Les premières phrases :
Mae Mobley was born on a early Sunday morning in August, 1960. A church baby we like to call it. Taking care of white babies, that’s what I do, along with all the cooking and the cleaning.
L’histoire :
1962. Jackson, Mississipi.
De retour chez ses parents après trois années passées à l’université, Skeeter Phelan découvre que Constantine, la bonne noire qui l’a élevée, a mystérieusement disparu. Le silence embarrassé de sa mère la conduit à chercher des explications auprès d’Aibileen, domestique au service de son amie Elizabeth. Skeeter prend alors conscience du racisme latent et de la ségrégation qui rongent la société américaine. Interpellée, elle décide d’écrire un livre à base de témoignages recueillis auprès des bonnes de Jackson… au risque de se mettre à dos la haute et respectable société blanche, dont sa meilleure amie, la terrifiante Hilly Holbrook, est l’une des figures les plus influentes. Elle pourra compter dans cette entreprise sur le soutien d’Aibileen, bientôt rejointe par la truculente Minnie, qui ne cesse de se faire renvoyer par des employeurs n’appréciant pas son franc-parler.
L’opinion de Miss Léo :
Je ne savais pas trop à quoi m’attendre en démarrant la lecture de ce livre, qui me tentait pourtant, mais dont je me méfiais un peu. L’adaptation cinématographique (que je n’ai pas vue) me semblait en effet assez mièvre et dégoulinante de bons sentiments. C’est donc avec une certaine appréhension que je me plongeai dans le premier chapitre.
Appréhension heureusement vite dissipée. Ô joie : La Couleur des Sentiments est plutôt une bonne surprise ! Pas un chef d’oeuvre inoubliable ni même un coup de coeur, mais une lecture intéressante et agréable, émouvante parfois, quoique un peu caricaturale. L’auteur nous plonge au coeur de l’Amérique ségrégationniste des années 60, alors soumise aux premiers balbutiements du mouvement de défense des droits civiques des Noirs (le fameux discours de Martin Luther King a été prononcé en 1963). Le quotidien des bonnes noires nous y est minutieusement décrit, non sans humour, par la voix d’Aibileen et par celle de Minnie. Nous les suivons lors de leur journée de travail, mais aussi dans leur intimité, lorsqu’elles rentrent chez elles pour y retrouver leur famille et leurs propres enfants. C’est un peu Autant en emporte le vent du point de vue des domestiques ! On peut constater que, si l’esclavage a été aboli presque cent ans auparavant, les mentalités n’ont quant à elles pas vraiment évolué… Ainsi, les jeunes femmes blanches du roman n’hésitent pas à confier les soins et l’éducation de leurs enfants en bas âge à leurs domestiques, mais leur interdisent l’accès à leurs propres toilettes. C’est ainsi qu’Aibileen, mère de substitution de la petite Mae Mobley, se voit contrainte d’utiliser les toilettes installées spécialement pour elle au fond du garage par la charmante Elizabeth Leefolt, bien conseillée sur ce point par son amie Hilly.
La Couleur des Sentiments est un roman à trois voix : Aibileen, Minnie et Skeeter prennent la parole à tour de rôle, pour nous faire part de leurs réflexions et de leurs états d’âmes. J’ai trouvé cette construction assez originale, d’autant plus que le style d’écriture change complètement selon la narratrice. A chacune sa personnalité ! Aibileen et Minnie sont des personnages savoureux, au caractère très affirmé. J’ai en revanche été légèrement déçue par Skeeter, personnage un peu fade en comparaison, certes pas antipathique, mais finalement assez inconsistant. Sa romance avec Stuart Whitworth, fils de sénateur, ne présente que peu d’intérêt.
Les maîtresses de maison blanches en prennent pour leur grade. Une sorte de Desperate Housewives sur fond de racisme ! Hautaines et faussement sophistiquées, elles brillent surtout par leur incompétence et leur hypocrisie, faisant parfois preuve d’une bêtise incommensurable. Ecrasées par leurs préjugés, elles humilient volontiers leurs domestiques, et se montrent tout aussi méprisantes vis à vis des blanches qui ne se plieraient pas aux codes de cette haute société si respectable. Skeeter elle-même sera finalement mise au ban de ce petit cercle élitiste. Le trait est parfois un peu caricatural, mais les bonnes en sortent grandies. L’attachement de la petite Mae Mobley pour Aibileen est à ce titre très émouvant, et la fin du roman bouleversante.
Le roman est suivi d’une courte postface assez intéressante, écrite par Kathryn Stockett elle-même. L’auteur nous y explique sa démarche, précisant notamment en quoi elle a puisé dans ses propres souvenirs pour écrire ce livre de pure fiction.
A lire, si le thème du roman vous intéresse.
Pour aller plus loin :
J’aime les lectures thématiques. 🙂 Je me suis donc acheté Ne Tirez pas sur l’Oiseau Moqueur (To Kill a Mockingbird), de Harper Lee, que je compte lire dans la foulée.
Je vais également visionner l’adaptation. Je crains que le livre n’ait été transformé en mélo tire-larmes, mais les actrices sont sûrement très bonnes.
J'ai vu le film (et lu le livre !) et finalement l'adaptation n'est pas si mauvaise ! Elizabeth est odieuse au possible, et les actrices jouent très bien.
Tout ça m'a paru assez caricatural et convenu. "ne tirez pas sur l'oiseau moqueur" est beaucoup, beaucoup mieux.
Oui, il est clair que ce n'est pas non plus le roman du siècle, bien que la lecture n'en soit pas désagréable. J'ai moi aussi noté le côté caricatural, qui ne m'a au final pas tant gênée que ça (bien que le trait soit un peu forcé dans certaines scènes). A vrai dire, la Couleur des Sentiments m'a surtout donné envie d'approfondir le sujet, et je m'attends effectivement à passer au stade supérieur avec "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur" (ce que ton commentaire semble confirmer). 🙂
"The Help" et "To kill a mockingbird", les deux sont en attente dans ma PAL !
Je vois que tu es en train de Lire "Nord et Sud". Comme je viens de voir l'adaptation BBC qui était très bien, je vais laisser un peu de temps avant d'attaquer le roman. Je suis curieuse de lire ton avis.
Je me suis fait offrir le DVD de Nord et Sud à Noël ! Je ne l'ai pas encore regardé, car j'attendais d'avoir lu le livre.
Je viens de le terminer, je l'ai aussi beaucoup aimé. Mais je ne regarderai pas le film, on m'a déjà dit qu'il n'était pas à la hauteur du livre. Et tout comme toi, je vais ajouter le livre d'Haper Lee à ma liste de livres à lire.