Editions de La Martinière, 2016, 304 pages
La première phrase :
Trois mots dans une langue étrangère pour résumer ces derniers mois.
L’histoire :
Paris, 1956. Anne, jeune fille de bonne famille bordelaise, débarque à Paris chez son oncle, directeur d’un centre psychiatrique pour adolescents. Employée à diverses tâches, elle se lie d’amitié avec Béatrice, une jeune anorexique de treize ans. Toutes deux observent avec attention le comportement de Gilles, un petit autiste de onze ans, communément surnommé “le débile”, que ses parents envisagent de transférer définitivement à l’asile. Grande lectrice, Béatrice couche ses impressions dans son journal, tandis qu’Anne se confie dans les lettres qu’elle envoie en secret à son amie Lizzie.Paris, 2016. Sophie Noël apporte la touche finale à sa thèse sur les conditions de vie dans les hôpitaux psychiatriques parisiens de l’après-guerre. Elle découvre par hasard le journal de Béatrice, qui s’interrompt brutalement en juillet 1957, et se lance corps et âme à la recherche des principaux protagonistes de son histoire. Béatrice, Gilles et Anne sont-ils toujours en vie ? Qu’est-il advenu des deux enfants ?
Voici un roman de la Rentrée Littéraire de janvier vers lequel je ne me serais sans doute pas tournée spontanément, n’eût été l’enthousiasme de l’attachée de presse qui m’a proposé de le recevoir. J’ai accepté, le résumé ayant retenu mon attention. Le parfum de l’hellébore est un roman en deux parties se déroulant (entre autres) dans le milieu des hôpitaux psychiatriques, qui fut dans un premier temps publié (et primé) sur Internet, avant d’être repéré par les Editions de La Martinière (dont je ne savais même pas qu’elles éditaient des romans). Le lecteur découvre d’abord les lettres d’Anne et le journal intime de Béatrice, rédigés entre septembre 1956 et juillet 1957, tandis que la deuxième partie suit les recherches conduites par Sophie en 2016, dans le cadre de sa thèse de psychologie. Ces trois personnages féminins ont a priori peu de choses en commun, et évoluent dans un contexte totalement différent. Autre temps, autres moeurs ! L’acharnement avec lequel Sophie s’efforce de reconstituer le parcours ultérieur des deux jeunes femmes va cependant contribuer à créer entre elles un indéfectible lien virtuel.
L’écriture est agréable et limpide, quoique le style soit peut-être un poil trop plat pour satisfaire les lecteurs les plus exigeants. Cathy Bonidan use de divers procédés narratifs (lettres, journal, récit à la troisième personne), et passe de l’un à l’autre avec une grande aisance, ce qui rend la lecture extrêmement fluide. Si j’ai apprécié le changement de point de vue survenant peu avant la moitié du roman, j’ai néanmoins trouvé la deuxième partie plus laborieuse et moins efficace que la première. La construction sur deux époques se révèle toutefois un excellent choix, et l’intrigue est parfaitement maîtrisée, en dehors de quelques petites maladresses ou facilités. Il subsiste jusqu’aux toutes dernières pages une part de mystère quant au devenir de Béatrice, d’Anne ou de Gilles, le petit enfant autiste que tous traitaient jadis comme un arriéré. J’ai été sensible au fait que les révélations soient amenées avec délicatesse et sobriété, sans excès de pathos ni retournements de situation superflus (le revers de la médaille étant qu’il ne se passe finalement pas grand chose d’inattendu).L’auteur évoque avec pudeur la situation peu enviable de ces adolescents anorexiques, autistes, suicidaires ou obsessionnels, internés dans des établissements pratiquant une médecine psychiatrique souvent archaïque, conduisant à un isolement et un repli sur soi grandissants des patients. Un sujet difficile, pourtant traité avec justesse et sensibilité, par l’entremise de personnages touchants et réalistes (à l’exception de Mathieu, qui m’a semblé moins convaincant que les autres). L’ensemble est pétri de bons sentiments, mais la romancière évite fort heureusement l’écueil de la mièvrerie. Cathy Bonidan parvient à insuffler de la vie dans son récit, lequel repose avant tout sur une intrigue très romanesque, ainsi que sur une belle histoire d’amour, tout en douceur et en subtilité. Il y est aussi beaucoup question de jardinage, ce qui apporte une petite touche personnelle au roman !
J’ignore encore si Le parfum de l’hellébore s’inscrira durablement dans ma mémoire, mais je suis quoi qu’il en soit très satisfaite de ma lecture. J’ai même failli verser une petite larme en découvrant les deux dernières pages… J’aurais bien accusé les hormones, mais cela fait maintenant presque un an que je ne suis plus enceinte ; il me faut donc supposer que cela est dû au seul talent de l’auteur !
Tu as bien fait d'accepter cette proposition.
Ce n'est sans doute pas le roman de l'année, mais j'ai effectivement passé un excellent moment.
Pas mon truc, javoue…
Je m'en doutais un peu ! ^^ A la base, je n'étais pas sûre d'aimer non plus, mais ce fut une lecture "facile" et agréable.