Nord et Sud – Elizabeth Gaskell

Lecture commune avec Deuzenn et Malorie

 

Titre original : North and South
Traduction (anglais) : Françoise du Sorbier
Première publication : 1854-55
Editions Points, Fayard, 2005, 686 pages

 

Les premières phrases :
“Edith ! murmura Margaret, Edith !”
Mais, ainsi que s’en doutait Margaret, Edith s’était endormie. Pelotonnée sur le sofa dans le petit salon de Harley Street, elle offrait un charmant spectacle avec sa robe de mousseline blanche et ses rubans bleus.

 

L’histoire :
La jeune Margaret Hale n’a jamais rien connu d’autre qu’une existence paisible, entre le domicile londonien de sa tante et la paroisse campagnarde de son pasteur de père. Elle coule des jours heureux dans un village verdoyant et ensoleillé (?) du Hampshire, jusqu’au jour où Mr Hale, tiraillé par sa conscience, décide de quitter l’Eglise. La famille Hale se retrouve alors propulsée dans la triste ville de Milton, cité industrielle enfumée du Nord de l’Angleterre, peuplée d’ouvriers et de patrons sans scrupule. Horrifiée par la vulgarité et la grisaille ambiantes, Margaret y fait la connaissance de John Thornton, directeur de l’une des filatures de coton locales. Elle ne voit en lui qu’un parvenu, dévoré par l’argent et l’ambition, et lui témoigne ouvertement son hostilité. Ce dernier n’est cependant pas insensible au charme de la jeune femme, dont la fierté et le caractère très affirmé semblent revêtir pour lui quelque attrait.

 

L’opinion de Miss Léo :

 

Alors ça y est, nous y voilà. J’ai ENFIN lu ce fameux roman d’Elizabeth Gaskell, que je gardais précieusement au chaud dans ma bibliothèque depuis plus d’un an et demi. Initialement publié sous forme de feuilleton hebdomadaire dans le magazine “Household words” (édité par Charles Dickens himself), Nord et Sud est une oeuvre passionnante et surprenante à bien des égards, dont la très grande richesse thématique s’allie à une remarquable finesse d’analyse psychologique.Tout avait pourtant bien mal commencé entre Margaret Hale et moi. De mémoire de lectrice, j’ai rarement été confrontée à une héroïne aussi détestable ! Son personnage se révèle bien vite profondément antipathique, et ses apparitions m’ont rendu assez pénible la lecture des deux cents premières pages, malgré la remarquable fluidité du récit. Cela s’arrange par la suite, mais je n’ai jamais réussi (ou alors très tardivement) à m’attacher à cette jeune femme fière et bornée, qui mériterait surtout qu’on lui colle une bonne paire de baffes !

 

Le pasteur Hale est quant à lui étrangement passif. La vie est dure pour cet intellectuel honnête et droit, d’un naturel inquiet et tourmenté, qui semble subir constamment les événements sans y prendre part. Sa décision de quitter sa fonction de pasteur est pourtant l’un des éléments clés de l’intrigue, puisqu’elle est à l’origine du départ pour Milton, au grand désespoir de Margaret et de sa mère, frêle créature pleurnicharde et hautaine, pour laquelle j’ai contre toute attente ressenti de la sympathie mêlée de compassion. Mrs Hale vit son déménagement comme une terrible déchéance sociale, elle qui pleure par ailleurs la disgrâce d’un fils aîné condamné à mort et exilé en Espagne.

