Le roman des Goscinny – Catel


Grasset, 2019, 344 pages

Livre lu dans le cadre du Prix Elle 2020.

La première phrase :

C’était un lundi. Il faisait très beau.


La quatrième de couverture :

Une famille juive exilée de Pologne et d’Ukraine.
Un enfant facétieux à l’extraordinaire destin.
René dessine. Il écrit.
Il devient le plus grand des scénaristes.

Avec Uderzo, il invente Astérix.
Avec Sempé, il crée le Petit Nicolas.

Dans ce livre, il devient à son tour un héros de bande dessinée.
Un roman graphique où tout est vrai, drôle et tendre.

L’opinion de Miss Léo :


On aime René Goscinny pour son humour, pour la qualité de ses scénarios (nous avons tous grandi avec Le petit Nicolas, Astérix ou Lucky Luke), mais on connaît moins l’homme et sa biographie. Catel Muller comble ce manque avec un roman graphique de qualité, dans lequel elle retrace l’histoire de la famille Goscinny, du début du XXème siècle à nos jours.

Le personnage principal en lui-même est assez plat, pour ne pas dire totalement insipide, mais le contexte historique dans lequel il grandit mérite d’être découvert. On suit donc avec intérêt le parcours de cette famille de juifs polonais, exilés en France, puis en Argentine pour certains. Père ingénieur chimiste, mère aimante : le petit René connaît une enfance heureuse à Buenos Aires, où il fera ses études. Après un bref détour par la France, il entame son apprentissage professionnel aux Etats-Unis. La misère n’est pas loin, compte-tenu de la difficulté à se faire une place dans le milieu de la bande dessinée, jusque là considérée comme un art mineur. Au fil des pages se dessine le portrait d’un homme un peu simplet timide et touchant, souvent en décalage avec ses semblables, qui noue toutefois des relations fortes avec ceux qui deviendront par la suite ses collaborateurs artistiques.

(Pour être honnête, j’ai trouvé que le portrait brossé par Catel manquait de consistance : elle fait de René Goscinny un être sans saveur, avec un côté ravi de la crèche qui ne le rend guère sympathique, ce qui va sans doute à l’encontre de l’objectif recherché.)

Les illustrations sont simples, mais pleines d’humour et de fraîcheur. J’aime beaucoup la mise en page et la construction des planches, ainsi que l’utilisation des couleurs ; Le roman des Goscinny est un beau livre, visuellement assez varié, ce qui empêche la lassitude de s’installer. Catel a par ailleurs eu la bonne idée d’insérer des oeuvres picturales de René Goscinny himself, tirées de ses propres carnets ; on découvre ainsi une autre facette du talent de celui qui renonça par la suite au dessin pour se consacrer à l’écriture. J’ai également apprécié les multiples références cinématographiques, intelligemment intégrées à la narration.

Le texte, sobre et sensible, sert à merveille cette biographie très vivante, contée avec pudeur et tendresse. Les références à l’oeuvre de Goscinny (notamment au Petit Nicolas) font sourire. Je suis en revanche nettement moins convaincue par le choix de faire d’Anne Goscinny l’une des héroïnes du livre. Donner à celle-ci le rôle de la narratrice était une bonne idée sur le papier, mais sa relation avec Catel est sans intérêt pour le lecteur (on frôle l’overdose de niaiserie béate à plusieurs reprises). Les pages qui lui sont consacrées ne sont guère palpitantes, sauf lorsqu’elle évoque les origines de sa famille… J’ajouterai qu’une petite notice biographique n’aurait pas été superflue (personnellement, j’ignore totalement ce qu’a bien pu écrire cette fille de…, or Catel semble partir du principe que tous les lecteurs sont familiers de son oeuvre).

Pour résumer : j’ai passé un agréable moment de lecture avec ce roman graphique. Néanmoins, il m’a manqué un petit quelque chose pour être totalement conquise. Peut-être un petit supplément d’âme ? J’ai quoi qu’il en soit trouvé l’ouvrage trop lisse (à l’image de son personnage principal ?). Il en résulte un récit un peu fade et sans réels enjeux, qui pâtit sûrement du contenu hagiographique de cette biographie trop respectueuse. On aurait aimé davantage d’aspérités !


mais pas exceptionnel

2 thoughts on “Le roman des Goscinny – Catel

  1. C’est marrant j’ai aimé le personnage de René et ne l’ai pas trouvé simplet mais déterminé 😜. Le ressenti de chacun… Mystère mystère

  2. Je viens de la finir et je suis encore plus sévère que toi ! C’est effectivement bien fade et sans profondeur. Les scènes entre Anne et Catel sont souvent gênantes et inintéressantes. Et ce que j’ai trouvé vraiment insupportable, c’est qu’elles font la pub de leurs ouvrages à de nombreuses reprises.

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