Les mensonges – Karen Perry

Titre original : The Innocent Sleep
Traduction (anglais) : Valérie Le Plouhinec
Le Cherche-Midi, 2014, 365 pages

 

La première phrase : 
Un orage se prépare.

 

L’histoire :
Robin et Harry sont peintres, et vivent à Tanger avec Dillon, leur petit garçon de trois ans. Ils coulent des jours heureux sous le soleil marocain, jusqu’à ce qu’un tremblement de terre dévaste leur immeuble ; Dillon disparaît, mais son corps ne sera jamais retrouvé sous les décombres. Profondément marquée par cette tragédie, Robin finit toutefois par accepter la mort de son enfant, tandis que Harry continuera longtemps à nier l’évidence. Désormais installé à Dublin, le couple semble néanmoins retrouver un semblant de stabilité, après cinq années de doute et d’épisodes dépressifs. Robin tombe à nouveau enceinte, et se réjouit de pouvoir enfin tourner la page. Ce fragile équilibre ne tarde malheureusement pas à voler en éclats : Harry aperçoit par hasard son fils disparu sur O’Connell Street, en compagnie d’une femme inconnue. Rebondissement inattendu, ou simple hallucination ? Obsédé par cette vision, il se lance alors dans une quête désespérée, qui ébranlera sérieusement sa relation avec son épouse.

 

L’opinion de Miss Léo :

 

Le résumé était plutôt accrocheur (du moins suffisamment pour retenir mon attention lors de la précédente édition de Masse Critique sur Babelio), mais ce roman irlandais ne tient malheureusement pas toutes ses promesses. L’intrigue se révèle très prévisible, et repose sur une invraisemblable succession de coïncidences, qui relèvent davantage de l’artifice narratif que de la construction d’un suspense psychologique crédible et habilement mené.La quatrième de couverture annonçait une “tension constante” et une “conclusion sidérante”. Peut-être… mais je n’ai rien ressenti de tout ça ! Le roman sonne creux, et si les auteurs (Paul Perry et Karen Gillece) parviennent effectivement à susciter quelques interrogations de nature à exciter la curiosité du lecteur, ils échouent en revanche à maintenir son intérêt pendant toute la durée de l’ouvrage. L’intrigue peine à décoller, et retombe comme un soufflé au bout de deux-cent-cinquante pages. On est (très) loin du formidable suspense annoncé, et le dénouement m’a paru grotesque (tout ça pour ça, serais-je tentée d’ajouter).
 
La présentation de l’éditeur évoque également “la complexité, les non-dits, les doutes et les impasses de la vie conjugale”. Cet aspect là est heureusement bien plus convaincant, et apporte davantage de consistance au roman. Les mensonges nous conte l’histoire d’un couple traumatisé par la perte d’un enfant. Robin et Harry souffrent, mais s’efforcent malgré tout de retrouver une vie normale, espérant ainsi rétablir la complicité qui les unissait autrefois. La jeune femme doit cependant compter avec la faiblesse psychologique de son mari, qui se montre distant, et dont elle doute qu’il soit capable de tourner la page. Les auteurs font preuve de subtilité lorsqu’il s’agit d’évoquer le deuil ou le désir d’enfant. Le futur bébé (encore à l’état d’embryon) pourra-t-il remplacer Dillon ? La mort (présumée) de ce dernier n’a-t-elle pas rompu à jamais les liens qui unissaient ses parents ? Le mariage peut-il survivre à un tel événement ? A ces interrogations légitimes se superpose la soi-disant réapparition du garçonnet, qui ravive d’anciennes blessures mal cicatrisées, et sème le trouble au sein du couple. Mensonges et tromperies seront progressivement dévoilés, ce qui contribuera à altérer la confiance mutuelle entre les deux époux.
 
Tout cela est intéressant et plutôt finement observé. Malheureusement, les personnages sont fades et/ou peu crédibles, et je ne me suis attachée à aucun d’entre eux (les personnages secondaires ne sont pas bien folichons non plus). La structure narrative, alternant le point de vue de Robin et celui de Harry, est pertinente dans la mesure où elle apporte des éclairages différents sur des événements identiques, mais le procédé n’est pas toujours bien exploité, et débouche sur une résolution décevante (ce qui nous ramène encore une fois à la relative faiblesse de l’intrigue). Cela m’a rappelé par certains côtés la construction des Apparences de Gillian Flynn, oeuvre ô combien plus percutante et réussie que ce roman sans relief.

 

Pour résumer : Les mensonges n’est pas un roman désagréable (le style est fluide, sans être inoubliable), mais je n’ai pas cru à l’intrigue, et les révélations finales m’ont semblé totalement tirées par les cheveux. Je suis assez déçue, les éditions du Cherche-Midi m’ayant habituée à mieux par le passé (voir les oeuvres de Richard Powers ou Erik Larson) !

 

Un roman fade et souvent peu crédible, qui ne tient pas ses promesses. Dommage !

 

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Livres contre critiques
 
Merci à Babelio et aux éditions du Cherche Midi pour ce roman, reçu à l’occasion de la dernière opération Masse critique.

 

4 thoughts on “Les mensonges – Karen Perry

  1. Vraiment pas pour moi… Le sujet me fait fuir et ton billet aussi :))) bisous

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