Pride and Prejudice – Jane Austen

 

Dans le cadre de ma participation au Challenge Austenien et au Challenge Pride & Prejudice organisés par la très sympathique Alice, je vous propose, pour cette première chronique, de nous intéresser à ce qui est probablement l’oeuvre la plus connue de la romancière anglaise, j’ai nommé l’inusable et formidable Pride and Prejudice (Orgueil et Préjugés en français).
 


 

Je reconnais volontiers avoir choisi la facilité pour commencer, puisque je le connais par coeur ! 🙂
 

La première phrase : 

It is a truth universally acknowledged, that a single man in a possession of a good fortune, must be in want of a wife.
 

 
L’histoire :

Elizabeth (Lizzy) Bennet vit avec ses parents et ses quatre soeurs à Longbourn, dans le Hertfordshire. Vive et intelligente, très proche de son père et de sa soeur aînée Jane, dont elle est la confidente, elle porte un regard lucide et souvent consterné sur le reste de la famille. Mrs Bennet est une femme superficielle et sans aucun tact, dont la seule et unique préoccupation est de trouver un mari pour chacune de ses cinq filles, ambition largement partagée par les dévergondées Kitty et Lydia, benjamines du clan Bennet. Le mariage, voilà bien une chose dont Mary, la soeur cadette, ne veut pas entendre parler : car, voyez-vous, Mary est une intellectuelle, tour à tour chanteuse, lectrice et pianiste accomplie (?), qui n’a guère de temps à perdre en mondanités et autres frivolités.
La maisonnée entre en ébullition lorsque deux riches célibataires viennent s’installer à Netherfield Park, vaste propriété du voisinage. Charles Bingley tombe sous le charme de la belle Jane Bennet, ce qui n’est pas du goût de sa soeur Caroline. Pensez-donc! Un Bingley, épouser une campagnarde faiblement dotée ?? C’est décidément inconcevable. Elle tentera par tous les moyens d’éloigner son frère de la famille Bennet (première intrigue secondaire du roman).

 

Mr Bingley est venu accompagné de son ami, le ténébreux et élégant Mr Darcy, dont on dit que la fortune dépasse celle de son compagnon. De quoi exciter bien des convoitises… Mr Darcy n’a qu’un seul défaut (de taille) : il se montre blessant et hautain, voire même carrément méprisant envers la populace locale. Ses premières rencontres avec Elizabeth sont houleuses, et tournent systématiquement à la joute verbale. Au cours d’un bal donné en l’honneur des nouveaux arrivants par la famille Lucas, Mr Darcy refuse de danser avec Elizabeth. Comme il l’explique alors à son ami Bingley, à portée d’oreille de notre charmante héroïne délaissée :

 

“She is tolerable ; but not handsome enough to tempt me.”

 
Super ambiance…

 

Après pareille entrée en matière, on se doute bien que leurs relations seront rien moins que cordiales. L’opinion d’Elizabeth est faite : ce vil et grossier personnage ne sera jamais digne de son attention, bien que Mr Darcy semble par la suite nourrir de plus tendres sentiments à son égard (au grand désespoir de Miss Caroline Bingley, qui n’en a pas fini de cracher son venin).

 
Et pourtant…
 
Mr Darcy mettra-t-il son orgueil en berne ?
Lizzy saura-t-elle dépasser ses préjugés ?
Rejoindra-t-elle Mr Darcy dans son somptueux domaine de Pemberley, Derbyshire ?

 

Vous le saurez en lisant “Pride and Prejudice” !

 

Surgiront au fil des pages d’autres personnages hauts en couleurs :

 

– Mr Collins : petit homme d’Eglise prétentieux et imbu de lui même, qui ne songe qu’à flatter les riches et les puissants… au risque de se couvrir de ridicule !
– Charlotte Lucas : la meilleure amie de Lizzy, personnage terne en apparence, mais que je trouve pour ma part assez réussi (elle choisira non sans cynisme d’épouser un imbécile pour assurer sa sécurité financière et sa position sociale)
– Lady Catherine de Bourgh : richissime et hautaine aristocrate, tante de Mr Darcy, qu’elle souhaite marier à sa fille Anne, petite chose fragile et malade
– Mr et Mrs Gardiner : londoniens cultivés et chaleureux, ils sont aussi l’oncle et la tante préférés de Lizzy, qu’ils emmèneront en voyage dans le Derbyshire (tiens, tiens…)
– George Wickham : jeune soldat en garnison à Meryton, dont Lizzy et sa plus jeune soeur Lydia vont toutes deux tomber amoureuses. Inclination lourde de conséquences, d’autant plus que George Wickham, qui fut élevé comme son fils par le père de Mr Darcy, aurait été chassé et déshérité par ce dernier (deuxième intrigue secondaire du roman).

 

L’opinion de Miss Léo :

 

Inutile de le préciser : j’adoooore ce livre, que j’ai lu et relu en anglais et en français (j’aime bien comparer les traductions). A ceux qui se diraient : “Oh non, encore une histoire à l’eau de rose de jeunes filles à marier, ça va sûrement être horriblement mièvre”, je répondrai : “Pas du tout, c’est même exactement le contraire !”.Evidemment, Jane Austen ne nous parle que de ce qu’elle connaît : la campagne anglaise, la quête du mari idéal, les relations entre aristocratie et petite bourgeoisie, les problèmes d’héritage… Je conçois que l’on puisse juger cela inintéressant. Sauf que, derrière cette légèreté de façade, se cache en réalité une oeuvre bien plus subtile qu’il n’y paraît. Avec ce merveilleux sens de l’ironie qui est le sien, Jane nous distille des observations bien senties sur l’Angleterre georgienne, qui font tout le sel de ses romans. L’auteur dissèque toutes les petites hypocrisies de l’époque, et nous en apprend beaucoup sur le statut des femmes au sein cette société ultra hiérarchisée.
 
Les héroïnes de Jane Austen ne peuvent hériter. Elles seront pauvres à la mort de leur père, à moins de dénicher un mari pouvant leur offrir un toit et un train de vie acceptable. C’est là tout le drame des soeurs Dashwood de Sense and Sensibility, dont le père meurt au début du roman, et c’est aussi le destin des soeurs Bennet, dont la demeure de Longbourn reviendra à leur cousin, l’insupportable Mr Collins.
 
Au delà de ces considérations, Pride and Prejudice est avant tout un roman fort bien écrit et particulièrement envoûtant. Le charme et le caractère bien trempé d’Elizabeth et Darcy y est sans doute pour beaucoup. On suit l’évolution de leurs relations avec grand plaisir, de Netherfield à Pemberley en passant par Rosings (la demeure de Lady Catherine) et Lambton. Tout cela est extrêmement savoureux, tout comme le sont les personnages secondaires, qui peuvent parfois sembler caricaturaux, mais ne font qu’illustrer une certaine forme de bêtise et/ou de mesquinerie poussées à leur paroxysme (Mrs Bennet, Miss Bingley, Mr Collins, Lydia…).
 


A lire de toute urgence !

 
 
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Pour prolonger le plaisir :
 

Adaptations cinématographiques :

 

Pride and prejudice, 1940 (avec Sir Laurence Olivier)
Pride and prejudice, 1995 (mini serie de la BBC avec Colin Firth)
Pride and prejudice, 2005 (avec Keira Knightley)
Bride and prejudice (Coup de foudre à Bollywood), 2004

 
Littérature para-austenienne (inspirée de l’univers de Pride and Prejudice) :
 

Bridget Jones’ Diary, Helen Fielding
Bridget Jones, the edge of reason, Helen Fielding
Bridget et son boss Daniel (Hugh Grant) travaillent chez Pemberley Press. Bridget se chamaille avec Mark Darcy, qui est un ami d’enfance de Daniel, lequel prétend avoir été trahi par… Mark Darcy… Toute ressemblance avec des personnages de P&P serait purement fortuite.
P&P and Zombies, Seth Grahame-Smith
Relecture de l’oeuvre de Jane Austen, qui voit Elizabeth se battre contre de méchants zombies. Je ne l’ai pas encore lu, mais ça a l’air débile. Le texte mêle extraits de l’oeuvre originale et passages rajoutés (zombies obligent).
– Acting up, Melissa Nathan
– Death comes to Pemberley, P.D.James
Je veux le lire ! Jane Austen et P.D.James dans le même roman, que demander de mieux ? EDIT : je l’ai lu ! La critique est ici.

 

 

10 thoughts on “Pride and Prejudice – Jane Austen

  1. Oh, je suis ravie de découvrir que tu participes au challenge Austenien 🙂

    J'adore O&P, même si ce n'est pas mon Jane Austen préféré, et j'adore aussi la mini-série de 1995. En revanche, je n'ai pas du tout aimé le film avec Keira Knightley.

    Connais-tu la série Lost in Austen ? Je l'ai découverte récemment et c'est une excellente réécriture du roman, très drôle et intelligente.

    1. J'ai moi aussi été un peu déçue et surtout frustrée par le film avec Keira Knightley. L'adaptation de 1995 est effectivement bien meilleure !
      Je n'ai pas encore vu Lost in Austen, dont je n'avais pas entendu parler avant de découvrir le blog d'Alice, il y a de cela quelques semaines. Ca me tente bien, je vais essayer de me procurer le DVD.
      En tout cas, merci pour ton accueil chaleureux, et longue vie à nos blogs ! 😉

  2. Bonjour Miss Léo,
    j'ai beaucoup aimée ta critique, et du coup sa me donne envie de le lire. Surtout qu'il traîne dans ma bibliothèque … Mais le soucis c'est que je l'ai en Anglais, et donc j'aimerai savoir si il est abordable pour un livre de cette époque ?

    1. Bonjour Angie,
      La langue utilisée me paraît tout à fait abordable, sans être extrêmement facile non plus. Il faut que tu essayes ! Je ne suis pas très bon juge, car j'ai l'habitude de lire en anglais, et ne me rends pas toujours compte de la difficulté… Une chose est sûre : la version anglaise de P&P est bien meilleure que les diverses traductions françaises, très inégales et pas toujours fidèles à l'original !
      Je te souhaite une très bonne lecture.

  3. Salut Miss Léo !
    Je découvre ton blog que je trouve superbe !
    Un très joli graphisme, des chroniques argumentées et intéressantes et en plus il semblerait que nous ayons pas mal de goûts en commun !
    Comme toi, j'ai un faible pour la littérature anglo-saxonne…
    Je compte bien parcourir ton blog en entier ! 😉

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