Sous les eaux noires – Lori Roy


Titre original : The Disappearing
Traduction (américain) : Valérie Bourgeois
Editions du Masque, 2019, 329 pages

Livre lu dans le cadre du Prix Elle 2020.

La première phrase :

Lane Wallace est seule à la Rowland’s Tavern lorsque la porte s’ouvre à la volée.


La quatrième de couverture :

Lorsque, à la fin du lycée, Lane Fielding a fui Waddell, sa ville natale au fin fond de la Floride, pour l’anonymat de New York, elle s’est juré de ne jamais y revenir. Pourtant, vingt ans plus tard, fraîchement divorcée et mère de deux filles, elle se retrouve contrainte de retourner vivre chez ses parents, sur la plantation historique de la famille. Un lieu hanté par le passé et les crimes sinistres de son père, ancien directeur d’une maison de correction.

La disparition de sa fille aînée vient confirmer la malédiction qui pèse sur cette ville. D’autant que dix jours plus tard, une étudiante se volatilise à son tour. Lane, désespérée, entreprend alors de faire tomber les masques autour d’elle pour découvrir si quelqu’un n’a pas enlevé sa fille afin de se venger des crimes de son père.


L’opinion de Miss Léo :


Du même auteur, je n’avais guère apprécié Les secrets de Bent road, que j’avais trouvé fade, et dont je ne conserve d’ailleurs aucun souvenir. La maturité aidant, j’espérais que la romancière nous proposerait cette fois quelque chose de plus substantiel… mais ça ne sera pas pour cette fois !

Les premières pages laissaient pourtant présager le meilleur. Quoi de plus intrigant qu’une petite ville sudiste à l’ambiance poisseuse, hantée par les réminiscences de sinistres événements remontant à plusieurs décennies ? Les personnages étaient plutôt prometteurs, à commencer par Lane et ses filles, et l’histoire semblait devoir réserver sont lot de zones d’ombre, de secrets de famille, et de mystères à éclaircir. J’étais donc plutôt confiante, mais mes illusions se sont bien vite dissipées (hélas, trois fois hélas).

Le texte m’a semblé très redondant. Le rythme est mollasson, et l’écriture maladroite ne parvient pas à emporter l’adhésion du lecteur, d’autant plus que Lori Roy peine à installer une atmosphère convaincante. Je n’ai pas trouvé le roman “étouffant”, contrairement à ce qui a pu être dit ailleurs. J’ai certes relevé quelques belles idées, mais le récit s’essouffle vite, et finit par agacer, à force de radoter et de tourner autour du pot. Des enfants abusés dans la maison de correction dirigée par le père de Lane, on ne saura pratiquement rien…

La construction ne m’a guère convaincue. Le récit en forme de roman choral alterne les points de vue, mais cela ne fonctionne pas vraiment. La palme du ridicule est attribuée aux chapitres narrés par Daryl, jeune homme un peu simplet dont la “voix” ne me semble pas du tout crédible (j’ai trouvé ses interventions mal écrites, et/ou mal traduites). Si le dernier tiers est plus rythmé, les rebondissements de l’intrigue ne m’ont cependant pas surprise, dans la mesure où j’avais deviné assez tôt le fin mot de l’histoire. On peut d’ailleurs regretter le manque de subtilité de certaines ficelles narratives…

Il subsiste par ailleurs une désagréable impression de déjà vu. Sous les eaux noires s’inspire fortement de Sur ma peau, le premier roman de Gillian Flynn : une journaliste ayant vécu une expérience traumatisante lors de son enfance revient dans sa ville natale pour enquêter sur de mystérieuses disparitions. D’accord, pourquoi pas… Sauf que là où l’écriture viscérale de Gillian Flynn interpelle et prend aux tripes, celle de Lori Roy ne fait qu’effleurer le cheminement psychologique des personnages, lesquels manquent cruellement de charisme et d’épaisseur (ce qui ne les rend guère attachants). Le roman propose également une description de l’adolescence qui n’est pas sans rappeller la vision d’une Laura Kasischke… dont Lori Roy ne possède pas le dixième du talent !

Pour résumer : sans être franchement déplaisant, ce roman n’a rien de bien enthousiasmant, et souffre de nombreuses maladresses, tant dans la construction que dans l’écriture. La mayonnaise ne prend jamais complètement, malgré un potentiel incontestable. Les (bonnes) idées de l’auteur ne suffisent pas, et j’ai personnellement regretté le manque d’originalité et de personnalité de l’ensemble.



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