L’Arbre vengeur, 2012, 243 pages
La première phrase :
“Dans cinq minutes, Scarba : dernier arrêt avant trajet retour”, dit la voix enregistrée.
L’histoire :
Stephen Gray est amateur de cinéma 2D (quel ringard !), et spécialiste de l’oeuvre de Stanley Kubrick, à laquelle il a d’ailleurs consacré un livre. En proie à d’obsédantes questions existentielles, le voici en route pour l’île de ses ancêtres, où le milliardaire Onésimos Némos l’a convié à un colloque de cinéphiles triés sur le volet. Ce dernier est également l’inventeur de la Sauvegarde, un procédé révolutionnaire qui permet de préserver une copie interactive de l’âme des morts.
L’opinion de Miss Léo :
Où le lecteur se retrouve à nouveau sur une île écossaise noyée dans la brume, quatre ans après Les Maîtres de Glenmarkie… Jean-Pierre Ohl poursuit son exploration des Hébrides intérieures, et nous entraîne cette fois sur la petite Scarba, dont est issue la famille de Stephen Gray, personnage principal en pleine crise de doute métaphysique.
Le romancier confirme son talent de conteur, et installe dès les premières pages une ambiance envoûtante, dans laquelle on prend plaisir à s’immerger sans retenue. Je reconnais avoir été d’abord très attirée par le titre, réjouissant clin d’oeil à l’attention de mon petit coeur de cinéphile. L’amour que l’auteur porte au Septième Art est d’ailleurs au coeur de ce nouvel opus, à commencer par son obsession pour la sublime Laura Hunt/Gene Tierney, dont un clone vient accueillir un Stephen Gray tout émoustillé à sa descente du ferry.
Redrum est un roman d’anticipation, et n’a a priori rien de comparable avec Les maîtres de Glenmarkie, lequel lorgnait quant à lui du côté du roman d’aventures gothique à énigmes. L’action se déroule cette fois dans un univers futuriste de science-fiction, dont les spécificités ne nous sont révélées que par bribes. Nous savons que le monde libre est en guerre, menacé par le général Trinh, terrifiant dictateur asiatique amateur de Dr Folamour (je remarque au passage que Jean-Pierre Ohl a le bon goût de multiplier les références à mes films préférés dans chacun de ses ouvrages). Nous apprenons également que le cinéma à deux dimensions est désormais un art tombé en désuétude, et qu’il n’est plus défendu que par quelques aficionados acharnés, dont font évidemment partie les convives réunis sur l’île par le milliardaire et sa brigade de clones androïdes hautement sophistiqués. Le symposium Stanley Kubrick auquel participent nos amis cinéphiles tourne vite au règlement de comptes (l’occasion pour Ohl de se moquer du monde des critiques cinématographiques pédants et prétentieux, ce qui nous vaut quelques séquences réjouissantes), et la rencontre prend un tour inattendu lorsque les protagonistes se retrouvent embarqués par Nemos dans une bien troublante expérience.
Le romancier confirme son talent de conteur, et installe dès les premières pages une ambiance envoûtante, dans laquelle on prend plaisir à s’immerger sans retenue. Je reconnais avoir été d’abord très attirée par le titre, réjouissant clin d’oeil à l’attention de mon petit coeur de cinéphile. L’amour que l’auteur porte au Septième Art est d’ailleurs au coeur de ce nouvel opus, à commencer par son obsession pour la sublime Laura Hunt/Gene Tierney, dont un clone vient accueillir un Stephen Gray tout émoustillé à sa descente du ferry.
Redrum est un roman d’anticipation, et n’a a priori rien de comparable avec Les maîtres de Glenmarkie, lequel lorgnait quant à lui du côté du roman d’aventures gothique à énigmes. L’action se déroule cette fois dans un univers futuriste de science-fiction, dont les spécificités ne nous sont révélées que par bribes. Nous savons que le monde libre est en guerre, menacé par le général Trinh, terrifiant dictateur asiatique amateur de Dr Folamour (je remarque au passage que Jean-Pierre Ohl a le bon goût de multiplier les références à mes films préférés dans chacun de ses ouvrages). Nous apprenons également que le cinéma à deux dimensions est désormais un art tombé en désuétude, et qu’il n’est plus défendu que par quelques aficionados acharnés, dont font évidemment partie les convives réunis sur l’île par le milliardaire et sa brigade de clones androïdes hautement sophistiqués. Le symposium Stanley Kubrick auquel participent nos amis cinéphiles tourne vite au règlement de comptes (l’occasion pour Ohl de se moquer du monde des critiques cinématographiques pédants et prétentieux, ce qui nous vaut quelques séquences réjouissantes), et la rencontre prend un tour inattendu lorsque les protagonistes se retrouvent embarqués par Nemos dans une bien troublante expérience.
Profondément marqué par 2001 et hanté par une peur panique de la mort, Stephen Gray se voit alors confronté à ses propres démons, tandis que le récit acquiert une dimension onirique, qui ne sera probablement pas du goût de tout le monde. L’auteur brouille les pistes, et la deuxième partie du roman, très étrange, oscille entre rêve et réalité (virtuelle), ce qui se révèle déroutant pour le lecteur (je reconnais avoir moi-même été très perturbée par cette soudaine rupture, mais il en faut peu pour me déstabiliser, probablement à cause de mon esprit trop terre à terre). Stephen Gray évolue-t-il dans un film ? Dans une dimension parallèle ? Dans l’au-delà ? Le questionnement métaphysique prend forme, et s’accompagne d’une réflexion sur le deuil et la quête d’immortalité, ici incarnée par l’invention du fourbe Capitaine Némos, à savoir cette fameuse Sauvegarde (voir mon résumé en début d’article), dont l’idée se révèle à la fois séduisante et effrayante pour les pauvres mortels que nous sommes.
Cette atmosphère onirique et irréelle bénéficie de la plume légère et très imagée d’un Jean-Pierre Ohl décidément très doué pour installer une ambiance mystérieuse et originale. Ce dernier signe une fable non dépourvue d’humour et de second degré, très dickienne par certains côtés, qui plus est dopée par l’omniprésence de l’oeuvre de Stanley Kubrick en toile de fond. Redrum est toutefois un roman plus hermétique que ne l’étaient Les maîtres de Glenmarkie, et se révèle dans l’ensemble moins convaincant, moins fluide, voire pas totalement abouti. Je suis moi-même très partagée, puisque je l’ai trouvé frustrant dans une certaine mesure, et néanmoins extrêmement stimulant pour qui accepte de se laisser embarquer. Seule certitude : je suis très contente de l’avoir lu, et j’en garde un excellent souvenir, plusieurs mois après ma lecture !
Un roman de SF intrigant et fascinant, en dépit de ses imperfections.
Un roman de SF intrigant et fascinant, en dépit de ses imperfections.
J'aime beaucoup cet auteur, surtout son amour de Dickens. Pour celui ci j'ignore si j'aurai les références appropriées.
J'ai tellement de mal avec la SF, vraiment pas un roman pour moi.
J'ai du mal également avec la SF. Mais en lisant le titre, je me doutais que cela avait un rapport avec un certain hôtel en hiver.
Je ne savais pas qu'il avait écrit ce type d'ouvrage mais j'ai beaucoup aimé sa bio de Dickens et je compte bien découvrir ses autres ouvrages