Attachments – Rainbow Rowell

eBook Kindle, Orion, 2011, 331 pages

 
La première phrase :
 
From : Jennifer Scribner-Snyder
To : Beth Fremont
Sent : Wed, 08/18/1999 9:06 AM
Subject : Where are you ?

Would it kill you to get here before noon ?
 
L’histoire :

Fin des années 90. Célibataire et légèrement geek sur les bords, Lincoln vit chez sa mère, et travaille de nuit pour le service informatique d’un quotidien d’information. Sa mission : contrôler le contenu des e-mails envoyés par les employés sur la messagerie interne du journal, afin de s’assurer que ceux-ci ne sortent pas du cadre professionnel. C’est ainsi que Lincoln découvre les échanges cocasses et très personnels de Beth et Jennifer, respectivement critique de cinéma et secrétaire de rédaction pour ledit journal. Captivé, il décide de ne pas leur envoyer d’avertissement, outrepassant par là même le règlement, et se met à guetter avec avidité les messages de Beth, dont le charme pétillant et l’humour ravageur ne le laissent pas indifférent. Le timide Lincoln se retrouve toutefois confronté à un problème de taille : comment avouer ses sentiments à la jeune femme, qu’il n’a jamais rencontrée en chair en os ??

 

L’opinion de Miss Léo :

 

Non, vous ne rêvez pas : voilà qui ressemble fort à de la chick lit ! Ce choix a légitimement de quoi surprendre, puisque les romances et moi ne sommes pas du tout, mais alors pas du tout amies (ce qui est en réalité un doux euphémisme pour dire que je hais, que j’exècre les romances). Si j’ai pu me laisser charmer jadis par la fraîcheur d’un Bridget’s Jones Diary au style enlevé et novateur, je dois avouer que mes dernières (rares) incursions dans le genre ne m’auront en aucun cas laissé un souvenir impérissable (je garde même de douloureuses séquelles de ma pénultième tentative “girly”, à savoir The Secret Dreamworld of a Shopaholic, que j’ai carrément trouvé nauséabond).Et pourtant, j’ai comme tout le monde besoin d’un chouïa de légèreté dans ce monde de barbares, et mon petit coeur sensible réclame parfois sa dose de mièvrerie sentimentale en barre. J’ai donc jeté mon dévolu sur ce petit roman encensé par les blogueuses, dont la couverture britannique vintage me faisait de l’oeil depuis de longs mois (bon, ce n’est pas celle que j’ai eue avec la version téléchargée sur ma liseuse, mais rassurez-vous, je m’en suis bien vite remise).

 

Cover
La couv’ anglaise !

 

Rainbow Rowell signe une romance gentillette, dont la principale originalité réside dans le chromosome Y de son héros mâle timide et empoté. La figure traditionnelle du célibataire en mal d’amour est ici incarnée par Lincoln, à qui incombe le rôle de la gourdasse mal dans sa peau. La lectrice féminine est-elle censée s’identifier au personnage, ou bien succomber à son charme maladroit ? Je suis bien embêtée, car je n’ai pas la réponse à cette question. Je serais donc tentée de botter un touche, d’un cinglant : “Ni l’un ni l’autre !”. Plus sérieusement, ce personnage principal improbable est à mon sens l’une des principales faiblesses du roman. A aucun moment je n’ai éprouvé de la sympathie pour ce presque trentenaire qui vit encore chez sa mère (!), ne s’est jamais remis de sa rupture avec Sam (son amour de jeunesse perdu à dix-neuf ans sur les bancs de l’université) et passe ses soirées à espionner ses collègues de travail en épluchant leur courrier. Il y a quelque chose de profondément malsain dans ce personnage, cependant présenté comme profondément romantique. Cerise sur le gâteau : Lincoln est (soi-disant) musclé et sexy, et ressemblerait (sic) à Harrison Ford. Really ? Il y a quelque chose qui ne colle pas dans ce portrait, et j’ai pour ma part eu toutes les peines du monde à me représenter le personnage, quand je n’avais pas tout simplement envie de le gifler (interprétez ça comme vous voulez).
 
Cette incompatibilité fondamentale mise à part, je dois dire que l’histoire est plutôt sympathique, notamment grâce aux échanges épistolaires de Beth et Jennifer (reproduits tels quels dans le roman). Ceux-ci sont drôles et espiègles, parfois empreints de mélancolie, et contrastent avec les paragraphes consacrés à Lincoln, de mon point de vue beaucoup moins convaincants. Pour vous resituer le contexte : l’intrigue se déroule a long time ago, in a galaxy far far away, à une époque où les réseaux sociaux n’en étaient qu’à leurs premiers balbutiements, tandis que les entreprises frémissaient d’angoisse à l’approche du Grand Méchant Bug de l’An 2000, tout en essayant d’empêcher leurs employés de discuter chiffons via Internet pendant leurs heures de travail. Ce petit côté rétro est l’un des atouts majeurs d’Attachments, qui grouille d’ailleurs de références cinématographiques de la fin des années 90.
 
Les piaillements discussions de Beth et Jennifer ne sont jamais d’une très grande profondeur, mais permettent tout de même quelques observations bien senties sur la vie de couple et le désir de procréation, ce qui rend les deux amies bien plus attachantes que ce grand dadais de Lincoln ! Le récit de Rainbow Rowell se révèle par moments très touchant, et réserve quelques bonnes surprises, pour peu que l’on ne s’attende pas à y trouver de la grande littérature (ce qui n’était heureusement pas mon cas). J’ai tout de même trouvé que le roman traînait parfois en longueur, et que le procédé trouvait rapidement ses limites. Amusants au premier abord, les échanges de mails entre les deux collègues perdent peu à peu en concision et en crédibilité, ce qui nuit cruellement à l’intrigue : Beth et Jennifer s’écrivent des tartines (autant dire qu’elles ne doivent pas beaucoup travailler !), et le ton adopté évoque davantage celui d’un courrier rédigé avec soin pendant plusieurs heures plutôt que celui d’un mail tapé en douce au bureau. Tout cela semble très artificiel, et les atermoiements de Lincoln n’aident en rien à raviver l’intérêt du lecteur.

 

Reste un roman pas très bien écrit, dont le scénario bancal et cousu de fil blanc débouche malheureusement sur un dénouement laborieux et maladroit. L’auteur ne parvient pas à éviter l’écueil de la mièvrerie. On sent l’influence des comédies romantiques avec Tom Hanks (acteur dont je me demande toujours comment il a pu rencontrer un tel succès) et Meg Ryan (que j’aimais bien jusqu’à ce qu’elle se fasse lifter/botoxer) : je suis généralement très cliente de ce type de films, mais force est de constater que les clichés romantiques propres au genre passent beaucoup mieux à l’écran que sur le papier !

 

Pour résumer : Rainbow Rowell nous offre un roman léger, sans prétention, drôle parfois, qui souffre toutefois de nombreux défauts. Ce n’est sans doute pas la pire des romances, mais l’intrigue n’a rien de palpitant, même si cette dernière se laisse lire sans trop de désagréments. Je n’ai ni adoré ni détesté. Bref : une lecture en demi-teinte, distrayante mais totalement facultative !

 

Une romance plutôt originale et pas désagréable, mais d’un intérêt très limité.

 

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J’inaugure grâce à cette lecture la catégorie “Romance/Chick Lit” de mon Challenge Le Mélange des Genres (auquel vous pouvez d’ailleurs toujours vous inscrire). Ouf !

 

5 thoughts on “Attachments – Rainbow Rowell

  1. "Reste un roman pas très bien écrit, dont le scénario bancal et cousu de fil blanc débouche malheureusement sur un dénouement laborieux et maladroit." et paf prends-toi ça dans les dents 😀 !

  2. C'est justement la romance entre Cath et xx que j'ai trouvée poussive et peu crédible dans "Fangirl" de Rainbow Rowell … Du coup, je vais passer mon tour pour "Attachment" …

  3. Lol, moi j'adore L'accro du shopping de Sophie Kinsella ! Et j'ai beaucoup aimé Attachement, que j'ai trouvé assez bien écrit et original par rapport aux romances habituelles, malgré certains clichés 🙂

  4. Moi j'ai adoré, pour les personnages un peu étranges. Mais bon, ça reste du léger… et si d'avance ce n'est pas trop trop trip, je comprends parfaitement pourquoi tu n'as pas accroché!

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