourner la tête ! Echapper aux yeux de braises de cette foldingue.
Trop tard ! Le regard brûlant de Méduse me tétanise, et je sens mon corps tout entier se figer, tandis que ma peau se pare d’une inconfortable texture rocailleuse.
Ô mission funeste !
Je m’insurge, et je dénonce. J’accuse les Moires d’avoir sciemment raccourci le fil de mon rouet. Un petit coup de ciseaux, et hop ! Pour quel motif ? Probablement la jalousie… Elles n’auront sans doute pas goûté de me voir au bras de quelque jeune demoiselle Sériphocéenne.
La colère m’étouffe. Un cri me monte à la gorge, mais je dois me rendre à l’évidence : l’infâme Méduse a gagné la bataille, et je suis prisonnier, claquemuré dans un corps qui ne m’appartient plus.
Je m’imagine blotti contre le sein de ma mère, dans un coffre emporté par les flots. Un vertige m’envahit. Je ne veux pas rester enfermé ! Je me concentre intensément, espérant rompre cette guangue granitique qui m’oppresse par la seule force de ma volonté. Ces efforts m’épuisent, et je dois bien vite renoncer…
Je songe avec amertume à tout ce qui aurait dû être, et qui ne sera pas : point de chevauchée fabuleuse à dos de cheval ailé ; point de salut pour la voluptueuse Andromède, qui ne connaîtra pas l’insigne honneur de me confier sa virginité. Quelle tristesse…
Les siècles ont passé. Une éternité à attendre, seul, dans le noir et l’humidité.
Et puis un jour… Une violente explosion… Des hommes qui se fraient un passage à travers la rocaille, et pénètrent dans la grotte…
Ils me voient. S’extasient. S’emparent de mon corps de pierre.
Ils m’ont installé dans un parc, où je sers désormais de perchoir à de répugnants volatiles. Me voici couvert de fientes d’oiseaux, moi, le vaillant héros, le glorieux Persée, que tout destinait à laisser pour l’éternité une trace indélébile dans les livres d’histoire.
Saleté de Gorgone !
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Je suis contente de lire ta première participation aux ateliers d'écriture de Leiloona. Bravo pour ton idée, je la trouve excellente d'autant plus que je suis férue de mythologie antique. Ma pauvre sculpture aussi sert de perchoir aux oiseaux ! 😉
Sic transit gloria mundi 🙂
Bienvenue dans ce atelier d'écriture !
Ça m'a fait sourire.
Je le trouve très bien ton premier texte ! Bravo pour le courage de participer, moi, je n'ose toujours pas …;-)
Un très grand bravo pour ton texte, j'adore cette façon de voir la mythologie et cette saleté de Gorgone t'a formidablement inspirée… j'espère te lire très souvent.
Bonne soirée Miss Léo
Ah ah ah ! J'adore ! 😀 Je ne le ferai pas lire à mes hellénistes, mais j'adore les réécritures ! 😀
Désolée de ne commenter que maintenant, c'était une semaine particulière pour moi. J'espère être plus réactive la semaine prochaine, j'espère que tu participeras encore. 🙂
Chapeau bas pour cette première participation. J'aime beaucoup ta relecture.
Bienvenue dans l'atelier d'écriture et bravo pour ce premier texte très agréable 🙂