 

Les autres protagonistes sont quant à eux très séduisants. Elizabeth Gaskell crée une impressionnante galerie d’individus subtilement caractérisés, dont les motivations et l’évolution psychologique sont parfaitement analysées. John Thornton est ténébreux à souhait, et dissimule une grande sensibilité sous une apparence virile et quelque peu austère. Mais comment diantre cet homme plein de bon sens peut-il tomber sous le “charme” de l’insupportable Margaret ???? Il y a là quelque chose qui me dépasse. A l’inverse d’un Darcy, héritier privilégié d’une fortune conséquente, Thornton a dû lutter pour bâtir son patrimoine et atteindre le succès dans sa vie professionnelle, ce qui n’en rend sa réussite que plus admirable. Il peut parfois se montrer très dur envers ses ouvriers, mais sait également faire preuve de décence, même si cela doit le conduire à la faillite. Un héros masculin comme on les aime !

 

Mention spéciale aux personnages secondaires, issus de diverses couches de la société britannique. Qu’il s’agisse du prolétaire Nicholas Higgins, membre du syndicat des ouvriers, de Mr Bell, vieil ami des Hale résidant à Oxford, de Mrs Thornton, très soucieuse du bien-être de son fils John, ou encore de la vieille Dixon, servante fidèle entièrement dévouée à sa maîtresse Mrs Hale, tous sont attachants à leur façon, et l’auteur prend le temps de s’attarder sur chacun de ces destins individuels.

 

Ce que j’ai le plus aimé dans le roman, c’est l’évocation de cette ville industrielle, spécialisée dans le textile, qui voit naître les premiers conflits sociaux. Milton, inspirée de Manchester, illustre à merveille le contraste entre le sud rural, peuplé de pasteurs, de paysans et de riches propriétaires, et le nord industriel, où cohabitent patrons et ouvriers. L’industrialisation galopante et la concurrence internationale obligent les directeurs à sous-payer leur main d’oeuvre, qui survit dans des conditions souvent déplorables. Elizabeth Gaskell propose une description très convaincante de la pauvreté : John Boucher se débat pour nourrir sa famille nombreuse, tandis que la pauvre Bessy Higgins, jeune femme pleine d’esprit et amie de Margaret, succombe à la phtisie cotonneuse, contractée au sein même de la filature. La révolte gronde, et les ouvriers, menés par les syndicats, n’ont d’autre recours que la grève pour exprimer leur mécontentement. J’ai été séduite par la façon dont Gaskell aborde le conflit. Le syndicat est présenté dans toute sa complexité et ses contradictions, et la grève ne se réduit pas à une opposition manichéenne entre patrons et travailleurs, ces derniers pouvant parfois se montrer capables d’une extrême violence envers leurs semblables. L’ennemi n’est pas toujours où l’on croit…

 

Nord et Sud propose une réflexion d’une étonnante modernité, d’autant plus surprenante que le roman a été écrit par une femme. A l’image d’une George Eliot, Elizabeth Gaskell, par ailleurs biographe de Charlotte Brontë et grande admiratrice de personnalités telles que Florence Nightingale, a semble-t-il parfaitement saisi les enjeux de son époque. Son récit annonce les grands conflits socio-économiques du XXème siècle, et trouve une résonance toute particulière de nos jours, alors que s’ouvre une nouvelle ère de paupérisation et d’asservissement des masses. J’ai parfois songé à Germinal, bien que le roman de Gaskell ne se limite pas à la seule évocation de la grève et des conditions de travail des ouvriers.

 
Ce passionnant roman victorien brasse en effet une multitude de thèmes, tous exploités en profondeur. Religion, relations familiales, justice, commerce, convenances sociales : rien n’échappe à l’oeil aiguisé de la romancière, qui observe avec finesse les moeurs de ses contemporains. La place de la femme est également abordée en filigrane, à travers les différentes protagonistes du récit. La cousine Edith est une adorable oie blanche, futile et écervelée, tandis que la jeune Fanny Thornton se comporte comme une petite dinde égoïste et effrontée. Toutes deux obéissent aux critères de séduction de l’époque, alors que Margaret semble au contraire bien peu conventionnelle : fière et têtue, dépourvue de toute modestie, préférant l’action à la résignation, elle ne peut que choquer son entourage. Son courage et son obstination lui attirent cependant quelques sympathies. Elle est par ailleurs le personnage qui évolue le plus au cours du roman, et finira par devenir totalement autonome, à l’issue d’un éprouvant parcours initiatique.
 
Nord et Sud est donc un roman très dense, dans lequel l’intrigue sentimentale passe au second plan (ce qui n’est pas pour me déplaire). Il est vrai que les relations conflictuelles qu’entretiennent Margaret et Mr Thornton peuvent parfois rappeler l’idylle orageuse de Lizzie Bennet et Mr Darcy, mais la comparaison s’arrête là. L’arrière-plan socio-culturel est ici bien plus intéressant que dans Orgueil et Préjugés (qui n’est d’ailleurs pas un roman victorien, comme je l’entends encore trop souvent) ! Le style de l’auteur est étonnamment fluide et agréable, et les six-cents pages passent comme une lettre à la poste. On se délecte de cette plume vive et alerte, toute en douceur feutrée, qui captive et envoûte le lecteur, malgré la dureté des situations décrites.

 

Pudeur et sobriété, voici les principales caractéristiques du “style Gaskell”. Cette dernière pratique à merveille l’art de l’ellipse, et, si son roman regorge des rebondissements et péripéties propres à ce genre de littérature, elle parvient constamment à éviter l’écueil du mélodrame. On prend grand plaisir à suivre les épreuves traversées par les innombrables personnages du roman, et l’on quitte John et Margaret à regret à la fin de la toute dernière page. Je sais que certaines blogueuses ont trouvé le dénouement trop rapide, mais celui-ci me convient parfaitement ! C’est clair, net et sans bavure, et l’on ne se perd pas en palabres inutiles.

 

Je suis comme beaucoup tombée sous le charme de cette vaste fresque sociale et romanesque, qui me donne envie de découvrir l’intégralité de l’oeuvre de la romancière. Prochains romans sur la liste : Les confessions de Mr Harrison, gagné sur le blog de ma chère Titine, et Mary Barton, que j’ai téléchargé gratuitement sur ma liseuse, et qui me donnera l’opportunité de lire Gaskell en “VO dans le texte” (pour paraphraser ma copine SVCath).
 

Un roman victorien tout en finesse, bien écrit et d’une intelligence remarquable. Dommage que le personnage principal ne soit pas plus séduisant…

 

Allez vite lire les billets de mes camarades de LC (voir liens au début de l’article).
D’autres avis chez : SVCath, Titine, Shelbylee, Eliza, AliceMaggie etc…
 
Pour aller plus loin :
 

 
J’ai visionné après ma lecture la mini-série BBC en quatre épisodes, qui est plutôt fidèle au roman, et bien mise en image. John Thornton y est interprété par Richard “Chocolate Voice*” Armitage, ce qui ne gâte rien !
 
* Merci Alice pour l’expression !

 

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Un roman que j’inscris :
– au Challenge victorien d’Arieste
– au Challenge Thursday Next d’Alice

 

 

34 thoughts on “Nord et Sud – Elizabeth Gaskell

  1. Tout comme vous, Margaret n'a eu que très peu d'intérêt à mes yeux. Bessy aussi d'ailleurs, je j'ai trouvé trop geignarde (pas très charitable de ma part, je le reconnais!). Mrs Thornton est en revanche un super personnage, qui apporte un peu de relief dans tout ce vernis social un peu trop lisse à mon goût! C'est vrai que c'est un très chouette roman.

    1. Oui, c'est vrai, j'ai beaucoup aimé Mrs Thornton, et je me rends compte que je n'en ai pas assez parlé dans mon billet. C'est un personnage qui sort du lot.

