Le casse du continuum (Cosmique fric-frac) – Léo Henry

Folio, Gallimard, 2014, 287 pages

 

La première phrase : 
Les étoiles brillaient avec force.

 

L’histoire :
Ils s’appellent Vostok, Kaboom, Brescia, Octave, le Rétrominot, Marymay et Tabitha : sept personnalités atypiques et talentueuses, spécialisées dans le cambriolage sophistiqué, l’assassinat musclé, le poker, la manipulation d’explosifs ou l’art vénéneux de la séduction, recrutées et réunies pour une mission secrète de la plus haute importance. Ils n’ont que quelques heures pour sauver le monde en pénétrant par effraction dans les rêves du Noun, Intelligence Artificielle jouant le rôle d’éminence grise et de régulateur de l’Empire, parasitée par un redoutable virus qui menace l’équilibre de la galaxie.

 

L’opinion de Miss Léo :

 

Je ne cours pas spécialement après les partenariats et autres services presse (même si j’apprécie d’en recevoir de temps en temps), mais je reconnais néanmoins que ceux-ci contribuent à renforcer l’éclectisme de ma bibliothèque, en me poussant à découvrir des romans très éloignés de mes lectures habituelles ! Ce fut le cas avec ce Casse du continuum, proposé le mois dernier par les éditions Folio. J’ai beaucoup hésité avant de le demander, n’étant pas toujours grande amatrice de SF, mais je me suis dit que je ne risquais de toute façon pas grand chose à tenter l’expérience, et que je serais bien sotte de refuser l’opportunité de lire ce texte dont le résumé m’intriguait.Je ressors mitigée de ce roman, et je suis d’autant moins inspirée pour écrire mon billet que je l’ai fini il y a déjà quelques semaines. Mes souvenirs se sont vite estompés, ce qui en dit long sur mon manque d’enthousiasme vis à vis de cet ouvrage, auquel je reconnais toutefois certaines qualités. Léo Henry, jeune écrivain français spécialisé dans l’écriture de nouvelles et romans de science-fiction, se distingue par sa capacité à brasser les codes et les figures imposées de différents genres littéraires ou cinématographiques, qu’il se réapproprie avec un plaisir évident. Il signe ainsi un divertissement très référencé, dont le scénario volontiers parodique emprunte à des sources diverses, lorgnant aussi bien du côté du space-opera que d’Ocean’s Eleven (le braquage, l’équipe de “spécialistes”) ou Inception. L’auteur fait preuve d’une imagination débordante, et crée un univers cohérent, constitué de multiples planètes dont la stabilité et la pérennité reposent sur l’intégrité d’une mystérieuse entité, le Noun, ordinateur organique et rêveur concentrant tous les pouvoirs de la galaxie. La nature réelle de ce dernier reste toutefois assez obscure (au lecteur de se faire sa propre opinion).
 
Je suis très partagée en ce qui concerne les personnages. Certains m’ont beaucoup plu, voire amusée. J’ai été conquise par le langage fleuri de Vostok, guerrière impitoyable et redoutable combattante, ainsi que par l’étrange comportement du Rétrominot, gamin attardé (ou surdoué ?) capable d’anticiper les événements et d’influer sur le cours des choses en écrivant dans le “carnet-mémoire” qu’il trimballe partout avec lui. Mention spéciale à la petite Kaboom, experte en explosifs en tout genre, et semble-t-il totalement dépourvue d’émotion ! Les autres protagonistes sont (hélas) nettement moins intéressants, et se résument à une accumulation de stéréotypes. Marymay et Tabitha m’ont laissée de marbre, de même que les braqueurs Octave et Brescia, bien trop lisses à mon goût.
 
Le style narratif est assez vivant, et permet à l’auteur d’affirmer sa personnalité. Si j’ai pris beaucoup de plaisir à lire les deux premières parties, respectivement consacrées au recrutement de l’équipe et à la mise en place du casse, je me suis toutefois copieusement ennuyée lors de la troisième partie, constituée d’une succession de scènes d’action peu emballantes se déroulant dans les rêves du Noun. Le scénario s’enlise, le rythme s’accélère… et Miss Léo décroche !! Je suis restée totalement imperméable à l’aspect métaphysique de l’intrigue, dont le dénouement m’a laissée relativement perplexe. Je ne suis pas sûre d’avoir tout saisi ! L’impression de déjà-vu se fait quant à elle de plus en plus persistante au fur et à mesure que l’on progresse dans l’histoire. J’ai bien conscience que cela est volontaire de la part de l’auteur, mais les emprunts à Inception (par exemple) m’ont quelque peu agacée… Je suis donc restée sur ma faim, alors que j’avais été plutôt séduite par le début de l’ouvrage. Dommage ! (il faut toutefois noter que ces critiques n’engagent que moi, et que les vrais amateurs de SF y trouveront sans doute leur compte)
 
Pour résumer : mon avis est mitigé, mais il ne s’agit pas non plus d’une lecture désagréable (loin s’en faut). Le casse du continuum tient la route, et l’auteur parvient à imposer sa patte à un récit plein de fougue et d’intelligence.
 
Un roman inégal au style dynamique, qui séduira probablement les amateurs de SF parodique.

 
Merci à Anna, des éditions Folio.
 

 

2 thoughts on “Le casse du continuum (Cosmique fric-frac) – Léo Henry

  1. C'est frustrant d'être déçue quand on tente une lecture un peu en dehors de nos habitudes. Pour ma part, la SF est typiquement un genre que je connais peu et pour lequel j'aurais pu me laisser tenter par un partenariat, comme toi. Ca ne sera pas pour cette fois du coup.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *