Demain à Santa Cecilia – Maria Duenas

Titre original : Mision Olvido
Traduction (espagnol) : Eduardo Jimenez
Robert Laffont, 2012, 428 pages

 

La première phrase :
Parfois, tout s’écroule autour de nous, telle une pesante et froide chape de plomb.

 

L’histoire :
Espagne, 1999. Blanca Perea, linguiste et brillante didacticienne, se remet difficilement d’un divorce douloureux. Rongée par ses souvenirs, elle accepte un emploi temporaire dans une université californienne, espérant ainsi donner un nouveau souffle à sa vie. La voici désormais installée à Santa Cecilia, petite bourgade sans âme nichée au nord de San Francisco. Bénéficiant d’une bourse octroyée par une mystérieuse fondation privée, Blanca se voit chargée du classement des archives d’un professeur renommé d’origine espagnole, décédé dans un accident de voiture quelques trente années auparavant ; la tâche se révèle fastidieuse, mais l’analyse méthodique des documents laissés par Andrés Fontana dévoile peu à peu un probable fil conducteur, qui semble d’ailleurs exciter la curiosité du directeur du département, ainsi que celle de Daniel Carter, chercheur en visite sur le campus…

 

L’opinion de Miss Léo :

 

Mon billet sera bref et pas franchement élogieux. Autant le dire tout de suite : j’ai été extrêmement déçue par ce roman terne et décousu, dont l’intrigue plate et sans saveur m’aura laissée totalement de marbre. J’attendais pourtant beaucoup de Maria Duenas, dont je voulais depuis longtemps lire le premier ouvrage, L’espionne de Tanger, au thème il est vrai bien plus alléchant que celui de ce second opus, dont je comprends mal comment il a pu rencontrer un tel succès à l’étranger. Perplexe, je suis…Que dire de ce second roman ? Les premiers chapitres sont les plus réussis, et nous invitent à découvrir une héroïne attachante, universitaire de quarante-cinq ans dévastée par la “trahison” de son mari, parti fonder une nouvelle famille après plus de vingt-ans de vie commune. L’auteur propose un portrait de femme assez réaliste, et il est facile de se reconnaître dans le personnage de Blanca, donc on comprend sans mal les doutes, les fêlures et surtout l’envie de rupture avec un mode de vie désormais révolu. On observe avec curiosité son installation dans un nouveau pays, une nouvelle ville, un nouveau bureau, et l’on attend avec impatience de découvrir quelle sera l’étincelle qui permettra à la mère de famille délaissée de tourner la page pour prendre un nouveau départ, et s’affirmer en tant que femme célibataire d’âge mûr. Là réside le seul vrai suspense (intérêt) du roman.

 

Je n’ai en revanche pas du tout apprécié le reste de l’intrigue. Demain à Santa Cecilia me semble être un roman extrêmement mal construit, plombé par l’absence totale d’enjeux dramatiques. Maria Duenas saute constamment du coq à l’âne, et s’attarde sur le passé de personnages sans intérêt, sans jamais stimuler la curiosité du lecteur, qui se retrouve ballotté de façon très artificielle entre plusieurs époques (l’Espagne des années 30 ou des années 50, l’Amérique à l’aube du nouveau millénaire). Les flash-backs traînent en longueur, et je n’avais pour ma part qu’une seule envie : revenir au présent, et aux recherches menées par Blanca !La romancière a de bonnes idées, dont l’exploitation demeure toutefois très insuffisante à mes yeux. Conséquence immédiate : l’intérêt retombe très rapidement, et les pages défilent laborieusement sans que le récit gagne en intensité ou en profondeur. On se doute bien que les archives exhumées par la visiteuse espagnole vont révéler quelque douloureux secret… dont on se fiche éperdument, tant les autres protagonistes paraissent fades et inconsistants !! Daniel Carter est un personnage profondément antipathique, et je n’ai pas cru un instant à sa relation avec Blanca. Le dénouement n’apporte quant à lui aucune satisfaction, et les motivations des uns et des autres semblent finalement assez anecdotiques.
 
Je m’attendais à un beau roman intimiste et sensible, aussi ambitieux dans le fond que dans la forme, associant des éléments historiques aux destins personnels d’individus de chair et de sang. Imaginez donc ma déception lorsque je me suis retrouvée confrontée à ce petit roman étriqué et totalement dépourvu de mystère, qui ne satisfera (à mon humble avis) ni les amateurs de fresques romanesques, ni les lecteurs férus d’Histoire espagnole, ni les curieux intrigués par les missions de Jésuites californiennes évoquées sur la quatrième de couverture. Ce dernier aspect aurait pu se révéler passionnant (j’ai pour ma part tout de suite songé aux missions entrevues dans le sublime Vertigo d’Alfred Hitchcock), mais j’ai une nouvelle fois été déçue par la façon dont cela était intégré à l’intrigue.
 
Pour résumer : si j’ai apprécié l’entrée en matière et la personnalité de la narratrice, j’ai en revanche été bien déçue par le style, quelconque, ainsi que par le manque d’intérêt de l’histoire en elle-même. Je me suis rarement autant ennuyée en lisant un roman, et je ne l’aurais probablement pas terminé s’il ne s’était agi d’un service presse, gracieusement envoyé par les éditions Robert Laffont (merci Cécile) !

 

(Il va sans dire que cet avis se base sur mon propre ressenti, et que d’autres lecteurs verront peut-être dans cet ouvrage des qualités que je n’ai pas perçues. Grand bien leur fasse !)
 
Une grosse déception, et un roman dont je ne recommande pas la lecture.

 

L’avis de Fanny.

 

6 thoughts on “Demain à Santa Cecilia – Maria Duenas

  1. Le titre, la couverture et Best-sellers Robert Laffont me font déjà tiquer. Ton avis me font définitivement tourner le dos à ce roman.

    1. J'avais hésité à le demander, pour les raisons que tu évoques… Je me suis basée sur les bonnes critiques du précédent roman de l'auteur, et j'ai eu tort !

  2. J'ai lu le premier qui m'avait beaucoup plu, malgré quelques longueurs. A la lecture de ton billet, je crois que je vais éviter de perdre mon temps avec celui-ci 😉

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