Acting up – Melissa Nathan

Initialement paru sous le titre “Pride, Prejudice and Jasmin Field”
Arrow Books, 2000, 344 pages

 
Les premières phrases :

The television was on.

‘Ooh, look – it’s whatsisname’
‘Who ?’
‘You know…’
‘Which one ?’
‘The one with the hair’
‘Oh yeah – God, haven’t seen him for years. What was he in ? Years ago now ?’
‘He was in that detective programme – what was it called ?’
‘Oh I know, with that woman’
‘What woman ?’
‘You know the one with the um – oh – married to that actor’
‘What actor ?’
‘Big guy, funny eyes – oh god what was he in ? That’s going to really annoy me now’
‘I never knew they were married’
‘Yeah (belch), pardon’
‘I wish I could remember the name of that programme’
‘What programme ?’
‘The one that bloke was in’
‘What bloke ?’
‘You know, whatsisname’
‘Who ?’
‘DO YOU TWO MIND IF WE ACTUALLY HEAR THE PROGRAMME AS WELL AS WATCH IT ?’
‘Sorry’
‘Sorry’
 
L’histoire :

La pseudo-journaliste Jasmin Field, chroniqueuse pour le magazine Hoorah !, se voit attribuer le rôle tant convoité d’Elizabeth Bennet dans une nouvelle adaptation théâtrale d’Orgueil et Préjugés, dont les bénéfices seront entièrement reversés à une association caritative. Le metteur en scène n’est autre que le célèbre Harry Noble, bourreau des coeurs d’Hollywood et grand nom du théâtre britannique. Celui-ci se révèle insupportablement odieux et suffisant. De quoi alimenter la chronique de Jasmin, qui n’en attendait pas moins de la part d’une superstar, à l’ego inévitablement surdimensionné. Leur inimitié grandit au fur et à mesure des répétitions, tandis que George, la (très jolie) soeur de Jasmin, choisie pour le rôle de Jane Bennet, s’amourache de Jack, l’interprète de… Bingley (ça ne s’invente pas) ! Lequel est, je vous le donne en mille, le meilleur ami de… Harry !

 
L’opinion de Miss Léo :

 

Vous l’aurez compris en lisant le résumé : Acting up est une réécriture moderne de Pride and Prejudice (mon tout premier billet), que certains blogs présentaient comme étant l’une des meilleures adaptations para-austeniennes publiées au cours des douze dernières années. S’il n’en fallait pas davantage pour stimuler ma curiosité, c’est néanmoins avec un soupçon de méfiance et une légère pointe d’inquiétude que j’abordai la lecture du roman de Melissa Nathan, dont la couverture “girly” n’était pas des plus engageantes…

 

Verdict : pas désagréable, mais pas franchement enthousiasmant non plus. Le procédé consistant à calquer l’intrigue sur celle de l’original trouve vite ses limites, et donne lieu à de nombreuses maladresses. Les personnages de P&P sont selon moi difficilement transposables à notre époque. Leur comportement et les relations qu’ils entretiennent sont inscrites dans un contexte socio-historique très marqué, qui semble quelque peu désuet à l’aube du XXIème siècle. Je regrette donc le manque de crédibilité des dialogues, qui sonnent souvent faux, et donnent un côté très artificiel à l’ensemble du roman. Certains personnages peinent à exister, car trop caricaturaux. Je pense notamment à Gilbert Valentine (Mr Collins), ou encore à Sara Hayes (Caroline Bingley), auxquels on ne croit pas un seul instant. Que dire de Jack (Bingley), pantin exempt de toute personnalité ?

 

Acting up n’est cependant pas dénué de qualités. Melissa Nathan semble avoir parfaitement saisi l’essence et l’ironie de P&P, et adapte sans la trahir l’oeuvre de Jane Austen. L’écriture est fluide et plutôt agréable, drôle parfois, et l’on ne peut que regretter la mort prématurée (en 2006, NDLA) de cette jeune auteur au talent prometteur. Evidemment, cela reste de la chick-lit, plutôt pas mauvaise au demeurant, mais j’ai généralement du mal à m’intéresser aux intrigues et aux personnages inhérents à ce genre littéraire très ciblé. J’ai en revanche apprécié toutes les scènes consacrées aux répétitions et à la représentation théâtrale, bien plus intéressantes que le reste de l’histoire, trop prévisible pour susciter un quelconque engouement de ma part (et ce malgré le plaisir ressenti à l’idée de retrouver la trame narrative d’Orgueil et préjugés). Melissa Nathan décrit parfaitement ce que peuvent ressentir des comédiens amateurs au moment de monter sur scène. J’ai moi-même vécu cette expérience à plusieurs reprises, et le roman a provoqué en moi une remontée de souvenirs, qui m’ont donné envie de récidiver !

 

La structure d’Acting up repose sur une sympathique mise en abyme : les personnages vivent “in real life” ce que leurs personnages vivent dans la pièce, et les couples se font et se défont conformément au schéma établi par l’intrigue qu’ils interprètent sur scène. Harry va même jusqu’à envoyer à Jasmin un long mail indigeste, corollaire de la fameuse lettre de Fitzwilliam Darcy ! Hélas, j’ai fini par me lasser de ce procédé trop systématique, qui introduit une certaine lourdeur dans un récit déjà plombé par de trop nombreuses références au roman de Jane Austen. On s’étonne d’ailleurs que les personnages ne réalisent pas d’eux-mêmes ces nombreuses similitudes (Harry est le seul qui en prenne un tant soit peu conscience).

 

Autre bémol : je n’ai pas du tout été séduite par le personnage principal. Jasmin est une jeune femme bornée, persifleuse et imbue d’elle même : je l’ai trouvée très agaçante ! Comme la Lizzie originale, me direz-vous, laquelle n’était elle-même pas dépourvu d’ambiguité. Certes, mais il ne faut pas oublier qu’Elizabeth Bennet subissait la pression due à sa condition sociale, et ne possédait d’autre alternative que le mariage pour assurer sa subsistance. Le charme du personnage créé par Jane Austen provenait essentiellement de la modernité de son comportement et de ses opinions, associés à une personnalité vive et pétillante. Rien à voir avec Jasmin Field, laquelle exerce une profession bien peu attirante (chroniqueuse dans un journal  people), et affiche un féminisme à deux balles, qui m’a considérablement énervée tout au long du roman. Elle devient un peu plus sympathique sur la fin, mais j’ai retrouvé en elle tout ce qui me faisait déjà fuir chez les héroïnes de chick-lit !

 

Reste tout de même quelques bonnes idées. J’ai beaucoup aimé le personnage de Josie Field, la plus jeune soeur de la fratrie, bien plus raisonnable que la Lydia de P&P. Je craignais beaucoup le traitement réservé au personnage de Wickham (devenu William Withby pour l’occasion), et j’ai finalement été agréablement surprise par ce qu’en a fait l’auteur (je n’en dis pas plus, pour ne pas révéler d’éléments clés de l’intrigue). Harry Noble est quant lui un séduisant Darcy, plutôt crédible dans ses réactions. Si l’on ajoute à cela quelques passages pleins d’humour, on comprendra que je me sois malgré tout prise au jeu de cette adaptation, malgré les réticences évoquées précédemment.

 
N’hésitez pas à lire le billet d’Alice, ainsi que ceux de Claire et de Matilda.

 

Je pense lire Persuading Annie, du même auteur (mais il me faudra d’abord relire Persuasion, dont le roman de Melissa Nathan est une réécriture).

 

 

De la chick-lit de qualité, banale mais plutôt bien fichue, qui respecte l’oeuvre de Jane Austen dont elle est inspirée. Je me suis cependant un peu ennuyée…

 

———————————-

 

 
Nouvelle participation aux deux challenges organisés par Alice : le challenge austenien et le challenge P&P.
 

 

6 thoughts on “Acting up – Melissa Nathan

  1. Je dois le lire, et ce que tu en dis ne me donne pas trop envie. Mais j'avais bien aimé Persuading Annie par contre, donc qui sait, peut être que je serais plus indulgente !

    1. Oui, oui, c'est tout à fait possible (la chick-lit est décidément un genre auquel j'ai du mal à adhérer) ! Je crois que je suis la seule à ne pas avoir adoré…

  2. J'avais beaucoup aimé mais j'aime la Chick-lit. Et je l'avais préféré à Persuading Annie mais je ne suis pas une grande fan de Persuasion en fait. Je me fais surtout du "souci" 😉 pour toi niveau paralittérature austenienne parce que si on te retire la chick-lit, ca t'enlève bon nombre de titres de la liste !

    1. C'est gentil de te soucier de mon bien-être intellectuel !! 😉 Le point que tu évoques est précisément la raison pour laquelle je me suis toujours méfiée de la littérature para-austenienne. Mais bon, pour Jane, je suis prête à faire un effort. Et puis j'ai bien aimé "Murder at Longbourn" (tiens, ça me fait pensé que j'ai quelques billets en retard).

  3. Je crois que j'ai compris les premières phrases: je sais lire en anglais, YESSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSS !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! non, désillution totale, c'est juste le livre qui ne semble pas terrible . Bises

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *