Je lis mais je procrastine #1

Vous ai-je déjà parlé de mes billets en retard ? Ma fainéantise est sans limite, et mon rythme de lecture bien plus rapide que mon rythme d’écriture (trois fois hélas). Les brouillons non publiés s’accumulent, et me désolent chaque jour davantage. Les autorités léonines ont donc pris ce jour une grave décision. Puisqu’il parait désormais évident que lesdits billets ne verront jamais le jour, pourquoi ne pas créer une nouvelle rubrique, dans laquelle seront regroupés des romans que j’ai aimés (ou pas), mais dont je n’ai pas eu le temps de vous parler en détail ?

 

C’est parti pour une première fournée de livres non chroniqués !

 
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Commençons ce tour d’horizon avec Nécropolis, de Herbert Lieberman. Un classique de la littérature policière américaine, d’une extrême noirceur et d’une rigueur quasi-documentaire. Le roman s’intéresse au quotidien de Paul Konig, médecin chef de l’Institut Médico-légal de New York. Ce professionnel très consciencieux est également un solitaire, un personnage froid et peu avenant, inlassablement confronté aux horreurs et à la violence de la gigantesque métropole, qui régurgite chaque jour son lot de cadavres. Paul Konig ne vit que pour son travail hautement chronophage, ici disséqué dans les moindres détails, et dont on découvre simultanément les aspects techniques, scientifiques, juridiques et purement administratifs. Le roman suit plusieurs affaires en fil rouge, en particulier l’enquête consécutive à la découverte de morceaux de corps humains repêchés dans l’East River. Konig est également profondément affecté par la disparition de sa fille Lolly, artiste peintre, qu’il va s’efforcer de retrouver.
 
Pour résumer : épaisseur psychologique des personnages, écriture sobre et rigoureuse, reconstitution méticuleuse du travail d’un médecin légiste, absence de rebondissements superflus. Necropolis est un formidable roman noir, bien plus sombre et réaliste que les enquêtes de Kay Scarpetta (que j’ai pourtant beaucoup aimées autrefois). A lire !

 

Titre original : City of the Dead
Traduction (anglais) : Maurice Rambaud
Points, 1976/1995, 505 pages

 
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Le deuxième roman dont j’aimerais vous parler aujourd’hui a été écrit par un auteur que j’affectionne, et dont j’avais notamment beaucoup aimé le Testament à l’anglaise, publié en 1994. La pluie, avant qu’elle tombe est également une belle réussite. J’ai été séduite par l’écriture du romancier britannique, tout en pudeur et en délicatesse. La construction du récit m’a également beaucoup plu : Rosamond, une vieille femme à l’article de la mort, enregistre un long message à l’intention d’une mystérieuse Imogen. Elle égrène ses souvenirs, se basant sur vingt photos prises à des moments cruciaux de sa vie, du début de la deuxième guerre mondiale jusqu’à son cinquantième anniversaire. Le choix du support photographique comme déclencheur de la narration est une bien belle trouvaille, et donne lieu à de très émouvantes réminiscences. Jonathan Coe tisse une histoire poignante et subtile, et nous offre de très beaux personnages féminins.

 

Pour résumer : limpide, intelligent et profondément romanesque. Excellent livre !

 

Titre original : The rain before it falls
Traduction (anglais) : Jamila et Serge Chauvin
Folio, Gallimard, 2007, 268 pages

