The Snapper – Roddy Doyle

Lecture commune avec Titine

 

Penguin Books, 1990, 216 pages

 
Les premières phrases :

– You’re wha’ ? said Jimmy Rabbitte Sr.
He said it loudly.
– You heard me, said Sharon.
Jimmy Jr was upstairs in the boys’ room doing his D.J. practice. Darren was in the front room watching Police Academy II on the video. Les was out. Tracy and Linda, the twins, were in the front room annoying Darren. Veronica, Mrs Rabbitte, was sitting opposite Jimmy Sr at the kitchen table.
Sharon was pregnant and she’d just told her father that she thought she was. She’d told her mother earlier, before the dinner.
– Oh – my Jaysis, said Jimmy Sr.

 

L’histoire :
Sharon Rabbitte, vingt ans, est enceinte. L’annonce de sa grossesse est un choc pour sa famille et ses amies, à qui elle refuse cependant de dévoiler le nom du géniteur. Et si celui-ci était un homme marié, de l’âge du propre père de Sharon ? La rumeur enfle, semant le trouble et la discorde dans la petite ville ouvrière de Barrytown.

 

L’opinion de Miss Léo :

 

Affiche française

 
Ce court roman marque mes retrouvailles avec Roddy Doyle, après le superbe The woman who knocked into doors, dont vous aviez pu lire la critique ici-même à l’occasion du mois irlandais. J’étais très impatiente de lire The Snapper, dont j’avais adoré l’adaptation de Stephen Frears, sortie en 1993. Je n’ai jamais revu le film, mais j’en conserve néanmoins quelques impressions très positives, à défaut de me souvenir de tous les détails du scénario.

 

Deuxième volume de la trilogie de Barrytown, publié après The Commitments et avant The Van, The Snapper est un concentré de bonne humeur, qui nous conte les aventures d’une bien sympathique famille irlandaise. Le père, la mère et leurs six enfant (!) cohabitent joyeusement (et bruyamment) dans leur petite maison, au rythme des activités et des obsessions de chacun, et voient leur quotidien perturbé par la grossesse inattendue de Sharon. Jimmy Rabbite Sr aime et prend soin de sa famille, ce qui ne l’empêche pas d’apprécier les moments passés au pub en compagnie de ses amis : la conversation ne vole jamais très haut, et dégénère parfois en pugilat, mais comment ne pas sourire devant cette attachante bande de losers au grand coeur, dont la grande sensibilité contraste avec l’apparente vulgarité “brute de décoffrage” ?

 

L’auteur se révèle excellent observateur, et dresse la chronique tendre et pleine d’humour d’un milieu populaire certes peu éduqué, où les liens affectifs et familiaux occupent cependant une place primordiale. The Snapper est une fantaisie réaliste, mettant en scène des personnages maladroits mais sincères, prompts à se chamailler, mais sachant se montrer solidaires les uns des autres lorsque cela s’avère nécessaire.

 

On notera que le récit est en grande partie constitué de dialogues, le reste du texte s’apparentant davantage à des didascalies, nous renseignant sur les mouvements et les émotions des personnages (pas étonnant que le roman ait fait l’objet d’une adaptation cinématographique). Roddy Doyle utilise pour cela un parler populaire très réaliste. J’ai lu le roman en VO, et j’ai adoré le style, même s’il m’a fallu un certain temps pour comprendre la signification du mot “eejits” (transcription phonétique de “idiots” avec l’accent de Barrytown) ! Les dialogues sont savoureux, et mériteraient d’être lus à voix haute (ce que j’ai fait parfois, mais je me voyais mal lire la totalité du livre de cette façon, d’autant plus que j’en ai dévoré une bonne partie dans le métro).

 

Entraînez-vous avec le petit extrait ci-dessous :
 
“- He stuck his tongue in me ear once, Jackie told them when they’d settled down again. An’, I’m not jokin’ yis, I think he was tryin’ to get it out the other one. I don’t know what he fuckin’ thought I had in there.

She laughed with them.
– He licked half me brains ou’. Like a big dog, yeh know.
They roared.” (page 52)
 
Roddy Doyle montre une nouvelle fois à quel point il est à l’aise avec les personnages féminins. Sharon est une héroïne au caractère affirmé, qui vit encore chez ses parents, mais travaille au supermarché pour contribuer financièrement au bien-être de sa famille. Elle envisage avec candeur la naissance de son enfant, ce qui ne l’empêche pas de se poser quelques questions bien légitimes concernant sa grossesse et sa maternité à venir (ses réactions paraissent d’ailleurs tout à fait crédibles, pour autant que je puisse en juger). Amenée à prendre seule des décisions importantes pour son avenir et celui du bébé, elle continue cependant à sortir avec ses amies, partageant avec elles fous rires, potins et discussions sans queue ni tête, comme toute jeune fille de vingt ans normalement constituée. Ce mélange de fraîcheur et de maturité me semble plutôt sympathique, et Sharon est, comme son père, un personnage très attachant.

 

 

“Veronica climbed out of the armchair and stood up.

 
– We don’t want you bursting your waters all over the furniture, isn’t that right, Jimmy dear ? They’re new covers.
She went out, into the kitchen.” (page 200)
 

Je me suis régalée à la lecture de ce très joli roman, et je songe déjà à me procurer les deux autres tomes de la trilogie. Je dois également lire Paula Spencer, suite de The woman who knocked into doors, qui occupe d’ores et déjà une place de choix au sommet de ma PAL.

 

N’hésitez pas à lire le billet de ma chère Titine, qui a partagé avec moi cette sympathique lecture commune.

 

Un récit drôle et touchant, qui vous fera passer un très agréable moment. VO recommandée pour les plus à l’aise d’entre vous !

 

——————————————–
 

 
Nouvelle participation au challenge Voisins, voisines d’Anne.
 

7 thoughts on “The Snapper – Roddy Doyle

  1. Je suis ravie de voir que tu as pris autant de plaisir que moi au sein de la famille Rabbitte. Quand tu veux pour lire 'the van' !

  2. J'ai juste vu (et aimé en son temps) le film The Commitments, pas les autres et jamais lu les bouquins… En tout cas, celui-ci est noté !

    1. L'adaptation de The Snapper était vraiment excellente (meilleure que celle de The Van, à mon humble avis), et le livre l'est tout autant. Tu passeras un très agréable moment.

  3. Je l'avais noté ce matin chez Titine, eh bien il va être difficile d'y résister après avoir lu ton billet :o)

    1. Il FAUT lire Roddy Doyle ! Des personnages bien sympathiques et un arrière-plan social à la Ken Loach en toile de fond. Que demander de plus ?

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *