Alma Editeur, 2014, 268 pages
La première phrase :
“Je suis désolé, ma chérie, je l’ai sautée par inadvertance.”
L’histoire :
Midi un quart. L’heure du crime. Une épouse bafouée se prépare à assassiner son mari infidèle. Son arme secrète : une assiette de raviolis empoisonnés. C’est alors que la voisine sonne à la porte, et leur confie pour quelques heures son fils Théo, cinq ans. La présence du petit garçon contrarie les plans de la jeune femme, qui cherche désespérément un plan B, tandis que son époux réchauffe la funeste casserole de raviolis. Non, elle ne peut tout de même pas laisser tuer un enfant innocent ! Surgit alors le souvenir de ce père qu’elle admirait tant, et qui aurait assurément su quoi faire en pareilles circonstances…
L’opinion de Miss Léo :
La fractale des raviolis. Titre sublime, auquel je ne pouvais que succomber. Le billet de Keisha ayant achevé de me convaincre, c’est donc tout naturellement que je me suis précipitée sur ce premier roman, proposé par Babelio lors de la dernière opération Masse Critique. Bien m’en a pris ! Les raviolis façon Pierre Raufast sont succulents, et il ne m’aura pas fallu plus de quelques lignes pour être conquise par la pétillante originalité de ce savoureux récit. Je l’ai lu (dévoré) avec délectation, en moins de temps qu’il ne m’en faudra pour écrire ce billet…
Ne vous fiez pas au résumé ci-dessus, qui ne donne qu’un aperçu très réducteur d’une oeuvre riche et foisonnante. On croit d’abord lire l’histoire d’un couple en crise… Que nenni ! Le second chapitre de ce roman à tiroirs nous entraîne vers de tout autres horizons, et ce sont en réalité une petite dizaine d’intrigues différentes qui se trouvent étroitement imbriquées, à la manière de poupées gigognes. La situation de départ n’est que le point d’entrée vers un vaste univers aux multiples ramifications (cf la fractale du titre !), unies par la répétition d’un motif commun, à savoir les sales tours que nous joue le destin.
Pierre Raufast se révèle un excellent conteur, et son art consommé de la rupture prend constamment le lecteur au dépourvu. On veut savoir ce qu’il adviendra de la tentative de meurtre contrariée de l’épouse aux raviolis (le suspense est à son comble !), mais le romancier se désintéresse bien vite de son sort, pour se consacrer à d’autres personnages hauts en couleurs, au comportement souvent monstrueux. Mention spéciale à l’Arnaqueur des cimetières, ainsi qu’au très recommandable (et néanmoins adorable) Franck Vermüller, qui consacra sa prime jeunesse à perfectionner les Cinquante façons astucieuses de torturer tuer une sauterelle, avant de s’attaquer à des proies plus conséquentes. Les anti-héros de Pierre Raufast traversent des épidémies de peste, souffrent de curieuses anomalies de la vision, explosent en vol, aident la police lors des interrogatoires et mènent des combats désespérés contre les rats-taupes, tout en courant après un mystérieux rubis disparu. Que de belles trouvailles dans ce roman !
Les différentes intrigues peuvent parfois sembler décousues, mais n’en forment pas moins un tout cohérent. On ne s’ennuie pas un instant, et l’on prend surtout un immense plaisir à suivre les destins contrastés de ces personnages atypiques, dont le romancier s’amuse à nous narrer les déboires et les méfaits, fortement influencés par les aléas imprévisibles du hasard. Pierre Raufast n’avoue d’autre objectif que celui de raconter des histoires, tout droit sorties de son imagination très prolifique ; cette démarche semble malheureusement de plus en plus rare dans le paysage littéraire français, la plupart des auteurs étant davantage inspirés par leur propre nombril que par la création de personnages fictifs et de situations dignes d’intérêt. La fractale des raviolis est quant à elle un petit bijou d’humour noir. N’y voyez rien d’autre qu’une fantaisie littéraire originale, à la construction admirable et au dénouement particulièrement jouissif, dont on sent qu’elle a été pensée et rédigée par un scientifique (Pierre Raufast est ingénieur, et fait preuve d’une rigueur et d’une logique implacables, au service d’un style fluide et parfaitement maîtrisé). C’est drôle, vivant et sans prétention. Que demander de plus ?
Les différentes intrigues peuvent parfois sembler décousues, mais n’en forment pas moins un tout cohérent. On ne s’ennuie pas un instant, et l’on prend surtout un immense plaisir à suivre les destins contrastés de ces personnages atypiques, dont le romancier s’amuse à nous narrer les déboires et les méfaits, fortement influencés par les aléas imprévisibles du hasard. Pierre Raufast n’avoue d’autre objectif que celui de raconter des histoires, tout droit sorties de son imagination très prolifique ; cette démarche semble malheureusement de plus en plus rare dans le paysage littéraire français, la plupart des auteurs étant davantage inspirés par leur propre nombril que par la création de personnages fictifs et de situations dignes d’intérêt. La fractale des raviolis est quant à elle un petit bijou d’humour noir. N’y voyez rien d’autre qu’une fantaisie littéraire originale, à la construction admirable et au dénouement particulièrement jouissif, dont on sent qu’elle a été pensée et rédigée par un scientifique (Pierre Raufast est ingénieur, et fait preuve d’une rigueur et d’une logique implacables, au service d’un style fluide et parfaitement maîtrisé). C’est drôle, vivant et sans prétention. Que demander de plus ?
