Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil – Haruki Murakami

Titre original : Kokkyô no minami, taiyô no nishi
Traduction (japonais) :
Collection Domaine Etranger, 10/18, 1992-2002, 224 pages

 

Les premières phrases :
Je suis né le 4 janvier 1951. La première semaine du premier mois de la première année de la seconde moitié du XXème siècle.

 

L’histoire :
Hajime rencontre Shimamoto-san à l’école primaire. Les deux enfants, liés par une forte complicité et un tendre amour platonique, deviennent vite inséparables, mais se perdent de vue à l’âge de douze ans, lorsque la famille de la jeune fille déménage pour une autre ville. Hajime ne reverra son premier amour que bien des années plus tard, alors que, marié à Yukiko et père de deux petites filles, il semble enfin mener la vie de ses rêves, cumulant réussite professionnelle et familiale. Ce fragile équilibre résistera-t-il à ses retrouvailles avec Shimamoto-san, réapparue dans des circonstances pour le moins mystérieuses ?

 

L’opinion de Miss Léo :

 

Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil (encore un titre comme je les aime) est mon premier Murakami. J’ai (volontairement) choisi un roman assez court pour m’initier à l’oeuvre du maître japonais. On peut dire que j’ai eu le nez creux : captivée dès les premières pages, il ne m’aura finalement pas fallu plus de trois heures pour en venir à bout.
 

Haruki Murakami

 
Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil est une superbe histoire d’amour et de désir, qui commence comme un récit initiatique à la première personne. Hajime nous raconte ses premières amours, de sa rencontre avec la douce Shimamoto-san jusqu’à son mariage, en passant par sa première histoire sérieuse au lycée. Il découvre l’amour et la sexualité, mais détruit sa relation avec la sympathique Izumi en couchant avec sa cousine, dont le nom ne sera jamais prononcé. Le parcours de cet adolescent très ordinaire est sublimé par Murakami, qui réussit à captiver le lecteur avec une histoire somme toute banale, sur laquelle plane comme une menace. Cette impression de danger imminent est renforcée par le ton distancié, presque froid adopté par Hajime. On s’attend à tout moment à ce que le récit prenne une tournure inattendue
 

A mi-parcours, le roman bascule en effet dans une nouvelle dimension, onirique et mystérieuse, marquée par le retour de Shimamoto-san, amour d’enfance jamais oublié. Murakami crée un personnage fragile et énigmatique, dont on a du mal à percer les motivations. Cherche-t-elle à manipuler Hajime, ou bien agit-elle réellement en toute innocence ? Il faudra patienter jusqu’aux toutes dernières pages pour obtenir un embryon de réponse.

 
J’ai beaucoup apprécié l’écriture délicate et toute en nuances de Murakami. Le style, très épuré, est tout à la fois tragique, poétique et subtilement érotique, évoquant une très vaste palette de sentiments (l’amour sous toutes ses formes). Hajime se perd peu à peu dans un univers de fantasme, déconnecté de la réalité. Les japonais n’ont pas leur pareil pour nous conter de grandes histoires d’amour nimbées de mystère, où la sensualité côtoie la folie et l’obsession, qui finissent inévitablement par s’insinuer dans les relations des amants. C’est à la fois très beau et très triste. Murakami s’interroge également sur les aléas du destin.  Pourquoi Hajime se retrouve-t-il avec telle femme plutôt qu’avec une autre, passant ainsi à côté du seul véritable amour de sa vie ?
 

Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil est décidément un très beau roman, qui me donne envie de découvrir le reste de l’oeuvre de Murakami, mais aussi de me replonger dans les écrits de Junichiro Tanizaki, un auteur japonais que j’adore (et dont je vous parlerai certainement un jour).

 

Un coup de coeur !

 
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Ce roman marque ma deuxième participation au Challenge Dragon 2012, organisé par Catherine.
 

 
Et hop, 224 pages de plus pour le concours S.T.A.R. ! Ca prend forme.
 

 

5 thoughts on “Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil – Haruki Murakami

  1. Merci pour ce beau roman dans le challenge. Il est dans ma PàL depuis un bout de temps, je le lirai un jour. Bon challenge et à bientôt.

  2. Pour moi aussi ce fut mon premier Murakami, j'avais adoré ce magnifique roman ! Je te rejoints parfaitement concernant une parfaite histoire d'amour, plein de mystère accompagnée d'une écriture délicate. Oui c'est un roman délicieux 😉

  3. Bonjour,
    je découvre ton blog grâce à la page FB du STAR4; et je l'ajoute illico à mon blogroll car les livres que tu lis et présente ici sont conforme à mes goûts littéraires…
    Voici le lien vers mon billet sur ce roman de Murakami, billet "double" parce qu'il y est aussi (surtout ?) question du roman de Minh Tran Huy ("la princesse et le pêcheur")…
    mes.vies.free.fr/?p=438

  4. Pour toi quel est le véritable amour de Hajime ?
    Ton billet complète le mien. Je n'ai pas noté certaines sensations que tu soulèves dans ta critique. C'est vrai que je m'attendais, à chaque page tournée, à un évènement tragique. Et je me demandais si Shimamoto ne jouait pas un jeu.
    Beau livre !!!

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