 
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Le bouc émissaire marque mes retrouvailles avec Daphne Du Maurier, vingt ans après Jamaica Inn et Rebecca. J’ai retrouvé avec plaisir la plume de la romancière britannique, qui excelle lorsqu’il s’agit de créer des atmosphères oppressantes et inconfortables. L’intrigue repose sur un invraisemblable échange d’identité : John, universitaire anglais en vacances en France, rencontre par hasard son sosie parfait au Mans. Les deux hommes passent la nuit à l’hôtel, partagent quelques (?) verres, et échangent leurs vêtements. Le réveil sera douloureux pour John : le comte Jean de Gué a disparu avec toutes ses affaires ! Incapable de prouver sa véritable identité, le voici contraint d’endosser la personnalité de son double, et de partager le quotidien d’une famille perturbée, qui ne semble pas se douter de la supercherie (mère, soeur, frère, femme, maîtresse et fille se laissent tous berner par la troublante ressemblance entre les deux hommes). John découvre peu à peu la personnalité peu séduisante de son double, dont il s’efforce de rattraper les erreurs passées. Ses actes ne resteront cependant pas sans conséquences…
 
Le roman se déroule pour l’essentiel dans un manoir isolé de la Sarthe (pas un département franchement gothique ni romanesque à priori), et se révèle fascinant à bien des égards. Rien de surnaturel dans tout ça (en dehors du postulat de départ, il est vrai assez peu plausible), mais l’écrivain parvient à générer une tension palpable, ainsi qu’un sentiment d’angoisse qui s’installe progressivement. John parviendra-t-il à se sortir de cette situation délicate ?
 
Pour résumer : un récit sobre et intrigant, sans effets excessifs ; Daphné Du Maurier est une excellente romancière, et je me ferai un plaisir de découvrir les autres textes figurant dans cette anthologie. J’ai entre temps commencé un recueil de nouvelles (pas Les Oiseaux, mais Don’t look now, que j’ai acheté en ebook), qui me semble pour le moment tout à fait prometteur.

 

Titre original : The Scapegoat
Traduction (anglais) : Denise Van Moppes
Omnibus, 1957, 320 pages

 
 

C’est tout pour aujourd’hui. La suite au prochain numéro !

 

22 thoughts on “Je lis mais je procrastine #1

  1. Ah mais tu détailles déjà pas mal , tu sais, continue ainsi si ce format te convient.
    Pour le premier, tu me tentes bien (j'ai lu le 2 et pas mal de la dame du 3)

    1. Merci Keisha ! Je me suis effectivement rendu compte que j'étais capable d'avoir l'esprit synthétique. Il n'est pas impossible que je propose davantage de billets sur ce format à l'avenir (d'ailleurs, j'en ai déjà un autre de planifié pour la semaine prochaine)

  2. A chaque fois, je me dis que je vais faire plus court pour aller plus vite à rédiger un billet et puis à chaque fois je me laisse emporter, je rajoute un truc…En tout cas, les 3 font envie !

    1. Oui, je crois que nous avons les mêmes problèmes… Il va falloir que je trouve une solution, car mes billets sont vraiment trop longs à écrire !

  3. Tout à fait d'accord avec Choupynette ! Le Jonathan Coe n'était pas sur le haut de ma PAL , je vais y remédier très rapidement . Daphné Du Maurier ? Why not , je ne connais que Rebecca .

  4. Mon rythme de lecture est également bien plus soutenu que mon rythme d'écriture, je te comprends donc… Adoré Necropolis, lu il y a des années, et beaucoup aimé le Jonathan Coe moi aussi! J'aime bien tes billets synthétiques aussi! Mais j'aime les plus longs tout autant!

    1. Je n'ai pas l'intention d'abandonner les billets longs, même si ce nouveau format semble rencontrer une certaine adhésion ! Je ne suis pas surprise que tu ais apprécié Necropolis.

    1. Le retard avait pris chez moi des proportions démesurées. Il a fallu que je me résolve à laisser de côté certains livres que j'avais pourtant appréciés…

  5. Pareil aussi chez moi, j'ai même créé un logo "billets en retard" pour me motiver 😉 J'avais bien aimé la pluie avant qu'elle tombe et le Du Maurier est dans ma PAL.

  6. J'ai la pluie avant qu'elle tombe, justement acheté après testament à l'anglaise que j'avais beaucoup aimé ! Je note Lieberman : je ne connais pas encore mais ça ne saurait tarder !

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