The yellow wallpaper – Charlotte Perkins Gilman

eBook libre de droits, 1892, 54 pages

 

La première phrase :
It is very seldom that mere ordinary people like John and myself secure ancestral halls for the summer.

 

L’histoire :

 

Une jeune mère en proie à la dépression passe ses journées enfermée dans sa chambre, à l’abri de toute stimulation intellectuelle, suivant ainsi le “traitement” préconisé par son mari bienveillant, médecin de son état. Murée dans sa solitude, elle ne tarde pas à éprouver une fascination morbide pour les motifs étranges du papier peint jaunâtre qui tapisse les murs de la petite pièce…

 

L’opinion de Miss Léo :

 

Cette semaine marque le début de mon congé pathologique (adieu, veaux, élèves, bulletins, Transilien en retard !), ainsi que les premiers balbutiements du début du commencement de la renaissance de mon blog. J’ai beaucoup lu ces derniers mois, aussi ne sont-ce pas les idées de billets qui manquent…J’ai choisi de vous parler dans un premier temps d’un court roman rédigé en 1890, découvert il y a quelques semaines chez Mrs Figg, et dévoré dans la foulée (entre deux coups de pied de mon cher foetus adoré). The yellow wallpaper est une nouvelle saisissante, traitant avec une modernité confondante de la condition de la femme américaine au XIXème siècle. Charlotte Perkins Gilman s’est semble-t-il inspirée de sa propre expérience pour construire son récit, dont la narratrice souffrant de dépression post-partum semble constamment sur le fil du rasoir.

 

On (son “sympathique” mari) lui refuse toute vie sociale et toute activité intellectuelle, espérant ainsi la guérir de cette regrettable maladie, pour lui permettre de retrouver au plus vite la place qui est la sienne (à savoir celle d’une épouse docile et d’une bonne mère de famille, dévouée corps et âme à l’épanouissement de ses enfants au sein d’un ménage prospère). La voici désormais contrainte à la passivité, isolée du reste du monde, sans même un livre pour s’évader, ne pouvant plus désormais trouver son salut que dans l’écriture. La petite chambre dans laquelle elle s’étiole symbolise le carcan dans lequel on enfermait volontiers les représentantes de la gente féminine, contraintes d’obéir ad vitam aeternam durant aux décisions et injonctions de l’Homme.Le personnage bascule peu à peu dans la folie, le papier peint jaune générant chez elles de troublantes visions fantasmagoriques. La jeune femme se réinvente un univers, seule façon pour elle d’accéder au monde extérieur, et la nouvelle se nimbe alors d’une atmosphère presque fantastique, qui n’est pas sans rappeler certaines nouvelles d’Edith Wharton (en plus sombre et plus poisseux). Qui est donc cette “femme qui rampe” emprisonnée derrière les motifs ? Le décor prend vie, change au gré de la lumière, et devient de plus en plus inquiétant, tandis que croît le délire paranoïaque de l’héroïne.
 
On est cependant frappé par le profond réalisme du récit, lequel nous conte la révolte silencieuse d’un personnage lucide mais impuissant, victime des préjugés de son époque. La romancière conduit une analyse psychologique d’une très grande finesse, et je ne crois pas avoir jamais rien lu de semblable. J’ai d’ailleurs été littéralement scotchée de la première à la dernière page !

 

Sachez que ce texte a été publié en français chez Phébus, dans une édition bénéficiant semble-t-il d’une excellente postface, que je me ferai un plaisir de lire à l’occasion. Je trouve en revanche le titre français peu convaincant…

 

 

Pour résumer : Charlotte Perkins Gilman signe un texte remarquablement moderne, court mais percutant, terrifiant à sa manière, et qui plus est extrêmement bien écrit. Je le recommande sans réserve !

 

Une nouvelle fascinante. A lire !!!

 

4 thoughts on “The yellow wallpaper – Charlotte Perkins Gilman

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