Un roman français original, drôle et plein de surprises.
Recommandé par Miss Léo.
Je ne connaissais pas l’éditeur Alma, mais je vais désormais m’intéresser de plus près à leurs publications. Merci à Babelio pour cette sympathique découverte.
Tu m'as convaincue, je le note!
Super, j'espère que tu seras toi aussi conquise !
Je renonce en général à ce genre de roman un peu "barré" avec lesquels je n'accroche pas du tout. Mais j'avoue que pour le coup, ton billet m'intrigue. Quel est le lien entre toutes ces histoires? … Je vais essayer de le trouver à la bibliothèque 😉
C'est vrai que tout le monde n'adhère pas à cet état d'esprit "barré", comme tu dis, mais les histoires sont bien imbriquées, et le roman est vraiment original.
Au contraire de Zarline j'aime quand les personnages sont un peu zinzin. Et on va dire que tu sais donner envie!!!
Merci. J'ai un peu la pression, avec tous ces gens qui vont le lire à cause de moi !
Aaah, tu donnes envie ! Le titre m'avait intriguée, mais je craignais une lecture un peu morticole… Je vois que j'ai eu tord.
Il est très distrayant (à condition d'aimer les histoires un peu barrées).
ce titre est absolument génial, et tu parles très bien du livre! vendu 🙂
Chouette, encore une convaincue ! Veux-tu que je te le prête ?
Il attend sagement sur mes étagères mais je compte bien lui faire sa fête très bientôt. Et je ne le lirai pas par inadvertance 😉
La première phrase donne le ton ! 😉 AUtant dire que j'ai tout de suite été convaincue.
Le titre me plaisait vraiment beaucoup et le contenu a l'air à la hauteur de ce titre prometteur. Je note, je note !!!
A priori, tu devrais accrocher.
J'ai feuilleté ce livre en librairie. Il pourrait me plaire mais je n'achète quasi rien en ce moment. J'ai découvert Alma l'année dernière avec le livre qui fut pour moi mon préféré de 2013 " Je n'ai de gout qu'aux pleurs que tu me vois répandre " de Sébastien Bonnemason -Richard. A croire qu'ils aiment les titres décapants chez cet éditeur.
Je crois qu'on peu très bien concilier l'histoire avec le vécu perso de l'auteur…un bon auteur arrive à faire le mélange des genres.
Cher Mind The Gap,
Désolée d'avoir laissé tes commentaires sans réponse (je suis impardonnable). Merci pour ce conseil éclairé, dont je note avec plaisir la référence.
Voilà un livre qui m'aurait échappé sans toi! Je note, je note…
Je serais également passée à côté sans le billet élogieux de Keisha !
J'aime beaucoup le titre, et la première phrase que tu cites. Déjà repéré chez Keisha – surligné donc.
La première phrase est géniale ! N'hésite pas.
Ah, je trépigne d'envie de le lire ,il m'attend en n°3 sur ma PAL ! Avec un titre pareil, j'étais sûre que ce serait bien …
Le contenu est à l'image du titre : excellent !
Alors si tu le recommandes. Le titre ne m'aurait pas tenté.
Il est vraiment très chouette. Après, c'est sûr qu'il faut être réceptif à ce genre d'histoires complètement absurdes pour l'apprécier…
Ouf, tu as aimé (quel poids sur mes épaules…) Un titre pareil, moi, je ne résiste pas!
Moi non plus ! Et dire que j'aurais pu passer à côté si tu ne l'avais pas chroniqué sur ton blog…
C'est vrai que le titre est irrésistible ! Masse critique n'avait pas voulu de moi. Mais je me le suis offert ce week-end…Vio
Je réponds très en retard à ton commentaire… As-tu eu le temps de le lire depuis ?
Le titre est à tomber (et tu sais forcément qu'il me plairait) et ce que tu en dis me tente beaucoup. Quant aux éditions Alma, je les ai découvertes avec Thomas Vinau et Arnaud Dudek en particulier. Bisous
Le titre est fait pour toi ! Tu peux tenter, je penses que tu devrais apprécier. Bisous.
Il a l'air très chouette !
Je ne vais pas te dire le contraire ! Après, c'est sûr qu'il faut aimer l'humour noir et les histoires complètement barrées pour l'apprécier.
Le titre de ce roman ne m'emballait pas, mais tu as su me mettre l'eau à la bouche 😉 il fera donc partie de ma prochaine sélection de la biblio.