  2. J'ai vraiment adoré ce roman que je trouvais être une fusion entre "Germinal" et "P&P" !
    Le contexte social est, comme tu l'expliques si bien, très intéressant et les personnages sont du relief.
    Comme toi, j'ai eu du mal à comprendre les réactions de Margaret qui m'irritait beaucoup par moments !
    La mini-série est superbe, d'une grande qualité et aux acteurs parfaits… 😉

  3. Je rejoins ton avis à la fois sur Margaret et sur l'arrière-plan social passionnant! Une LC qui pour ma part fut très sympa!

  4. mais mais mais qu'est-ce que cette phrase ? "une réflexion d'une étonnante modernité, d'autant plus surprenante que le roman a été écrit par une femme." ben alors Miss Léo c'est quoi cette misogynie ? 😉
    Bon sinon, comme je dois lire le roman (un jour !!), j'ai parcouru d'un œil ton billet j'y reviendrais car comme toujours tes billets sont très riches et intéressants !

    1. Ah, quand même ! Je savais bien que cette phrase en ferais bondir plus d'une. 🙂 Je reconnais que ce n'est pas forcément très adroit de ma part, mais je voulais bien sûr dire qu'il n'était pas évident pour une femme en 1850 d'écrire sur les problèmes socio-économiques de l'époque victorienne. Cela ne veut pas dire qu'elles n'en étaient pas capables, mais il me semble que la plupart d'entre elles écrivaient plutôt sur ce qu'elles connaissaient le mieux, à savoir des histoires d'institutrices sans le sou, ou des chroniques de la vie provinciale. Le réalisme social étant plutôt "réservé" à des auteurs masculins comme Dickens.
      Mais peut-être que je me trompe complètement, et que ma remarque est scandaleusement hors de propos. Bad Miss Léo !!
      Merci pour le compliment sur mes billets (c'est toujours agréable à entendre).

    2. Pour le réalisme social, si tu prends George Sand (au hasard bien sûr 😉 ) elle y était très sensible et plusieurs de ses romans ont révélé une préoccupation et une revendication sociales. Pour l'Angleterre, je ne sais pas, mais il ne me semble pas impossible que les romancières anglaises aient eu ces préoccupations-là. Il faudrait chercher.

  5. Je me souviens également avoir eu du mal avec Margaret (enfin, rien de comparable à Dorothy dans "Middlemarch" de George Eliot qui est juste insupportable au début du roman !). Je te conseille "Les Confessions de Mr Harrison" que je viens de lire et que j'ai énormément apprécié !

  6. Te voilà toi aussi conquise par ce merveilleux roman ! J'en suis ravie car "Nord et Sud" fait partie de mes lectures préférées. J'admire comme toi la profondeur et la richesse de l'intrigue, le contexte social particulièrement bien rendu et la finesse psychologique déployée par Elizabeth Gaskell dans la description de ses personnages. Et j'adore la fin du roman qui ne dégouline pas de mièvrerie. Un régal, un chef-d’œuvre !

  7. Ton billet me redonne un peu l'envie de ce roman, tiens !
    J'avais peur d'y trouver une histoire d'amour un peu mièvre en premier plan, mais si c'est avant tout la critique sociale qui prime, je préfère ! Surtout si le livre t'a fait penser à "Germinal" (Zola est parmi mes auteurs favoris^^).
    Je le remets dans un coin de ma tête du coup 🙂

    1. L'histoire d'amour est bien présente, mais le roman n'est jamais mièvre. La démarche n'est pas tout à fait identique à celle d'un Zola, mais les passages traitant de la grève et des conditions de vie des ouvriers sont effectivement assez réalistes, et m'ont beaucoup plu.

  8. elle avait tendance à m'agacer aussi… ce qui me saoulait un peu, c'est la quantité de larmes et de pleurnicheries… mais bon, l'époque veut ça !
    ça ne m'a pas empêché d'adorer cette lecture ! Prochaine étape Gaskell : "Cranford", pour une lecture commune programmée au 15 mars !

  9. Je ne me souviens pas que Margaret m'ait agacée (je dois être la seule vu les commentaires), même si évidemment, elle n'est pas le personnage que je préfère dans ce roman. L'aspect social m'avait également énormément marquée, et c'est ce que j'ai surtout retenu du livre (avec Thornton 😀 )Je ne m'y attendais pas du tout d'ailleurs en commençant la lecture en m'imaginant une grande histoire d'amour, et pas du tout une peinture sociale, comme quoi c'est un roman qui surprend toujours 🙂

  10. beau billet, très bien documenté. Pour ma part, je suis venue au roman après la série (que j'ai adorée) et j'ai vraiment beaucoup aimé le style, les personnages et ces descriptions d'une ville industrielle et des premières grèves. tu en parles bien. par contrre, je trouve qu'Elisabeth évolue bien et a du caractère, et je n'ai pas souvenir qu'elle m'ait agacée (Eiluned, tu te sens moins seule j'espère !). J'espère continuer sur Cranford ensuite. Superbe auteure, à suivre donc. je vinedrai voir tes futurs billets. Bonnes lectures !

    1. Merci ! Oui, c'est vrai que Margaret évolue plutôt positivement au cours du roman, et je me suis tout de même un peu attachée à elle sur la fin.

  11. J'ai relu mon billet et je me suis rendue compte que certes Margaret m'avait énervée, mais qu'elle m'avait émue à la fin par sa nostalgie face aux changements (état d'esprit que je comprends).
    Je crois que la grande force de P&P, c'est que Jane Austen a réussi à décrire une héroïne qu'on aime autant que le héros ce qui au final est assez rare. Car c'est clair : je me demandais bien moi aussi ce que Thornton était venu faire dans cette galère !

    1. Tout à fait d'accord ! Lizzie a bien quelques défauts, mais c'est une héroïne à laquelle on peut s'identifier (et elle ne passe pas son temps à pleurnicher).

  12. Moi, pas trop agacée même si c'est une pimbêche. J'attendais linstant où elle allait plier… Un très bon souvenir de lecture ! J'ai commandé Cranford.

  13. Tout pareil, j'ai la même lecture. J'ai du mal à comprendre l'attraction de Thorton pour Margaret, à part l'attrait de la nouveauté et l'envie de faire tourner sa mère en bourrique. Sinon, la description du paysage industriel est vraiment riche et intéressante.

    1. Je n'avais pas relu ton billet avant d'écrire le mien, et cela m'a amusée de constater à quel point nos avis étaient similaires.

  14. MDR, je dois dire que l'expression n'est pas de moi!
    Sinon, je ne me rappelle pas que Margaret m'ait agacée en fait mais j'ai peut-être oublié depuis. Tu me donnes envie de le relire du coup (ou alors de faire ma feignasse et de revoir l'adaptation :D)

  15. Moi aussi j'ai adoré le livre, mais contrairement à la majorité, Margaret ne m'a pas agacée. Pour moi, elle représente juste les mœurs du Sud, qui sont quasiment contraires à celles du Nord (par exemple lorsqu'elle ne serre pas la main à John Thorton car pour les coutumes du Sud cela était sûrement vu comme scandaleux à l'époque, et d'autres choses encore), de plus, je ne trouve pas qu'elle est pleurnicharde du tout (elle pleure à la mort de ses parents et de Bessy, son amie, ce qui est normal je pense) et pour moi elle fait preuve d'une grande force de caractère (elle aide les ouvriers et essaye de les défendre face à Mr Thorton, elle aide les Boucher, elle veut aussi aider Nicolas et ses filles, elle protège Mr Thorton quand elle se prend la pierre pendant la grève,…). Donc pour moi ce personnage est aussi attachant que les autres, et surtout, c'est un personnage qui évolue et qui réussi à s'intégrer et qui aime le nord alors qu'au départ elle le trouvait détestable et dur.
    Après, ça fait longtemps que j'ai lu le livre et j'ai sûrement oublié des trucs. ^_^

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