A simple act of violence (Les anonymes) – Roger Jon Ellory

Lecture commune
avec
Editeur français : Sonatine
Orion Books, 2008, 562  pages

 

La première phrase :
She stands in the kitchen, and for a moment she holds her breath.
 
L’histoire :

Washington DC, 2001 – Catherine Sheridan, quarante-neuf ans, est retrouvée morte à son domicile, un ruban blanc autour du cou. Le détective Robert Miller et son partenaire Albert Roth se voient confier l’enquête sur ce qui est probablement le quatrième meurtre du “Ribbon Killer”, un redoutable tueur en série. Ils découvrent à leur grande surprise qu’aucune des victimes ne semble avoir d’existence officielle, et que les noms qu’elles utilisent ne sont en réalité que des pseudonymes. Qui sont ces femmes anonymes ? Quelles étaient les relations de Catherine Sheridan avec John Robey, un mystérieux individu dont la photo a été retrouvée sur les lieux de l’assassinat ? Commence alors pour Miller une enquête à haut risque, qui ébranlera profondément ses convictions, et révélera une Amérique sombre et corrompue.

Parallèlement à l’intrigue principale sont peu à peu dévoilées les confidences dudit John Robey, ancien tueur de la CIA devenu professeur de littérature à l’université, qui se souvient des circonstances de son embrigadement et de sa rencontre avec Catherine, ainsi que de ses premières missions en Amérique du Sud.

 

 
L’opinion de Miss Léo :
 

Après Seul le silence et Vendetta, publiés en France aux éditions Sonatine, R.J. Ellory nous livre un autre grand roman, qui ravira les amateurs de polars virtuoses et bien ficelés. Je suis comme toujours emballée (il est donc possible que mon billet ne soit pas totalement objectif).

 

A la frontière entre roman policier et roman d’espionnage, Les anonymes se situe plutôt dans la veine de Vendetta, qui reposait sur le même procédé narratif, alternant deux intrigues et plusieurs époques destinées à se rejoindre. Le récit mêle la petit histoire à la grande, s’attachant aux destins individuels et tragiques de ses héros malmenés. La principale différence réside dans le fait que les personnages sont ici davantage en retrait, impuissants face à des événements qui les dépassent. Le drame humain reste cependant au coeur du récit. Dense et violent, moins intimiste que Seul le Silence, Les Anonymes n’en demeure pas moins une subtile histoire d’amour, sur fond de meurtres et d’Histoire. Après la mafia et le crime organisé dans Vendetta, voici venu le temps des rires et des chants de la chronique de la CIA et de son action en Amérique du Sud (les américains soutiennent le trafic de drogue et les cartels pour favoriser le coup d’état sandiniste au Nicaragua). John Robey est le témoin privilégié d’agissements répréhensibles, auxquels il a lui-même pris part. Les jeunes recrues idéalistes finissent inévitablement par perdre leur âme, embrigadées dans un système qui les dépasse. Jusqu’au jour où trois d’entre eux décident de se révolter…Le roman est assez touffu, mais néanmoins très accessible. Je reconnais être assez ignare en matière de politique sud-américaine, et ne ne pas savoir grand chose des événements historiques relatés dans le livre. Ellory est cependant parvenu à me captiver. Pas de révélations fracassantes (on se doute bien que les Etats-Unis sont loin d’être irréprochables, et ont trempé dans bien des magouilles), mais l’auteur sait appuyer là où ça fait mal, et nous livre un constat affligeant. Le récit de John Robey (que j’imagine bien documenté) montre à quel point la CIA est infiltrée au plus haut niveau de l’Etat, et tente d’évaluer son impact sur la politique, l’économie et la gestion des conflits à l’échelle mondiale. Cela fait froid dans le dos.
 
R.J. Ellory, qui se renouvelle de livre en livre, confirme ici son talent de conteur hors pair. Il réussit à surprendre son lecteur en orchestrant un vrai suspense et de beaux personnages, le tout porté par une narration efficace, qui ne sombre pas dans la facilité. J’ai apprécié les nombreux clins d’oeil cinématographiques. Première scène du livre : Catherine Sheridan attend son assassin en regardant “It’s a Wonderful Life” de Frank Capra. Elle agonise en voyant James Stewart tomber amoureux de Donna Reed au bal de Bedford Falls. Trois pages, et je suis déjà conquise ! Mon seul regret (mineur) concerne le personnage de Miller, trop caricatural et un peu naïf. John Robey est en revanche très réussi.
 

Du grand Ellory (comme toujours) ! Un polar passionnant et admirablement écrit, dont il est particulièrement difficile de s’extraire.

 

Découvrez d’autres avis chez Karine:), Liliba, Kathel, YsMiss Alfie, Petite fleur.

 
Pour prolonger le plaisir :
 
Je vais bien sûr continuer à découvrir l’oeuvre d’Ellory (dont les romans sont traduits dans le désordre en France, allez savoir pourquoi) :
 

R.J. Ellory

 

  • Candlemoth, 2003
  • Ghostheart, 2004
  • A Quiet Vendetta, 2005 (Vendetta)
  • City of Lies, 2006
  • A Quiet Belief in Angels, 2007 (Seul le silence)
  • A Simple Act of Violence, 2008 (Les anonymes)
  • The Anniversary Man, 2009
  • Saints of New York, 2010 (Les anges de New-York)
  • Bad Signs, 2011
  • A Dark and Broken Heart, 2012
  • The Devil and The River, 2013

 

Sur la CIA : je pense lire prochainement The Company, de Robert Littell, un roman d’espionnage apparemment très réussi, dans ma PAL depuis peu.

 

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Nouvelle participation au challenge God save the livre, ainsi qu’au défi Je lis en Anglais de Missbouquinaix.
 

 

15 thoughts on “A simple act of violence (Les anonymes) – Roger Jon Ellory

  1. N'étant pas adepte des policiers, je n'ai jamais lu cet auteur, mais il est noté dans un coin de ma tête pour le moment où l'envie se présentera ! 😉

  2. Ah tiens, je pensais que celui-ci avait été écrit avant Seul le silence et Vendetta. Je vois que nous partageons un peu toutes le même avis. On va bientôt faire un fan club ?

  3. Je constate que nous partageons le même avis. 😉
    Comme le suggère Manu, on pourrait monter un fan club…:D
    Dans tous les cas je prends d'ores et déjà rendez-vous pour la sortie poche de "Les anges de New-york".

  4. J'ai lu deux romans de l'auteur (dont un non traduit) et j'avoue que je suis souvent moyennement enthousiaste. Par contre l'auteur est très sympa et son parcours m'intrigue.

  5. J'ai honte d emoi, je n'ai toujours pas ouvert un livre de JR Ellory alors que j'en ai très envie ! Il faut que je remédie à ça avant la fin de l'année, ça sera ma résolution de septembre !

  6. Oui, "seul le silence" que j'avais globalement aimé, à part une certaine overdose vers la fin devant tous les malheurs qui s'abattent sur le malheureux héros. Trop, c'est trop !

  7. Tu me donnes envie de lire ce bouquin. J'ai lu Seul le silence qui m'avait bien plu. J'ai Vendetta en stock, mais je pense ça ne sera plus le seul bientôt 😉

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