De Cape et de Crocs (T1 à T6) – Alain Ayroles et Jean-Luc Masbou

Scénario : Alain Ayroles
Dessins : Jean-Luc Masbou
Editions Delcourt, 1995, 10 tomes parus, 48 pages

 
L’histoire :

Venise, XVIIème siècle. Condamnés aux galères pour avoir croisé la route du sinistre seigneur Cénile Spilorcio, Don Lope de Villalobos Y Sangrin Hidalgo (un loup) et Armand Raynal de Maupertuis (un renard), deux fiers gentilhommes plein de ressources, se retrouvent embarqués dans une chasse au trésor effrénée, en compagnie du lapin Eusèbe et du corsaire turc Raïs Kader. Commence alors une aventure trépidante, qui les mènera de découvertes en surprises, sous la menace du capitaine Mendoza et d’une horde de pirates armés jusqu’aux dents.

 

Raconter l’histoire serait vain ! Mieux vaut se laisser surprendre par les nombreuses péripéties auxquelles se verront confrontés nos amis canins, au fil d’un récit très riche sur le plan narratif

 

L’opinion de Miss Léo :

 

Oh, la belle découverte que voilà !

 

J’entretiens avec la bande dessinée des relations complexes et ambiguës. J’adore ou je déteste, et il m’arrive régulièrement de refermer une BD après quelques pages, par ennui ou incompréhension. Je n’ai par exemple pas réussi à lire Les compagnons du crépuscule de Bourgeon, alors que j’avais adoré Les Passagers du vent du même auteur ! J’aime Bilal, Tardi, Hergé, Gotlib, Corbeyran ou Larcenet, je m’enthousiasme pour Satrapi, Delisle, Sfar, Spiegelman ou Brétécher, mais j’ai souvent du mal avec les dessins trop chargés, ainsi qu’avec les intrigues sans queue ni tête ou trop infantilisantes.
 
Fin de la rubrique “Miss Léo raconte sa vie”. Revenons à nos moutons.

 

De Cape et de Crocs m’avait été chaudement recommandé par mon amoureux, lui-même grand amateur de cette sympathique série, qui réunissait effectivement tous les ingrédients susceptibles de me plaire : des personnages bien caractérisés, de beaux dessins, une intrigue captivante et, last but not least, un humour irrésistible. Je suis vite devenue accro ! J’ai lu les six premiers tomes en trois jours, et je viens d’acheter les numéros 7 et 8.

 

 
 
Premier atout : les personnages. 

 
Don Lope de Villalobos Y Sangrin Hidalgo (la référence au Roman de Renart m’a fait sourire), gentilloup espagnol, fier et bouillonnant bretteur, parcourt le vaste monde en compagnie de son ami Armand Raynal de Maupertuis, renard au charme très français, as de la râpière et poète à ses heures perdues. Don Lope se montre extrêmement choqué que les loups soient trop souvent représentés comme des brutes sanguinaires (voir la fable “Le Loup et l’Agneau”), alors qu’il n’est que charme et distinction. Il est à noter que nos deux héros ne sont pas exempts de défauts, et qu’ils incarnent à merveille les petits travers de la race humaine (susceptibilité, gourmandise, vantardise et autres sautes d’humeur). Ils rencontreront cependant l’amûûûr en chemin, en la personne d’Hermine et Séléné (une brune incandescente et une blondasse éthérée, il en faut pour tous les goûts).

 

Les autres personnages sont tout aussi séduisants. J’ai craqué pour Eusèbe, adorable lapin malchanceux et gaffeur au passé mystérieux, dont les interventions sont particulièrement savoureuses. J’ai bien ri en découvrant le savant fou Bombastus Johannes Theophrastus Almagestus Wernher Von Ulm, inventeur de machines improbables et adepte de théories scientifiques farfelues. Les pirates sont également très réussis, comme en atteste l’illustration ci-dessous (n’hésitez pas à cliquer sur les images pour les agrandir) :

 

 
 
Deuxième atout : le scénario !

 
De Cape et de Crocs est avant tout un brillant hommage aux films et aux romans de cape et d’épée, truffé de références littéraires et cinématographiques, et servi par de beaux dessins joliment colorés. Je n’ai eu aucune difficulté à rentrer dans l’histoire, très fluide. Le concept est original : seuls quatre ou cinq personnages sont incarnés pas des animaux, lesquels évoluent harmonieusement dans un univers peuplé d’humains.

 

L’intrigue tient la route, les péripéties se succédant à vive allure. Les combats sont rythmés et bien représentés, avec un brin de fantaisie bienvenue (la botte secrète de Don Lope me plait beaucoup, il faudra que j’essaye de la reproduire à la salle d’armes). Armand de Maupertuis a pour habitude de versifier tout en croisant le fer, ce qui n’est pas sans rappeler un certain Cyrano…

 

 

J’ai été frappée par la perfection du découpage et de la composition de certains plans, reliés entre eux par un montage très cinématographique, souvent hilarant. Cette planche parle d’elle-même (je ne m’en suis pas encore remise).

 

 

“Maupertuis ose et rit !” (devise d’Armand)
“Carne y sangre !” (devise de Don Lope)
 

Troisième atout : des dialogues à mourir de rire !

 

Le charme de la série provient en grande partie de son humour désopilant, redoutablement subtil et efficace.. Les personnages se retrouvent dans maintes situations cocasses, souvent absurdes, et les dialogues décalés font mouche la plupart du temps. J’ai déjà évoqué les nombreuses références littéraires et cinématographiques, très drôles, que le lecteur s’amusera à repérer. Il est probable que certaines m’auront échappé. De quoi justifier une nouvelle lecture ?

 

On rit beaucoup, mais les aventures d’Armand et Don Lope n’en dégagent pas moins une certaine poésie. Ayroles et Masbou ont su créer un séduisant univers fantastico-onirique, s’inspirant de diverses légendes et récit populaires, qui n’en finit pas de surprendre le lecteur. De Cape et de Crocs est décidément une bande dessinée très complète, comme je n’en avais pas lu depuis très longtemps. Un petit bijou !

 
 

Une série de qualité, dont j’aurai grand plaisir à lire les quatre derniers épisodes. Coup de coeur !
 
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Nous sommes le 21 mai. Voici ma désormais traditionnelle livraison pour le challenge Les 12 d’Ys (et de quatre). J’en profite pour avancer dans le Challenge Petit Bac d’Enna, catégories Objet et Partie du corps.
 

 

17 thoughts on “De Cape et de Crocs (T1 à T6) – Alain Ayroles et Jean-Luc Masbou

  1. J'ai dû lire que le premier mais j'avais adoré comme toi les dialogues truffés de références littéraires… cyrano mais aussi Molière et tout le vocabulaire XVII…. Il faudra que je continuer la série mais j'avoue comme toi, peu d'attrait pour ce genre… J'aime bien els animaux comme personnages et dans un genre tout différent, il y a black sad que j'aime beaucoup…

    1. Même réponse qu'à Aymeline ! Je suis triste car il ne me reste plus que deux tomes à lire (qui seront semble-t-il les derniers).

  2. j'ai les 5 premiers tomes au pied de mon lit. Si j'ai bien compris, mieux vaut que je ne commence pas le soir avant d'aller me coucher…

  3. Une série géniale, des dialogues savoureux et des dessins magnifiques ! Je me suis arrêtée au septième je crois, il faudrait que je continue.

    1. Apparemment, la série s'arrête définitivement après le tome 10. Bouhouhouuuuuuu ! Il ne m'en reste plus que deux à lire…

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