Coraline – Neil Gaiman

eBook Kindle, 2002, environ 200 pages

 
Les premières phrases :

Coraline discovered the door a little while after they moved into the house.
It was a very old house – it had an attic under the roof and a cellar under the ground and an overgrown garden with huge old trees in it.

 
L’histoire :

La famille Jones emménage dans une vieille maison isolée, où vivent également deux vieilles femmes à moitié gâteuses et un dresseur de souris excentrique : un environnement bien maussade pour une petite fille curieuse et pleine de vie ! Coraline Jones s’ennuie ferme : accaparés par leur travail, ses parents ne lui accordent que peu d’attention, et semblent se désintéresser totalement de leur fille, laquelle s’occupe tant bien que mal en explorant méthodiquement sa nouvelle demeure. Coraline ne peut éviter de ressentir une certaine déception lorsqu’elle réalise que la mystérieuse porte qui l’intriguait tant s’ouvre sur un simple mur de briques infranchissable. Et pourtant… Quelle n’est pas sa surprise lorsqu’elle découvre que la porte en question lui permet en réalité d’accéder à un séduisant univers parallèle, dans lequel elle ne voit dans un premier temps qu’une copie améliorée de celui qu’elle vient de quitter ! Elle y est chaleureusement accueillie par son “Autre Mère” et son “Autre Père”, lesquels ressemblent à s’y méprendre à Mr et Mrs Jones, à un tout petit détail près : leurs yeux ont disparu, remplacés par une paire de boutons noirs ! D’abord enthousiasmée par sa nouvelle existence, Coraline ne tarde cependant pas à comprendre que les motivations de ses parents de substitution sont bien ambiguës, et en vient à regretter son ancienne vie, dont ce petit monde idyllique ne propose qu’une grossière et artificielle imitation. Le malaise s’installe… De retour chez elle, la petite fille découvre que ses vrais parents ont disparu. Prenant son courage à deux mains, elle franchit à nouveau la porte dérobée, espérant ainsi sauver sa famille des griffes de l’Autre Mère

 

 

L’opinion de Miss Léo :

 

Première incursion dans l’oeuvre de Neil Gaiman, avec un roman jeunesse ma foi très plaisant. Ayant vu (et aimé) le film d’Henry Selick, j’étais déjà familière de l’univers et des personnages du livre, lequel m’aura néanmoins procuré de bien agréables moments de lecture. J’ai été séduite par l’univers créé par l’auteur, qui nous entraîne dans un joli conte de fées initiatique, tour à tour effrayant, drôle et émouvant, dont l’intrigue et les ressorts dramatiques intègrent parfaitement les craintes et les désirs enfantins. Quel enfant n’a jamais rêvé de se réveiller un jour avec de nouveaux parents, plus aimants, plus compréhensifs, à l’écoute des moindres désirs de leur progéniture ? Qui n’a jamais eu l’impression que la vie était plus belle et plus heureuse chez les autres ? Comme disait le Petit Nicolas : “Puisque c’est comme ça, je quitte la maison !”. On ressent chez Coraline cette même frustration, qui la rend momentanément vulnérable, et la transforme en proie facile pour la terrible et très méchante “Autre Mère” (laquelle n’est en réalité qu’une vilaine sorcière déguisée). J’ai aimé ce personnage de pré-ado attachante, au caractère déjà bien affirmé, dont les réactions et la vision du monde demeurent cependant encore très immatures et enfantines.

 

“How do I know you’ll keep your word?” asked Coraline. “I swear it,”
said the other mother. “I swear it on my own mother’s grave.” “Does she
have a grave?” asked Coraline. “Oh yes,” said the other mother. “I put
her in there myself. And when I found her trying to crawl out, I put her
back.”

 

Coraline est un roman frais, léger, avec toutefois un petit quelque chose de profondément dérangeant. Le climat général est légèrement oppressant, et risque d’impressionner les plus jeunes lecteurs. Le fait que les habitants du monde parallèle aient les yeux remplacés par des boutons est une trouvaille absolument géniale : j’ai adoré ! L’univers dans lequel débarque Coraline ressemble énormément au monde réel, avec juste ce qu’il faut de
bizarrerie et de décalage pour que l’on y ressente une pointe de malaise et d’appréhension. C’est un peu “Coraline de l’autre côté du miroir”…

 

Je suis donc convaincue, malgré quelques petites longueurs et une plume qui, sans être déplaisante, n’est pas toujours des plus originales. Je compte lire d’autres romans de Neil Gaiman, qui jouit d’une réputation plutôt positive sur la blogosphère, d’après ce que j’ai pu lire ici ou là.

 

Pour résumer : de la bonne littérature jeunesse fantastique.

 

Cadeau bonus : un personnage de chat savoureux ! Notre ami félin retrouve l’usage de la parole lorsque Coraline bascule dans le monde parallèle, et nous fait alors part de ses réflexions presque toujours pertinentes, pour notre plus grand bonheur.

 

“Calling cats,” it confided, “tends to be a rather overrated activity. Might as well call a whirlwind.”

 

 

Le film :

 

J’ai revu le film d’Henry Selick en DVD après avoir lu le roman. L’intrigue est la même, mais le film prend plus de temps pour installer l’univers et les personnages, et se révèle au final bien plus inventif que le livre, lequel peut sembler un peu plat en comparaison. Certaines scènes sont complètement loufoques et déjantées (on se demande parfois ce que le réalisateur et les animateurs ont ingurgité pendant le tournage) ! Henry Selick, qui partage avec Tim Buron un goût certain pour les situations macabres, nous offre quelques visions délicieusement morbides. Je ne suis pas sûre que les enfants apprécient… L’Autre Mère (interprétée en VO par Teri Hatcher) est quant à elle absolument terrifiante, et l’on ressent le même malaise que lors de la lecture du roman. Signalons également l’apparition d’un nouveau personnage créé pour les besoins du film (Wybie, le jeune garçon turbulent et collant qui importune Coraline).

 

Ce deuxième visionnage confirme donc l’impression positive que m’avait laissée Coraline lorsque je l’avais découvert au cinéma. Il faut dire que j’ai un faible pour l’animation en stop-motion, dont j’apprécie le côté un peu saccadé et artisanal. Le résultat est certes moins abouti et moins poétique que The Nightmare Before Christmas, mais cela reste néanmoins une belle réussite !

 
——————————————————————-
 

 

Première attaque de sorcière, première victoire de Miss Léo.
Etape anglaise validée.

 

Le challenge Halloween démarre sous les meilleurs auspices !

 

22 thoughts on “Coraline – Neil Gaiman

  1. Une lecture qui paraît charmante. Des yeux en boutons… c'est vrai que ça fait peur ! c'est comme les lèvres cousues. L'image me donne des frissons.

  2. J'avais bien aimé le film mais je n'ai jamais lu le livre. J'aurais du faire ça pour participer aujourd'hui au challenge Halloween…au moins je n'aurais pas été à la bourre !!!

    1. Le livre me semble plus "sage" que le film, mais l'univers est le même.
      Je me suis enfin décidée à choisir des livres courts plutôt que des pavés pour les billets à date fixe ! Je deviens drôlement raisonnable…

  3. Comme Titine ci-dessus, j'ai vu le film mais pas lu le livre, erreur à rattraper donc! Pourtant j'adore Gaiman et si je dois t'en conseiller deux, ce seraient "Neverwhere" et "De bons présages" co-écrit avec Terry Pratchett.
    Concernant le film Coraline, j'avais bien aimé la collection de chiens "angéliques": drôle et dérangeant à la fois!

    1. Bienvenue chez moi, et merci pour tes conseils éclairés. J'ai moi aussi trouvé assez géniale l'idée des chiens empaillés ailés !

  4. Neil Gaiman est un de mes auteurs favoris, je ne peux qu'appuyer Glorifine en te disant de lire de Bons présages, qui est un excellent roman co-écrit avec Terry Pratchett (un autre de mes chouchous).
    Je garde un très bon souvenir de Coraline, et de l'ambiance qui s'en dégage.

    1. Je ne connais pas non plus Terry Pratchett, et vais donc m'empresser de suivre ton conseil (enfin, c'est-à-dire, quand j'aurai le temps).

  5. J'adore cet univers, cette ambiance, les personnages et le jardin… magnifique, ça me donne envie de revoir le film d'animation. J'avais lu le livre en 2009. 🙂

    1. Je suis assez réceptive à ce genre d'univers ! Le film supporte sans problème un deuxième visionnage (j'avais oublié certains détails, que j'ai redécouverts avec grand plaisir).

  6. ça fait très longtemps que ce livre et ce film me tentent 🙂 pour Neil Gaiman, je ne peux que te recommander Stardust (ainsi que son adaptation en film)

  7. Je n'ai vu ni le film ni le livre… Je n'ai encore rien lu de cet auteur mais je note car je n'aime pas trop la littérature jeunesse…

  8. J'ai vu une fois le dessin animé que j'avais adoré! Son ambiance sombre m'avait énormément plu. Le roman me fait de l'oeil depuis un bout!

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *