The Woman Who Walked Into Doors – Roddy Doyle

Titre français : La femme qui se cognait dans les portes
eBook Kindle, 1996, environ 240 pages

 
Les premières phrases :

“I was told by a Guard who came to the door. He wasn’t one I’d seen before, one of the usual ones. He was only a young fella, skinny and with raw spots all over his neck.
– Missis Spencer ? “

 

L’histoire :
Paula Spencer a 39 ans. Cette mère de famille alcoolique et meurtrie par la vie vit à Dublin en compagnie de ses quatre enfants, qui font son bonheur et sa fierté. Un policier se présente un jour sur le pas de sa porte, pour lui annoncer la mort de son mari Charlo, qu’elle a flanqué à la porte après plus de dix-sept ans de vie commune. L’occasion pour Paula de se repencher sur son propre passé, d’analyser l’échec de son mariage. La vérité est peu a peu révélée, au fur et à mesure que sont dévoilés des fragments de la vie de Paula.

 
L’opinion de Miss Léo :
 

17h30 : De retour chez moi après un très agréable brunch irlandais au Carr’s en compagnie de quatre sympathiques copines blogueuses, me voici misérablement confrontée à la triste réalité de mes (trop) nombreux billets en retard. Que ne les ai-je donc écrits plus tôt !

 

22h14 : Quelques heures plus tard, je me décide enfin à rédiger la première de ces chroniques. Miss Léo, tu seras châtiée !

 

La femme qui se cognait dans les portes est pourtant une excellente surprise. Je connaissais Roddy Doyle uniquement à travers les adaptations cinématographiques des trois volumes de sa fameuse trilogie de Barrytown, qui dressent la chronique sociale de milieux populaires iralndais : The Commitments, d’Alan Parker (que je n’ai pas vu), bientôt suivi de l’excellent The Snapper, puis de The Van, tous deux réalisés par Stephen Frears. C’est en parcourant le blog de Maeve que j’ai entendu parler du présent opus, premier d’une série de deux romans consacrés à Paula Spencer (un très beau personnage, que j’aurai plaisir à retrouver dans le deuxième volume).

 

Roddy Doyle

 

Le récit à la première personne adopte le point de vue de Paula, dont les pensées sont retranscrites avec beaucoup de justesse, dans un langage cru caractéristique du style de l’auteur. Difficile de croire que cette Woman Who Walked into Doors a été écrite par un homme ! Le titre étant assez évocateur, on devine très rapidement le drame de Paula : il semble évident  que cette dernière est en réalité une femme battue, dont le mari n’a rien d’un enfant de choeur. La construction du roman est néanmoins surprenante : les sévices subis par la jeune femme ne sont en effet évoqués pour la première fois qu’aux trois quarts du livre. Les 150 premières pages sont ainsi consacrées au souvenirs de Paula, qui nous conte l’histoire de sa famille, depuis son enfance jusqu’à son mariage avec Charlo Spencer.  Dans un récit oscillant constamment entre présent et passé, elle évoque ses relations avec ses soeurs et ses enfants, son alcoolisme, sa découverte (sordide) du sexe sur les bancs du collège, puis sa lune de miel idyllique et passionnée avec Charlo, le grand amour de sa vie.

 

“My name is Paula Spencer. I am thirty-nine years old. It was my birthday last week. I was married for eighteen years. My husband died last year. He was shot by the Guards. He left me a year before that. I threw him out. His name was Charles Spencer; everyone called him Charlo.”
 
Il ne se passe en réalité pas grand chose, mais la vie de Paula à quelque chose de fascinant, de poignant. La jeune femme n’a jamais été épargnée, et l’on ressent dès les premières pages une forme de tension  malsaine, annonciatrice du drame à venir. Le récit de Paula n’est pas dénué d’humour, mais révèle peu à peu des événements d’une très grande noirceur, tous racontés avec le même détachement, quelle qu’en soit la gravité.

 

Le roman bascule soudain sans prévenir. Fatiguée, Paula a un jour une réponse malheureuse, qui met le feu aux poudres, et lui vaut de prendre sa première raclée.
“Make your own fuckin’ tea”Cette phrase marque la fin des illusions, le début du mensonge : couverte de bleus et d’ecchymoses, meurtrie par de multiples fractures et autres dents cassées, Paula ment aux infirmières et aux médecins, prétendant généralement avoir chuté dans l’escalier, ou s’être cognée à une porte. Dix-sept ans de violence conjugale et de souffrances, marquées par la honte et l’incompréhension. Seule sa soeur aînée Carmel entrevoit la vérité… en vain, car la jeune femme se ment surtout à elle-même. Elle tente d’analyser ses erreurs, se rend responsable des actes de son mari si aimant, qu’elle a de toute évidence provoqués (un discours que l’on entend souvent dans la bouche de femmes victimes de maltraitance). Elle n’a pas le courage d’admettre que Charlo, violent et macho, qu’elle aime pourtant malgré tout, est le seul responsable.
 
Le dernier quart du récit est particulièrement étouffant. Paula, dont le caractère s’affirme au fil des pages, s’impose en tant que femme et mère. Le désir de protéger ses enfants lui donne la force d’affronter la réalité. Ce qu’elle n’a pas su faire pour elle-même, elle le fera pour sa fille aînée Nicola, elle-même victime de la folie meurtrière de son père. La fin du livre laisse enfin entrevoir une lueur d’espoir, et n’est donc pas trop plombante.

 
 

Un coup de coeur, sur un sujet pourtant difficile.
 
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Voici (enfin) nouvelle lecture pour le mois irlandais de Cryssilda, qui compte également pour le challenge Petit Bac d’Enna (catégorie Objet) et pour le défi Je lis en anglais de Missbouquinaix, ainsi que pour le challenge Voisins voisines d’Anne.
 

 

12 thoughts on “The Woman Who Walked Into Doors – Roddy Doyle

  1. J'ai eu un gros coup de coeur également pour ce livre. La semaine prochaine, je publie mon billet et celui sur "Paula Spencer" qui te plaira aussi beaucoup. Et j'ai été ravie de faire ta connaissance, a real pleasure my dear !

  2. Il y a tout plein de romans de Roddy Doyle géniaux qui sont méconnus en France et pourtant traduits, effectivement ;p.

    J'aime beaucoup sa manière de traiter un sujet pas si évident que cela…
    Il écrit aussi des livres pour enfants.

    1. Effectivement, il s'en sort particulièrement bien sur un sujet qui aurait pu devenir franchement casse-gueule. Il a su être original tout en restant sobre.
      Je lirai sûrement d'autres Roddy Doyle !

  3. Je vais noter le titre en français, d'accord ! Dis… je suis vieille, je sais, et je dois aller chez l'ophtalmo, mais je trouve que les caractères sont un peu petits ici. Tu ne pourrais les agrandir un peu… si tu ne le souhaites pas, je comprendrai bien ! mais… je lirai en diagonale.

    1. Pas de problème pour le titre en français !
      Pour ce qui est de la police de caractères, je me demande si cela ne vient pas de ton navigateur. Sur mon ordi, les caractères de mon blog sont pratiquement de la même taille que ceux du tien. Cela dit, je reconnais que je ne suis pas totalement satisfaite de la présentation de mon blog. J'espère avoir bientôt le temps de retoucher quelques petites choses, et la police de caractères en fera sûrement partie.

  4. Pour agrandir le texte (ou n'importe quelle fenêtre : appuyer sur Ctrl et + simultanément). Sinon, il va falloir que je me remette à l'anglais. Les petites jeunes, vous me mettez la pression (et l'envoie) !!!! bises

    1. Petite jeune, petite jeune, c'est toi qui le dis !
      Je réponds bien tardivement à ton commentaire. Désolée, je l'avais tout simplement oublié. Alzheimer précoce ??
      Merci pour tes lumineux conseils techniques.

  5. Je n'en ai jamais lu de l'auteur, j'en ai deux dans ma pal, mais pas celui-ci… c'est pourtant par ce livre que j'ai envie de commencer, vos avis à toutes m'intriguent !

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