The Great Gatsby – F.Scott Fitzgerald

 
Lecture commune organisée par Adalana avec Shelbylee, Virgule, Lili et bien d’autres

 

Penguin Books, 1926, 188 pages

 

Les premières phrases :
In my younger and more vulnerable years my father gave me some advice that I’ve been turning over in my mind ever since.
“Whenever you feel like criticizing anyone”, he told me, “just remember that all the people in this world haven’t had the advantages that you’ve had.”
He didn’t say any more, but we’ve always been unusually communicative in a reserved way, and I understood that he meant a great deal more than that. In consequence, I’m inclined to reserve all judgements, a habit that has opened up many curious natures to me and also made me the victim of not a few veteran bores.

 

L’histoire :
New York, années 20. Nick Carraway travaille dans la finance. Il emménage à West Egg, Long Island, à quelques kilomètres de la somptueuse propriété où résident sa cousine Daisy Buchanan et son mari Tom, un jeune homme antipathique athlétique et fortuné. Nick ne tarde pas à faire la connaissance de son séduisant voisin millionnaire, Jay Gatsby, dont les soirées opulentes et le passé mystérieux attirent une faune chamarrée et hautement sophistiquée, pour ne pas dire superficielle. Mais qui est donc ce fameux Gatsby, que tous fréquentent sans le connaître ?

 

L’opinion de Miss Léo :

 

Ce grand classique de la littérature américaine bénéficie depuis quelques semaines d’un brusque regain de popularité, probablement suscité par la sortie imminente du film éponyme, avec Leonardo Di Caprio dans le rôle-titre. J’ai moi-même succombé à la “Gatsby-mania”, profitant de la LC organisée par Adalana pour découvrir enfin ce que beaucoup considèrent comme le chef d’oeuvre d’un auteur dont j’appréciais déjà les nouvelles, mais dont je n’avais curieusement jamais lu le moindre roman. De Fitzgerald, je ne connaissais jusqu’ici que deux recueils d’histoires courtes, Histoires de Pat Hobby et Un diamant gros comme le Ritz, qui avaient su me charmer par leur envoûtante extravagance et leur séduisante fluidité narrative.On ne présente plus ce cher Francis, figure de proue de la célèbre Lost Generation, à l’ouvrage pendant la période de l’entre-deux-guerres. The Great Gatsby est l’un des romans emblématiques de ces fameuses années-folles, les “roaring twenties”, comme disent les américains, une période de l’histoire qui m’intéresse évidemment beaucoup, qui me fascine aussi, mais sur laquelle je n’ai curieusement jamais fantasmé. Bien sûr, j’apprécie les robes et les danses de cette époque festive, dont le faste et les excès sont généralement associés à une certaine joie de vivre, mais je ressens depuis toujours une pointe de malaise devant l’insouciance de ces années de débauche et de prohibition, également marquées par le triomphe des gangsters, sans parler des très  nombreuses inégalités sociales que subissait déjà une part non négligeable de la population. L’Amérique des années 20, société violente et (déjà) obnubilée par le fric et les apparences, court à grandes enjambées vers un désastre imminent.
 
Cela se ressent dans la structure du roman. Les premiers chapitres ne sont que fêtes et beuveries insouciantes, et l’on assiste avec amusement au spectacle désolant de ces riches jeunes gens pleins d’assurance, qui tentent d’échapper à la vacuité d’une existence routinière et superficielle en s’incrustant se faisant inviter aux soirées bien arrosées du fascinant Gatsby. Ceux-ci ne tarderont cependant pas à déchanter, l’intrigue basculant progressivement dans les méandres d’un drame pathétique et sordide, articulé autour du mystère qui nimbe la figure étrangement charismatique du séduisant millionnaire. Ce dernier se révèle curieusement immature et insaisissable, et son immense fortune, jugée douteuse par bon nombre de ses fréquentations, ouvre la porte aux spéculations les plus folles (on lui prête d’ailleurs les passés et les aventures les plus extravagants). On découvre peu à peu que le jeune dandy taciturne poursuit depuis des années un rêve secret, celui de retrouver son amour de jeunesse, mariée depuis à un autre homme. Illusion  chimérique d’un bonheur perdu à jamais, qui le mènera bien sûr à la catastrophe . . . On est frappé par le contraste qui apparaît entre la richesse du bonhomme d’une part, et son extrême solitude d’autre part : Gatsby incarne l’envers du rêve américain, et son destin tristement tragique ne fait que refléter les maux d’un pays déjà bien malade.

 

 
Autour du “rôle-titre” gravite une galerie de personnages ambigus, dont Nick Carraway, le narrateur, est le seul qui suscite un tant soit peu la sympathie (il est également le moins riche, tout en étant cependant largement à l’abri du besoin). Les autres protagonistes ne sont pas franchement reluisants, et incarnent chacun à leur manière les travers de la société américaine : inconséquence de Daisy Buchanan, sentiment de supériorité et égoïsme de Tom, odieux avec sa femme comme avec sa maîtresse, orgueil manipulateur de Jordan Baker, championne de golf insouciante et désespérément superficielle. L’argent et la beauté permettent d’accéder à une gloire factice, dont Fitzgerald observe et dissèque les mécanismes avec ironie, à travers le regard distancié d’un narrateur à la fois spectateur et partie prenante des événements. Les apparences sont cependant fragiles, et la façade dorée se craquèle progressivement, sous l’effet de plusieurs facteurs déterminants (que je ne peux bien sûr pas révéler dans mon billet).
 
Que dire de plus, sinon que j’ai vraiment beaucoup beaucoup aimé ce roman, porté par la formidable plume d’un auteur délicieusement subtil ? Fitzgerald excelle dans l’art de la satire, et il se dégage de ses écrits une sorte de magie irréelle, dont le lecteur ne s’extrait qu’à regret. J’ai été séduite par les derniers développements d’une intrigue à la fois fascinante et originale, qui restitue à merveille l’ambiance si particulière de ces rugissantes et musicales années 20. Le “Old Sport” dont Gatsby gratifie tous les hommes de son entourage m’a fait sourire à plusieurs reprises, et je me suis délectée de la médiocrité de certains personnages. Quelle belle réussite ! Cela me donne terriblement envie de poursuivre ma découverte de l’oeuvre de cet auteur génial.
 
Epilogue

Vous avez sans doute remarqué la couverture de l’édition que j’ai récupérée chez mes parents, illustrée des (jolis) visages de Robert Redford et Mia Farrow, interprètes de l’adaptation de 1974. Je n’ai pas vu cette version, et je compte bien sûr réparer au plus vite cette anomalie. Je ne suis en revanche pas fan de Baz Luhrmann (non, pas taper !), aussi me méfié-je un peu de ce qu’il pourrait faire de ce genre de livre. . . Je serai bien vite fixée, puisque j’ai malgré tout l’intention d’aller voir cette nouvelle adaptation au cinéma !
 
Je vous laisse avec Di Caprio et Carey Mulligan (une actrice que j’adore, et que je vois bien dans le rôle de Daisy). See ya, Old Sports !
 

 
Du grand Fitzgerald ! Coup de coeur.
 
Découvrez les billets de mes partenaires de LC chez Adalana.
D’autres avis chez Bianca, Fanny.
 
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Un roman qui compte pour deux challenges : le challenge Thursday Next, organisé par Mlle Alice, et le challenge des 100 Livres qu’il faut avoir lus, organisé par notre chère Bianca.

 

29 thoughts on “The Great Gatsby – F.Scott Fitzgerald

  1. C'est une oeuvre magistrale, je l'ai lue des dizaines de fois et je suis charmée à chaque fois. Les derniers mots de livre me couvrent de frissons, et le destin de Gatsby est aussi vain que tragique, bref, j'adore!

  2. je l'ai lu il y environ une semaine ou deux, et je l'ai adoré. Comme toi je ne suis pas une fana des années 20. Moi mon dada, c'est le 19ème siècle. Mais pour le coup, il est difficile de ne pas rentrer totalement dans l'histoire de gatsby vu la plume de l'auteur ;), très critique au niveau de ces années lui aussi.
    Je prévois mon article pour demain, ce soir, je vais le voir le film !

  3. Ta chronique me permet de me remémorer l'histoire, qui visiblement ne m'avait pas marquée à la lecture de ce classique….. Il faut dire aussi qu'à la fac, on en a mangé du classique ! Baz Lurhmann est un des rares réalisateurs qui arrivent à me donner des nausées (je me souviens du début de Moulin Rouge, j'avais failli partir). Pourtant, j'aime beaucoup son esthétique.

    1. Des nausées ! C'est exactement ça ! Je me souviens d'avoir vécu la même chose pendant Romeo & Juliet (vu pendant la Fête du Cinéma avec ma mère : nous étions assises beaucoup trop près de l'écran, ce qui ne pardonne pas avec ce genre de film).

  4. Il faut que je le relise ! J'ai d'ailleurs – sous l'influence de titine – acheté plein de romans de cet auteur…

  5. J'ai beaucoup aimé aussi cette satire des nantis des années 20, et le personnage de Gatsby bien sûr. Je compte bien continuer à découvrir l'oeuvre de l'auteur !
    6è participation prise en compte 🙂

  6. J'ai adoré ce petit roman et je trouve très intéressante ton analyse de la société américaine.
    Comme toi, j'ai qualifié les personnages "d'ambigus" dans le sens où ils sont difficiles à saisir, peut-être à l'image de leur auteur.

    1. Je n'ai pas encore lu les billets des autres participantes à la LC. Je me rattraperai demain !
      Je suis bien contente que tout le monde apprécie ce roman.

  7. Si, taper ! J'adore Baz Luhrmann, mais je comprends qu'on n'aime pas 😉 Comme toi, coup de coeur pour ce roman, pour cette histoire, pour ce style et pour ces hommes (Gatsby et Fitzgerald)

    1. Très déçue par le film (dont je n'attendais toutefois pas grand chose), je préfère rester sur le souvenir du roman !

  8. C'est formidable de voir toute cette unanimité autour de ce roman que j'adore. J'aime bien ton expression de "magie irréelle". C'est un drôle de roman dont l'intrigue ramassée à la fin n'est finalement qu'un fait divers. Mais le roman est bien plus que ça, une ambiance, une époque, un personnage énigmatique… J'espère que le film est porteur de la même magie !

    1. Je suis très mitigée quant au film, qui me semble très inférieur au roman. Il faut dire que le style vulgaire et tape à l'oeil de Luhrmann tue d'emblée toute magie…

  9. Merci de ne pas aimer Luhrmann, je ne supporte pas ses films et je refuse d'aller voir son Gatsby (même si Di Caprio me semble parfait pour ce rôle). Je suis tombée amoureuse de Gatsby en voyant Redford dans le rôle et le roman avait été à la hauteur de ce coup de foudre cinématographique. Et Fitsgerald a une si belle et mélancolique écriture.

  10. C'est l'un des livres que j'ai le plus aimés depuis que j'ai commencé à découvrir la littérature américaine. J'ai très envie de le relire en ce moment, surtout que contrairement à toi, j'ai beaucoup beaucoup aimé le film.

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